OBSESSIVE | TOME I & II

CHAPITRE 29

𝙼𝙰𝚇

I like the way you kiss me - Artemas

Les lumières défilent à mes côtés, la pluie s'abat sur le pare-brise dans un enchaînement de petits claquements apaisants à l'oreille. Les rues sont floutées par la vitesse du véhicule, les roues projettent de l'eau sur mon chemin et la vitesse rend chaque passage dans une rue éphémère. Pourtant j'y retourne sans m'en rendre réellement compte, je tourne en rond depuis que je suis sortie de la salle de danse où mon obsession m'avait rejoint.

Mon cerveau me crie de rester ici, que quelque chose va arriver, et que je dois être ici pour l'empêcher. Un frisson me parcourt reflétant ce pressentiment, cette intuition, cet instinct qui ne m'indique que la peur, la peur de perdre quelqu'un si je ne reste pas ici.

Je ralentis, observant à travers ma fenêtre tout ce qui se passe autour de moi, à la recherche de l'origine de cette impression malsaine qui me hurle dans les oreilles mais que je suis le seul à entendre.

Plusieurs personnes se baladent, probablement tous pour des raisons différentes ou alors, au contraire, pour la même raison.

Car au fond peu importe ce qu'ils font, ils sont tous pareils, à la recherche de quelque chose pour combler leurs vies et oublier qu'on est tous destiné à la même fin : la mort.

Mais une silhouette m'attire en particulier comme elle réussit toujours à le faire, comme si à chaque fois qu'elle serait à ma portée de vue, je la regarderais à chaque fois sans aucune hésitation. Elle erre sur le trottoir telle une ombre en quête d'un but chimérique, irréel, elle marche sans savoir où aller et jusqu'où elle peut aller. Ses pas s'entremêlent, elle manque de chuter un nombre incalculable de fois et mon instinct devient fou, car c'était elle que j'attendais.

Ça sera toujours elle.

Vivant ou mort.

Je la suis avec ma voiture à une vitesse que je qualifierais ennuyante mais j'arrive à ne pas y prêter attention, bien trop concentré sur la fille aux cheveux rouges qui n'est pas dans un état normal. Une hypothèse se dessine dans ma tête et je prie pour qu'elle soit fausse, je prie pour qu'elle ne soit pas tombée dans les mains du même amour toxique que moi.

Malgré toute cette haine qui m'alimente, je la préférerais dans mes bras plutôt que dans ceux de la drogue.

Elle continue son chemin, mais s'arrête lorsque ses genoux fléchissent et qu'elle se retrouve au sol. Ses cheveux retombent sur son visage et se collent à sa peau trempée par la pluie qui se déverse sur son corps. Mon pied vient appuyer rapidement sur le frein et j'ouvre ma porte laissant la pluie se déverser sur mon corps meurtri.

Je me dirige vers elle de pas décidés, me rapprochant de plus en plus de son être enseveli dans le monde morose qu'est la dimension parallèle contrôlée par la poudre blanche qui est entrée dans son système.

Elle relève la tête dans ma direction dès que mes chaussures trempées apparaissent devant elle lorsqu'elle avait encore le regard dirigé vers le sol. Ses yeux reflètent enfin ses faiblesses, elle est remplie de haine et de chagrin, un mélange dangereux qui l'a amené à prendre une dose de ce qui me maintient en vie chaque jour, ses pupilles sont dilatées comme preuves.

Elle sourit et un rire s'échappe d'elle, un son différent de celui que j'ai entendu jusqu'ici, cette fois son rire pourrait presque paraître joyeux et réel si je n'étais pas au courant de ce qui s'est mêlé à son sang et se propage dans ses veines au moment même.

Je m'abaisse et arrive à sa hauteur sans poser mes genoux sur le sol humide. Elle continue de rire puis pose sa main sur mon épaule avec difficulté.