𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

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Toc. Toc. Toc.

Je me levai d'un bond, réveillée par de grands coups à la porte. Mon esprit prit quelques secondes à comprendre ce qu'il se passait avant que je ne me précipite vers celle-ci tout en faisant attention à ne pas lever accidentellement Ramiro qui avait dormi dans mes bras.

J'entrouvris le battant et jetai à coup d'oeil à la personne qui me dérangeait de si bon matin.

« Une lettre pour vous Grégor. »

Un messager me tendit une enveloppe que je saisis rapidement. Je le remerciai et je refermai la porte. Par chance, tout ce vacarme n'avait pas réveillé Ramiro qui dormait à point fermé emmitouflé dans les couvertures. Un sourire étira mes lèvres avant que mon attention se reporte sur le papier jauni que je tenais. Je reconnus l'écriture de ma mère. Je l'ouvris :

Narissa,

Dieu du ciel ! Es-tu devenue folle ? Ton père est furieux et je crois bien que si tu n'occupais pas un bon poste, il t'aurait déshérité sur le champ.

Je viendrais dès l'ouverture des portes. Fais attention Narissa.

Elvina Grégor.

Je soufflais de soulagement. Mère allait bientôt arriver. Je savais qu'elle serait en colère contre moi ainsi que père mais je savais qu'ils ne l'auraient pas laissé tomber. Père avait de nombreux défauts mais il restait un homme d'honneur. Il se souciait de tout le monde (hormis des désirs de sa propre fille) que ce soit le personnel ou des villageois qui habitaient nos terres. Il veillait toujours à ce qu'ils aient ce dont ils ont besoin depuis aussi longtemps dont je me souvienne.

Quant à mère, ou plutôt maman, elle n'était pas du genre à rester les bras croisés ni à garder sa langue dans sa poche lorsqu'une situation la dérangeait, Aramina avait grandement hérité d'elle. Il n'y a que concernant père qu'elle se taisait. Je ne savais pas si c'était par crainte ou s'il y avait autre chose qui la maintenait silencieuse mais c'était une question que je m'étais toujours posée. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne se révoltait pas pour moi alors que je l'avais vu prendre la défense d'un grand nombre de personnes dont mes soeurs.

Étais-je si différente d'elles ?

Un poids familier s'abattit au creux de ma poitrine à cette pensée. Je serrai des poings. Non. Je ne devais plus y penser. Cette époque était finie. Je n'étais pas comme elles, c'est vrai. Mais cela ne signifiait pas que je leur étais inférieure. Différentes, mais égales.

Le poids disparut.

Après un soupir de soulagement, je partis réveiller Ramiro. Cela me brisait le coeur mais j'allais devoir le cacher dans un sac de toile de jute. Je vide une grande partie de son contenue pour y cacher le petit garçon.

« Je suis profondément désolée, dis-je à Ramiro. C'est pour quelques minutes. Tu vas vite sortir promis. »

Le garçonnet hocha de la tête sans émettre de protestation. Je refermais légèrement le sac pour qu'il puisse respirer. Heureusement ou pas, Ramiro n'était pas lourd pour ses six ans. Je sortis de ma chambre et me rendis dans la cour d'un pas rapide. Le soleil n'était pas encore levé mais le château commençait déjà à s'agiter préparant le réveil de la famille royale. J'attendis quelques minutes en demandant régulièrement à mon petit protégé s'il allait bien avant que la calèche aux armoiries de ma famille entre. Elle s'arrêta devant moi (nous). Ma mère ouvrit sa portière.

« Mets-le vite à l'intérieur, m'ordonna-t-elle dans un murmure.

Je posais le sac à l'intérieur et Ramiro put en sortir. Maman referma la portière.

The bewitched crownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant