Le plus beau des métaux

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Thaïs n'était pas une fille de particulièrement anxieuse, elle s'était toujours dit que d'autre avaient beaucoup plus de raison d'être stressée qu'elle. Apres tout, elle ne faisait que nager. Mais il fallait dire que derrière son plus, la suédoise n'en menait pas large. Une finale olympique, 400 mètres 4 nages qui plus est, ce n'était pas rien. Quatre ans auparavant, elle y avait accédé, échouant à une bien piètre 5 ème place, dont elle n'était qu'à moitié fière, dans le bassin de Beijing. Mais à Paris, c'était une autre histoire. Il y avait un public,  qui encourageait la française présente, une certaine Anastasiia Kirpitchnikova dont elle n'avait que vaguement entendue parlé, ses parents, son frère. Et sa sœur, à sa droite, qui essayait tant bien que mal de se détendre.

- Check your marks.

La voix robotisée du bassin coupa court aux inquiétudes de Thaïs, lui rappelant pourquoi elle était là. Pour nager, faire ce qu'elle aimait le plus au monde, jouer la gagne, avoir cette médaille olympique, remporter toutes les courses auxquelles elle avait participé. Elle se mit en place, agrippant  le bord du plot avec le bout de ses orteils, accrochant ses doigts. Elle fit le vide dans sa tête, seul l'enchaînement comptait. Papillon, dos, brasse, crawl. D'une monstrueuse simplicité. Un bip retentissant déclencha la machine qu étaient les muscles de la suédoise. 

Son corps fendit l eau, sans éclaboussures, comme un couteau rentre dans du beurre, l'imergeant totalement, avalé par les litres d'eau du bassin. Elle se propulsa hors de l'eau, ondulant dans un mouvement qui faisait concurrence aux plus gracieux des animaux marins, dans un geste aussi fluide que l'eau qui l'entourait. Thaïs était une nageuse comme il en existait peu, une nageuse au talent immense, au potentiel indéterminé. Sa nage était belle, puissante, vibrante. Elle ne nageait pas, elle volait, tel un oiseau, au dessus du bassin, au dessus de ses concurrentes, au dessus du monde. 

Mais toute les bonnes choses ont une fin. Celle-ci s'acheva lorsque le bout des doigts de Thaïs s'ecrasèrent contre le mur du bassin, l'écran des temps afficha son temps. Temps record, temps monstre, record du monde. La suédoise entendit un cri venant de la ligne d'a coté. Rhéa, son éternelle supportrice, sa meilleure amie, sa sœur. Avec elle. Doublé suédois. Les soeures Hansson 5 et 6. La meilleure façon de finir les Jeux olympiques. 

  Pour la troisième place, représentante des États-unis d'Amérique, Emma Weyant! hurla le skipper au micro.

Une salve d'applaudissements déchaîna la foule. Emma monta sur le podium, un petit sourire. 

- Pour la seconde place, représentante de la Suède, Rhéa Sjöström!

Nouvelle salve d'applaudissements.

- Et pour la première place, avec un nouveau record du monde, pour la Suède. Thaïs Sjöström!!

Thaïs, un grand sourire aux lèvres, monta sur la plus haute marche du podium. Sur cette ridicule boîte de trente centimètres de haut, elle était sur le toit du monde, sur le toit de son monde. Un vieil homme s'approcha et lui passa la lourde médaille autour du coup, tout en la félicitant. Les premières notes de l'hymne suédois retentirent, Thaïs et Réha posèrent la main sur leur cœur. Des gigantesques drapeaux suédois étaient agités dans l'aréna, leurs supporters hurlaient plus qu'ils ne chantaient leur joie et leur fierté. 

Quelques minutes plus tard, changement d'ambiance. Thaïs se retrouva, pour son plus grand plaisir, dans les bras de Léon. Les deux nageurs étaient médaillés, ensemble, heureux. Ils se séparèrent et Léon planta ses yeux dans ceux de Thaïs.

- C'est fou quand meme. Si peu nous rassemble. Juste les coulées

CouléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant