OBSESSIVE | TOME I & II

II-CHAPITRE 12

𝙽𝚈𝚇

Monsters - Ruelle

« 𝓽𝓱𝓮 𝓬𝓱𝓪𝓼𝓮 𝓱𝓪𝓼 𝓳𝓾𝓼𝓽 𝓫𝓮𝓰𝓾𝓷 »

Les portières s'ouvrent alors que je viens de couper le moteur, laissant l'air frais s'installer dans l'espace de la voiture, glissant sur le cuir qui portait la chaleur corporelle de ceux assis récemment dessus mais qui maintenant porte un vide gelé, un souffle destiné à être éphémère mais qui persiste.

Comme la douleur.

On dit qu'elle est éphémère, mais elle persiste à ronger ma chair.

Je ne me lève pas, mes mains glissent du volant pour s'en décoller tandis que les portières se ferment, signe que Izan et Carla ne sont plus à mes côtés. Je me retrouve seule, en compagnie de ma propre âme abîmée, mes mains tremblantes cherchant à atteindre la boîte à gants, un geste qui enclenche une douleur sur la longueur de mon avant-bras.

Mes dents se resserrent, comme si de cette simple contraction, je pouvais effacer la douleur, la camoufler le temps de l'effacer complètement. Ma main attrape l'objet de tous mes désirs, ce dont je ne peux plus me passer et qui m'aiderait tout particulièrement dans une situation comme celle-ci, une situation où je me retrouve aux côtés de celui qui me rappelle le plus celui qui hante mes pensées.

Le sachet s'ouvre entre mes doigts, je n'hésite pas, je ne perds pas mon temps, ne voulant prendre le risque que quelqu'un le remarque, surtout les deux qui m'attendent à l'extérieur de ce véhicule. La poudre vient se déposer sur l'ongle de mon auriculaire et je l'approche de ma narine, inspirant une forme de magie qui efface tout.

Si on m'avait dit plus tôt, à quel point c'est facile d'oublier lorsqu'on a les bonnes techniques.

L'arrière de mon crâne vient rencontrer l'appuie-tête, les yeux fermés, je me perds dans ce noir infini, cet aspect sombre qui m'habite et que je peux sentir gratter ma chair, cherchant un moyen de s'échapper de moi pour être de plus en plus grande et dangereuse. Cette colère que je sens couler sur ma peau, créant un frisson inarrêtable à chaque occasion présentée.

Je la sens, cette faim d'encore plus, cette envie de me laisser porter par mes pulsions, aussi cruelles soient-elles.

Un bruit me fait sortir de mes pensées, j'ouvre les yeux et tombe sur le visage de Carla après qu'elle est toquée sur la fenêtre pour me faire réagir. J'inspire profondément, évacuant un semblant de pression logé en moi que je n'arrive jamais à soulager et décide enfin de sortir de la voiture, laissant l'air frais s'abattre sur mon corps mais jamais dépasser l'épaisseur de ma peau, le froid n'arrive jamais à combattre la chaleur qui pulse dans mon sang.

Je contourne le véhicule et on avance enfin jusqu'au garage où Chase est supposé nous attendre, celui-ci apparaît, un marcel gris qui lui colle à la peau tandis qu'il essuie l'huile sur ses mains dans un torchon avant de lever le regard vers moi.

— Tu es déjà là, parfait, dit-il avant que son regard ne tombe sur la blonde derrière moi.

Il se retrouve comme paralyzé pendant quelques secondes, perdu dans l'infini vert des iris de mon ancienne meilleure amie, La sensation de se trouver au centre d'une bataille silencieuse, de ne pas être là où je devrais me tenir me démange, ce qui me pousse à me racler la gorge pour que leur petit jeu s'arrête et qu'on revienne à la raison principal de notre venue.

Chase se reprend, continuant dans son élan d'origine en déposant le torchon sur le capot d'une voiture puis me faisant signe, d'un léger coup de tête, de le suivre dans le garage. J'y rentre lentement, comme si au fond j'avais peur que ma présence détruise les souvenirs que détient Chase grâce à cet endroit, mais une autre part de moi, peut-être à cause de la drogue que j'ai su prendre juste avant, est dominée par l'indifférence.