Lettre 46

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Châtel, le 16 janvier 1995

Mon Marc,

Je n'avais pas pensé à ça, tu as raison. Bien sûr, le bonheur arrive avec toi, physiquement présent. Mais j'aimais ces lettres, j'aimais l'attente, j'aimais vérifier trois fois ma boite aux lettres dans la même journée pour être bien certaine de n'en avoir pas manqué une. J'aimais guetter le facteur par la fenêtre de ma cuisine pour sortir avant qu'il ne mette le courrier dans la boite. Je ne t'ai pas dit, mais au bout d'un moment, quand je le croisais, il me disait : « vous avez encore reçu une lettre de Paris, Rose ! » Ils ont le nez pour ça, les facteurs. C'est ma dernière lettre à moi aussi. J'espère qu'elle arrivera quand même avant ta sortie ! Ce serait bête. Je suis traversée par un mélange de joie et de nostalgie, c'est très étrange.

Oh oui, j'espère que tu me montreras des lieux cachés, je suis sûr que tu dois être un bon guide de Paris. Je vais mettre de bonnes chaussures, je sens que l'on va beaucoup marcher ! On n'aura pas le temps de dîner cette fois-ci, mais pourrait-on aller boire un café dans l'après-midi, chez Jean-Daniel, le bistrot, avec ce patron si gentil pour toi ?

Le Dr Franz a accepté que je pose une semaine de vacances. Je suis toute à toi !

Je suis contente quand je pense à tous les « derniers » que tu as dû compter depuis que tu m'as écrit ta dernière lettre.

Mon Dieu, dans trois jours seulement !

A vite, mon amour,

Je t'aime, j'arrive, je suis là,

Ta Rose

Cher MarcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant