𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒

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J'avançais prudemment.

Le brouillard - ou bien était-ce de la fumée ? - m'obscurcissait la vue. C'était terrifiant, je continuais de marcher droit devant moi dans un silence complet sans savoir où j'allais et avec la peur que si je m'arrêtais, quelque chose ou bien quelqu'un s'abatterait sur moi.

J'avais envie de regarder par dessus mon épaule mais l'angoisse me tiraillait, je ne devais pas me stopper.

J'appelais Ulysse, Kristoff et encore d'autres personnes mais aucun ne répondit. J'étais seule, étrangement seule au milieu de nulle part. J'essayais de me réchauffer tant bien que mal alors que le froid s'immisçait de plus en plus entre les plis de ma cape. Tout à coup, le brouillard se dissipa et une petite tâche rouge apparut sur le sol immaculé avant d'être rejointe par d'autres gouttes. Je levais la tête vers le ciel cherchant à savoir d'où elles provenaient quand je me rendis compte avec effroi que j'avais du sang sur mes mains. Je tentais de les essuyer mais plus je bougeais plus le sang affluait sur mes mains tremblantes.

Je reculais en marche presque sur le bout de ma cape lorsque soudainement, le paysan qui nous avait insulté apparut devant moi.

« C'est de votre faute si tous ces gens sont morts. C'est de ta faute Narissa si ils sont morts. »

Je secouais la tête en niant mais il continuait à avancer vers moi, inéluctablement. Ses yeux pourtant vides de vie me fixaient avec haine et ressentiment. Je cherchais à la hâte mon épée mais je ne l'avais pas sur moi. J'étais seule, terriblement seule et impuissante face à lui. Il tendit son bras vers moi prêt à me saisir lorsqu'il mourut devant mes yeux transpercé par une flèche en plein cœur. Je criais tellement fort que je me réveillai en sursaut le coeur battant à une vitesse folle.

Je me redressai dans mon lit trempée de sueur. Je respirai lentement essayant de retrouver une respiration normale.

« Ce n'était qu'un cauchemar. » murmurai-je pour me rassurer.

Les cauchemars se succédaient ces derniers temps depuis que nous étions revenus. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête ce que j'avais vu ou entendu là-bas. Ils me hantaient chaque nuit me rappelant m̷e̷s̷  nos erreurs tel un poignard qui s'enfonçait un peu plus chaque jour amplifiant la douleur, la culpabilité, les regrets. 

Je me rendormis finalement au bout de quelques minutes terminant ma nuit en un sommeil sans rêve.

Voilà plus d'une semaine que nous étions rentrés. J'avais repris mon poste de guet et étais retombée bien vite dans ma routine habituelle. Toutefois, mes repas étaient moins solitaires. Kristoff était devenu un réel ami bien qu'il m'exaspérait toujours par ses remarques ou les surnoms qu'il avait envie de me donner. Il nous rapportait chaque information qu'il réussissait à obtenir par ses moyens peu conventionnels c'est-à-dire de l'espionnage ou des pots de vin. La frontière sud avait été renforcée par plusieurs unités et des armes avaient été apportées. Aucune nouvelle sur le potentiel traître mais d'après Kristoff, un conseil royal avait été organisé.

Un matin, alors que je sortais d'un nouveau cauchemar, je décidai de me lever et d'aller m'entraîner ne supportant plus de me tourner et retourner dans mon lit en quête de sommeil. Je m'habillai et sortis de ma chambre. Il faisait encore nuit dehors et un vent glacial soufflait. Je regrettais de ne pas avoir pris ma cape. Je me dirigeais d'un pas pressant vers la salle d'entraînement, je fus surprise de constater que quelqu'un s'y trouvait déjà.

L'homme s'entraînait à l'épée contre un mannequin d'entraînement. Il se battait avec rage mais restait précis. J'essayais d'être discrète mais il finit par se retourner et nos regards se croisèrent. Nous soufflâmes tous les deux reconnaissant l'autre. C'était Alberto, le soldat que j'avais frappé après qu'il ait insulté un villageois.

The bewitched crownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant