Chapitre 20

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« Personne ne peut fuir son cœur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit. » Paulo Coelho

Point de vue d'Abby

Je pénètre l'entrée de la boutique "Les délices de Julia" et suis accueillie par la clochette de l'entrée. Un accessoire que je lui ai dégoté lors de son aménagement et qui, en un pas, nous plonge dans son univers aussi chaleureux que gourmand. Ma meilleure amie a acquis une jolie renommée qui la conduit à satisfaire les papilles aux quatre coins de New York. Je salue Josh, occupé derrière le comptoir, d'un signe de la main, puis marche en direction du couloir.

― Elle n'est pas encore revenue de son rendez-vous, m'informe-t-il.

Je le rejoins dès qu'il termine d'encaisser sa commande. Je l'embrasse sur la joue.

― Tu vas bien ?

― Je vais plus que bien ! Javier m'a fait une surprise. On part en city trip à Los Angeles.

Une cliente lui commande un thé à emporter. J'émets un soupir d'envie.

― Des vacances au soleil, je suis jalouse.

Il fait danser ses sourcils, puis prépare la boisson chaude. J'en profite pour me faire couler un Masaï*. Le temps qu'il clôture sa commande, j'attrape un brownie au caramel beurre salé que je dispose dans une boîte. J'ai goûté à chacune de leurs confections. Je les adore tous, mais cette douceur reste ma préférée. Puis j'ajoute deux TamTam boum pour mon rendez-vous avec West.

― C'est sa meilleure création, me révèle Josh, occupé à rendre la monnaie à la cliente. Il a un succès fou.

Ma bouche se rehausse de joie à cette annonce. N'ayant plus de clients à servir, Josh me porte toute son attention.

― Au fait, comment va Tamtam ?

― Elle sourit tout le temps. Elle adore mes câlins, et elle me laisse dormir une nuit sur deux. Je recouvre mon plein d'énergie !

― Ta bonne humeur fait plaisir à voir.

― Abby !

Ma tête pivote vers la porte d'entrée ; j'adresse à Julia mon plus beau sourire. Son expression réjouie accrochée aux lèvres est accompagnée par le tintement de la clochette. On se prend dans les bras pour un instant complice. Elle jette un coup d'œil intéressé à la boîte que Josh glisse vers moi. Je viens souvent dans sa boutique pour faire le plein de caféine et de sucre, me limitant le plus souvent à une seule pâtisserie.

― Tu as déjà prévu quelque chose ? s'enquiert-elle. Sinon on aurait pu déjeuner ensemble.

― J'ai déjà un rendez-vous de prévu.

Je bats des cils et lui coule un doux regard de biche. Elle comprend aussitôt avec qui, et son regard pétille de malice. Pour mon rencard avec West, je ne lui ai rien caché de notre soirée, allant de notre complicité si évidente et sans prise de tête à notre alchimie torride. J'ai envie de m'investir dans cette relation naissante qui ne m'effraie plus autant. Alors autant être sincère et recevoir le soutien de ma meilleure amie, en retour.

― C'est bon de t'entendre de nouveau craquer pour un homme, se réjouit Julia. Mais alors, qu'est-ce qui te chiffonne ?

Je l'interroge du regard. Je me demande ce qui a bien pu me trahir ?

Elle soulève mon bras pour mettre en évidence mon poignet.

― Quand tu portes ton bracelet en améthyste, c'est souvent pour apaiser une certaine agitation en toi. Alors ?

Même si je reste sceptique sur le bienfait des pierres dans notre quotidien, je dois reconnaître que je me sens apaisée lorsque je l'ai avec moi. Bon, apparemment, je ne peux pas lui cacher grand-chose. Je pousse un soupir désabusé en me libérant de sa poigne.

― Pour te la faire courte, mon père est aux Alcooliques Anonymes. Il serait sobre depuis des mois. Et là, il a repris contact avec maman concernant une étape importante dans sa thérapie qui est de demander pardon à toutes les personnes qu'il a fait souffrir à cause de son addiction à l'alcool.

Sa bouche forme un O parfait de stupéfaction et chose rare, elle est sidérée au point d'en rester muette. Ce qui m'arrange, car je n'ai aucune envie d'en parler pour le moment.

― Bon, je dois y aller ! lui dis-je en l'embrassant sur la joue.

― Mais toi, tu...

― Plus tard, l'interromps-je en posant mon index sur sa bouche. Je préfère d'abord prendre du bon temps et mon temps pour y réfléchir.

Je la rassure d'un sourire, elle finit par acquiescer d'un signe de tête et m'embrasse en retour. Je sais que je pourrais compter sur elle à n'importe quelle heure. Je dépose un billet sur le comptoir, puis m'empare de la boîte. Mon café en main, je leur fais un dernier salut de la main et pars rejoindre West.

***

Devant la porte close du Nouna, j'avertis West de ma présence par message. J'en profite pour ajuster le foulard sur ma tête, puis pince mes lèvres pour accentuer leur rougeur naturelle. Sur cette entrefaite, West m'ouvre la porte et son sourire combiné à cette force tranquille qui m'attire tant chez lui m'enrobe de bien-être.

Cette légèreté d'esprit que j'éprouve en sa présence me pousse à initier notre baiser qui s'échauffe lorsque la porte claque derrière nous. Un frisson d'excitation prend son envol de mes doigts de pied jusque dans mon bas-ventre. Son bras autour de ma taille et la passion qu'il met dans le contact de nos lèvres m'emportent dans un tourbillon d'émotions.

― Salut, susurré-je bouche contre bouche.

― Salut.

Ses paumes encadrent mon visage pour reprendre possession de mes lèvres. La caresse sensuelle de sa langue provoque mon gémissement tandis qu'il l'enhardit au point de me plaquer contre le mur sans douceur. Plus rien d'autre ne compte que nos corps pressés l'un contre l'autre et ses mains sur moi, bien vite interrompu par mon ventre qui gargouille. West me jauge du regard et décide d'interrompre ce qui avait si bien commencé entre nous. Il me prend la main pour m'entraîner à sa suite.

Quelle idée de faire le jeûne du matin pour m'aider à perdre mes kilos ! Mais lorsque j'arrive au comptoir, devant un buffet garni, mon estomac manifeste sa faim. Je pose la boîte de pâtisseries sur un tabouret et salive en découvrant notre déjeuner. Des mini-sandwichs au pastrami et au homard, des makis, des brochettes de yakitoris, des beignets de crevettes et... Je soulève un couvercle et découvre les senteurs épicées d'une soupe d'hiver. Je le dévisage, un grand sourire aux lèvres.

― Comme je ne connais pas encore tous tes goûts, j'ai décidé de créer un déjeuner varié.

― Pour ton info, j'aime tout. Même l'intérieur des têtes d'écrevisse ! Et ça, c'était loin d'être gagné.

Il s'esclaffe. Ce pétillement dans ses yeux bleus et l'expression enjouée qui marque son visage lui confèrent un charme fou. Je reste captive de l'intensité de son regard. Je ressens ce frétillement dans ma poitrine qui me libère du poids qui pèse sur mon cœur depuis hier.

J'ai besoin d'un câlin. Je me risque à cet acte plus intime qu'une relation sexuelle. Je veux faire de cette vulnérabilité une force, alors je crochète le col de sa chemise pour l'attirer à moi. Je pose ma joue contre son torse et passe mes doigts autour de sa taille. Ses bras encerclent mes épaules tandis qu'il presse sa joue contre mon crâne. J'ai la sensation de perdre le sens du temps jusqu'à ce qu'un nouveau grondement de mon estomac me rappelle à l'ordre.

***

(*  Un café légèrement acidulé, aux goûts riches de la terre du Kenya.)

Coucou 💕

Comme promis, je vous poste un nouveau chapitre. 

Que pensez-vous de leur alchimie ? 

La suite est encore plus parlant alors bonne lecture !

Virginie 

La mélodie du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant