Vendetta : L'Accord des Ennemis

19. Conditions

Moscou

ASHA

L'horloge affiche déjà minuit passé, et mon plateau de fruits n'est toujours pas là. Je descends les escaliers et tombe nez à nez avec Charteris.

Encore. Il est partout.

— Tu comptes aller où comme ça ? me demande-t-il d'un ton sec.

— Je t'en pose des questions, moi ? Tu crois vraiment que tu me fais peur en me regardant comme ça ?

— Remonte.

— Mon plateau de fruits. Je le veux.

— Boris est occupé. Ton envie de fruits attendra.

— Je ne pense pas. Si je suis descendue à minuit pour une pomme, c'est que c'est important. Si Boris n'est pas là, je vais m'en occuper moi-même.

— Monte, j'ai dit. Tout de suite.

— Tu parles beaucoup. Pourquoi tu ne me coupes pas les fruits, toi ? Franchement, t'es qu'un comédien. Même Izek me laisserait faire ça. Après tout, je suis un peu la future femme de ton boss, alors montre un peu de respect, tu veux ?

— Je ne reçois d'ordres que d'une seule personne, et ce n'est pas toi. On m'a demandé de m'occuper de toi, alors je le fais comme je l'entends. Ne teste pas ma patience. Monte, sinon je te force à le faire, même si ça me vaut quelques coups.

Il est beaucoup trop sérieux. Un vrai robot. Ce n'est pas normal.

— Tant pis alors, dis-je en me dirigeant vers la cuisine.

— Tu te prends pour qui ? me demande-t-il en m'attrapant brusquement par le bras.

— Lâche-moi tout de suite ! Je te promets que si tu oses encore me toucher de cette manière, je te coupe la main.

— Ton soi-disant caractère ne m'intéresse pas. Je ne sais pas ce que le boss te trouve, mais avec moi, ça ne marche pas. J'ai été clair quand je t'ai dit de monter et de la fermer.

— C'est toi qui vas la fermer.

— Sinon quoi ?...

— Que se passe-t-il ici ? dit une voix, interrompant Charteris avant qu'il ne finisse sa phrase.

— Boris.

— 'Ris', qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard, rentre chez toi.

— Je dois surveiller quelque chose.

— C'est toi la « chose ».

— On parle mieux aux femmes, Charteris. Madame Tsukasa, puis-je vous aider ?

— Je voulais juste manger une pomme, mais cet homme ici ne m'a pas laissée et a menti en disant que vous alliez me l'apporter.

— C'est donc ça. Pardonnez-le. Il n'est pas comme ça d'habitude. Je ne sais pas ce qui lui prend.

— Une mouche l'a piqué, je pense. Il est un peu bizarre. Il faut peut-être le faire soigner, c'est peut-être grave.

— Vous avez un bon sens de l'humour, Madame.

— Oh non, pas "Madame". Appelez-moi Asha, monsieur.

— Comment pourrais-je oser vous appeler par votre prénom ?

— Ne l'appelle même pas, c'est mieux, dit finalement Charteris.

— Hors de ma vue, petit. Je m'occupe de Madame. Prends congé.

— J'attends le retour d'Izek, et je pars.

— Écoutez, Madame, voici ce que nous allons faire. Montez dans votre chambre, et je vous apporterai une assiette de pommes tout de suite.