La mort de la paix de l'esprit

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Mardi 12 mars

Noah était dans la cuisine depuis dix minutes déjà, une tasse de café entre les mains. La chaleur étouffante de la matinée pesait lourd dans l'air, collant à sa peau, mais il ne s'en préoccupait pas vraiment. Les rayons du soleil pénétraient à travers la vitre de la cuisine, dessinant des éclats de lumière sur les murs blancs, accentuant la sensation de lourdeur dans l'atmosphère. Le café qu'il tenait entre ses doigts était tiède maintenant, presque aussi inutile que son état d'esprit ce matin-là.

Il fixait l'extérieur avec une intensité vide, son regard perdu sur les coureurs matinaux qui défilaient sur le trottoir. Leurs visages rougis par la chaleur et l'effort semblaient appartenir à un monde qu'il ne pouvait plus comprendre. Ils avançaient, le corps en mouvement, dans une cadence régulière, alors que lui se sentait immobile, piégé dans cet espace clos, dans cette maison qui, aujourd'hui, semblait étrangement trop petite.

Il n'espérait qu'une chose : ne pas croiser Leyanna. Pas aujourd'hui. Pas après ce qu'il s'était passé la veille. Ses mots avaient été tranchants, peut-être même plus que nécessaire, mais il ne regrettait rien. Elle méritait chaque syllabe qu'il lui avait crachée au visage. Chaque coup qu'il lui avait infligé avec ses paroles, elle l'avait cherché et peut-être même mérité. En fait, il espérait secrètement que cela la pousse à partir. Qu'elle déguerpisse.

Elle n'oserait certainement pas l'approcher aujourd'hui, pas après ce qu'il lui avait dit. Ses paroles avaient été violentes, glaciales, et elles étaient destinées à lui faire mal. Il voulait qu'elle souffre, qu'elle ressente une fraction de ce qu'il avait ressenti. L'appeler par son nom de famille, ce simple « Nicholson » c'était volontaire, c'était pour la renvoyer à ce temps où elle n'était rien d'autre qu'une inconnue agaçante. C'était une déclaration de guerre, subtile mais brutale.

Il s'en voulait peut-être un peu pour la froideur de ses mots, pour l'expression sur son visage lorsqu'il avait claqué la porte derrière lui. Il avait vu dans ses yeux la douleur, la surprise. Mais la rancœur qui l'animait depuis des semaines ne s'effaçait pas si facilement. Elle avait douté de lui, de ses intentions, de ses sentiments, et cela, pour lui, était impardonnable.

Noah porta à nouveau la tasse à ses lèvres, mais la chaleur ambiante avait transformé son café en une boisson tiède et désagréable. Il grimaça en reposant la tasse sur le comptoir, son regard glissant de nouveau vers l'extérieur. Il n'avait plus le goût à rien, même la simple amertume du café ne suffisait pas à occuper son esprit.

Les souvenirs de Leyanna tourbillonnaient dans sa tête, comme un poison lent qui l'empêchait d'avancer. Il voulait l'effacer de sa vie, comme on efface les erreurs du passé, mais elle était toujours là, presque omniprésente, même lorsqu'il tentait de l'ignorer. Peut-être que la chaleur amplifiait ses pensées, les rendant plus oppressantes, plus étouffantes. Peut-être que c'était simplement parce que, malgré tout, il se souciait encore d'elle, quelque part au fond de lui.

Mais il n'allait pas le montrer. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Il devait rester ferme, garder ses distances, ériger ce mur entre eux jusqu'à ce qu'elle comprenne enfin que leur histoire, tout ce qu'ils avaient partagé, était terminé. Elle devait partir. Et plus tôt elle le comprendrait, mieux ce serait.

Noah se passa la main dans les cheveux, déjà humides de sueur. La chaleur écrasante de la journée ne faisait qu'amplifier cette colère sourde qu'il ressentait. Il voulait qu'elle parte et en même temps, une petite voix, quelque part au fond de lui, lui soufflait qu'il voulait la voir encore une fois, pour une raison qu'il refusait de reconnaître.

Mais aujourd'hui, c'était la colère qui gagnait. Il s'était promis de guérir, de la même manière qu'il avait guéri de ses autres addictions, et Leyanna en était une. Une addiction qu'il devait éliminer, pour son propre bien. Alors, il resta là, figé, regardant les coureurs qui, eux, avançaient sans jamais se retourner.

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