Lettre 21

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Châtel, le 18 septembre 1994

Mon cher Marc,

Je suis rentrée il y a quelques minutes. Ma valise n'est pas défaite encore. Quel séjour, quelle aventure ! Je n'ai pas arrêté de penser à toi. Après le déjeuner, j'ai flâné jusqu'à la place Denfert-Rochereau. J'ai pris une photo du lion de Belfort. C'est pour Brigitte, elle est née à Belfort, elle me l'avait demandé. Mais je lui ai aussi envoyer une carte postale avec le lion. Comme ça, je suis sûre de mon coup ! Je suis remontée ensuite vers la Seine. Je me suis beaucoup baladée chez les bouquinistes. J'ai même acheté un livre ancien, de la Comtesse de Ségur, j'avais la même édition, enfant, alors je n'ai pas pu m'en empêcher. Ce n'était pas très cher (100 francs). J'ai même vu trois de tes romans ! ça m'a fait penser que Brigitte voulait que je te fasse dédicacer un exemplaire de L'amour brille aussi la nuit, mais je ne l'ai pas pris parce que d'abord j'étais un peu stressée et puis je me suis dit que ce n'était vraiment pas le moment. J'avais peur de t'embarrasser. Après ça, je me suis installée sur la terrasse d'un petit café à côté de Notre-Dame, mais il y avait vraiment trop de touristes, je suis vite partie. Je me suis perdue dans les petites rues aux alentours et, comme promis, je suis allée dîner chez Jean-Daniel, j'ai pris du bar, comme tu me l'as conseillée. Ensuite, j'ai demandé à un serveur si Denis était là. Il est venu et je lui ai dit que tu lui passais le bonjour. Il avait l'air sincèrement content. Il m'a demandé de tes nouvelles, je lui ai dit que tu sortirais avant l'été prochain, il m'a dit qu'il espérait que tu reviennes bientôt dans son restaurant. Et il m'a offert le vin ! Très gentil.

Je suis retournée à pieds vers mon petit hôtel, j'ai marché une bonne heure, mais l'air était si bon, c'était très agréable. J'ai lu un passage de La force d'aimer, mais je me suis vite endormie. Trop d'émotions, je pense !

Ce matin, je me suis levée assez tôt. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas petit-déjeuner dans un hôtel. On a l'impression d'être dans un conte, avec toutes ces viennoiseries à disposition. J'ai pris deux croissants, et je me demandais si j'en avais le droit ! Quelle idiote.

Je suis allée au musée d'Orsay ensuite, mais j'ai beaucoup attendue, alors, je n'ai pas pu trop trainer. Dame ! Je reviendrai.

Ensuite, j'ai repris la route, avec la musique très fort.

Et me voilà de retour. J'ai l'impression d'avoir vécu une parenthèse enchantée.

Je te laisse, j'entends Brigitte qui sonne. Elle veut mon compte-rendu !

Je t'embrasse,

Ta Rose. 

Cher MarcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant