Cher Marc

Lettre 37

Ma Rose,

Mon Dieu, qu'est-ce que je te fais faire. Pardon. Et merci.

J'ai sans doute pu te l'expliquer à voix basse à l'instant, dans la salle de visite, mais je préfère que les choses soient claires. Je vais te remettre l'adresse. Comme ça, pas d'erreur.

Demain, ce sera trop tard. Le nouveau propriétaire va ouvrir les box pour la vente aux enchères des box non vidés et non réclamés. Il faut que tu ailles voir Julio, l'ancien propriétaire. Il habite la maison rose, juste à côté, à droite, juste avant l'entrée du parking, tu ne peux pas la manquer. 21, rue du bois nagé, à Aubervilliers. Tu lui dis que tu viens de la part de René Michel (c'est sous ce nom qu'il me connait). Je lui ai envoyé un mot. Il te donnera les clés. Je lui ai donné suffisamment d'argent ce jour-là pour qu'il accepte de les garder chez lui et qu'il ne soit pas trop curieux. J'avais payé pour 15 ans de loyer d'avance, en liquide, mais inutile de demander le remboursement du reste, pas la peine de faire des vagues. De toute façon, il n'y a aucun papier. Normalement, il ne devrait pas faire de difficulté pour te donner le trousseau pour les cadenas. Prends quand même un billet de 200 francs, au cas où. Il pense que le box est rempli de vieilles affaires de mon grenier, mais il n'est pas dupe, je pense, il sait qu'il y a quelque chose de pas clair, c'est le cas de tous ces box. Mais c'est aussi pour ça que je l'ai choisi, il n'a pas intérêt à mettre son nez dans ce genre d'affaires. Méfie-toi quand même de lui. Attends le soir, vers 23h, pour entrer et prendre ce qu'il y a prendre. Il y a sans arrêt des voitures qui circulent pendant les heures de bureau. Une partie du parking appartient aux entreprises du coin.

Ne prends aucun risque ! S'il n'y a plus rien, tant pis, va-t-en. Si tu te fais attaquer par je ne sais qui, laisse tout !

Si tout se passe comme prévu, tu mets les sacs dans ta voiture et tu rentres sans t'arrêter jusque chez toi (fais un plein d'essence avant d'y aller). Une fois chez toi, planque tout là où on a dit. Et vis ta vie le plus normalement du monde.

Envoie-moi une lettre quand c'est fait, dis-moi si tout est ok. Ensuite, on reprend notre correspondance normale, à la même fréquence que d'habitude, même si Roger ne les décachette même plus, ce n'est pas la peine de prendre ce risque.

En parlant de risque, tu sais que ce que tu vas faire t'implique. C'est grave, tu sais. Il faudra faire très attention. Je te rappelle que je vais être surveillé pendant quelques temps après ma sortie.

Mais après tout ça, Rose, ce sera bien, tu vas voir. On partira loin. Au paradis. On sera bien, tu verras. L'été prochain. Ce n'est pas si loin.

Je t'aime, prends soin de toi, fais attention, je t'en supplie. R.

Brûle ce papier une fois tout récupéré.