Lettre 45

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Paris, prison de la Santé, le 12 janvier 1995

Ma Rose,

Comme tu me donnes envie. Ton programme est parfait. Comment peux-tu penser que je serais déçu de te rencontrer. Il y a des choses que l'on sent. Je sais que tu es idéale.

Dans les rues de Paris, on déviera un peu quand même, il y a de jolis coins que je voudrais te montrer, des secrets bien cachés, des ruelles rarement foulées par les pieds des touristes. Tu verras.

C'est fou, il ne reste qu'une semaine, une toute petite semaine, mais j'ai l'impression que ces jours passeront aussi lentement que ces six dernières années. J'ai trouvé un petit truc que je mets en place à partir d'aujourd'hui. Ce matin, par exemple, je me suis dit : « dernier réveil du jeudi ici », « dernier brossage de dents du jeudi ici», et même : « dernier 11h47 du jeudi ici », etc. Je fais ça sans arrêt.

Mais c'est sans doute aussi la dernière lettre que je t'envoie d'ici. Ce sera la seule chose que je regrette. Je t'en enverrais d'autres, sûrement, quand je serai dehors. Mais ce sera différent. Tu m'as fait évader, Rose ! Par correspondance. Tu ne peux pas savoir comme je bénis le jour où j'ai reçu ta première lettre.

A la semaine prochaine, pour de vrai.

Je t'embrasse,

Je pense à toi,

Je t'aime,

A maintenant, à tout de suite,

Ton Marc

Cher MarcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant