The bewitched crown

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

Pour la première fois depuis longtemps, toutes mes soeurs accompagnées de leurs époux respectifs dormiront au manoir familiale. 

Le manoir Grégor est l'un des plus anciens de la région. Alors que bien des familles se spécialisaient dans l'agriculture puisque Eldred était dôté d'une forte magie terrestre, mes ancêtres se sont spécialisés dans l'art de la guerre et de la stratégie afin de défendre au mieux notre royaume. Mes ancêtres se sont rapidement fait un nom auprès de la couronne et ont servi les plus grands rois de notre histoire. Plusieurs d'entre eux sont devenus Général soit le chef de l'armée, le plus haut titre militaire. L'une de mes arrières grands-mères a même été choisie pour devenir reine, ce qui est l'une des plus grandes fiertés de ma famille car la dynastie Erdboden la seule qui peut prétendre au titre de souverain préfèrent choisir en général des princesses de royaumes voisins. C'est pourquoi mon père en tant que seul héritier masculin de la famille souhaite perdurer cet héritage familiale à tout prix.

Je soupirais tout bas alors que le paysage familier du domaine apparut à travers la fenêtre. Je n'attendis pas qu'on m'ouvre la porte et sortis pour rejoindre mes appartements. Je traversais le hall où les membres du personnel me félicitèrent. Je les remerciai avant de monter les marches quatre à quatre. Je rejoignis ma chambre et refermai rapidement ma porte avant de m'y adosser. Je longeais le battant avant de m'accroupir.

Même le personnel de maison semblait plus heureux que mon père. Je ne leur avais jamais parlé plus que nécessaire mais je savais qu'ils m'ont toujours soutenu en silence dès mon plus jeune âge. Les servantes me ramenaient des petits gâteaux de la cuisine tandis que père m'avait ordonné de m'entraîner et tant que l'heure du dîner n'était pas arrivée je ne devais pas m'arrêter. 

Après des disputes avec mon père, j'aimais me balader à cheval près du lac qui se trouvait pas loin du domaine. Les palefreniers m'avaient toujours permis d'en prendre un alors que je ne devais pas. Les jardiniers me laissaient me cacher dans des buissons quand père me cherchait alors que je devais m'entraîner. Ils m'avaient toujours couvert sans que je leur demande quoique ce soit à cause de père mais ce dernier n'était et ne sera jamais satisfait du travail que je fournis.

Je décidai de me relever pour appeler une bonne, pressée d'enfin enlever mon armure. Mellie, ma femme de chambre attitrée débarqua dans ma chambre quelques minutes après. Elle m'aida à retirer ma lourde armure.

« Sa seigneurie doit être épuisée, s'écria-t-elle

– C'était une longue journée en effet, je répondis. J'ai hâte d'aller me coucher.

Il ne me restait qu'une tunique ample et mes bas.

– Vous avez encore besoin de m'aide ? m'interrogea-t-elle de sa douce voix.

Je la congédiai d'un signe de main. Elle s'inclina devant moi et s'apprêta à sortir avant de revenir d'un pas hésitant.

– Sachez que l'ensemble du personnel est fier de vous et que vous avez tous notre soutien mademoiselle.  »

Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle s'inclina rapidement et s'enfuit presque de ma chambre. Je souris en posant une main contre mon coeur. 

Je me retournai vers mon miroir. Mes cheveux étaient tous emmêlés et des cernes s'étaient creusées sous mes yeux. J'enlevai ma tunique. Des bandages recouvraient mon haut du corps. Je les détachai délicatement libérant ma poitrine compressée. Un soupir de satisfaction s'échappa de mes lèvres. Ce n'était pas aussi serré qu'un corset mais il n'était jamais agréable d'être comprimée. J'attrapai ma robe de chambre pliée soigneusement sur une chaise pour l'enfiler. 

Je me regardai une dernière fois dans la glace. Mon teint habituellement doré était blafard avec l'hiver en approche. C'est vrai que je n'étais pas un modèle de silhouette féminine avec ma grande taille, mes épaules larges et mes jambes musclés mais pas au point de ressembler à un fantôme. Je flottais dans ma propre robe.