Chapitre 11

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— Bon, d'accord, je suis d'accord, finis-je par dire, résignée. Si tu peux m'éviter de me faire tuer à cause de ma maladresse, je suis prête à essayer.

Accepter cet accord, c'est peut-être encore une erreur de plus, mais je ne vois pas d'autre solution pour m'en sortir. Bryan semble bien comprendre les Bennett, un avantage que je n'ai pas. Peut-être que je pourrais apprendre de lui.

— Déjà, tutoie-moi, dit-il simplement.

Je hoche la tête. C'est vrai qu'il me tutoie depuis le début, et moi, je continue de le vouvoyer. C'est idiot, mais je n'y avais même pas pensé.

— Et ensuite ? demandai-je, curieuse de connaître la suite de son plan.

Bryan semble hésiter une seconde avant de répondre, cherchant visiblement ses mots pour ne pas me froisser.

— Sans vouloir te vexer... c'est ta manière de t'habiller, ton allure générale...

Je fronce les sourcils, me sentant immédiatement sur la défensive.

— Mes vêtements ? Je répète, comme si je n'avais pas bien entendu.

Il soupire légèrement, l'air de celui qui sait qu'il doit faire attention à ce qu'il dit.

— Oui... Ne le prends pas mal, mais tu as l'air trop douce, trop inoffensive. Ta chemise, cette jupe longue, et tes cheveux en bataille... Hier encore, tu portais un pull bien trop large. Je sais que ce n'est pas le genre de choses qu'on dit à une femme, mais... ce n'est pas étonnant qu'ils te voient comme une petite fille sur laquelle on peut marcher facilement.

Je reste un instant choquée par ses paroles, me demandant si je devrais être offensée. Mais il semble sincère.

— Ce que je veux dire, Heather, c'est qu'il ne s'agit pas de toi ou de tes vêtements en eux-mêmes, mais de l'image que tu renvoies, explique-t-il calmement. Tu as l'air vulnérable, et avec des hommes comme les Bennett, cette vulnérabilité, ils en profitent. Il faut que tu leur montres autre chose, que tu leur renvoies une image plus forte. Si tu veux qu'ils te prennent au sérieux, qu'ils te respectent, tu dois leur donner l'impression que tu n'es pas quelqu'un qu'on peut manipuler ou intimider si facilement.

Ses mots me frappent en plein cœur, parce qu'au fond, je sais qu'il a raison. Il ne s'agit pas de changer qui je suis, mais de trouver un moyen de me protéger dans ce monde cruel où je suis plongée, où chaque geste, chaque regard, peut signifier ma survie ou ma chute.

Je prends une grande inspiration et hoche la tête, plus déterminée.

— Bon, d'accord... Je vais essayer de changer ça aussi. Si ça peut m'aider à survivre, je ferai ce qu'il faut.

Bryan me regarde avec une lueur de respect dans les yeux.

— Ne t'inquiète pas, je vais t'aider. On va trouver un moyen pour que tu puisses t'en sortir. Mais il va falloir que tu m'écoutes et que tu me fasses confiance.

J'acquiesce. Je sais que je n'ai pas d'autre choix.

— Je ne vais pas tout t'apprendre aujourd'hui, mais déjà... quand tu t'adresses à quelqu'un, regarde-le dans les yeux, sans jamais les baisser. Ne les dévisage pas, mais écoute vraiment, regarde-les. Baisser les yeux, c'est le premier signe de soumission, tu comprends ? Alors ne le fais pas.

J'avais le regard fuyant, mais à ce moment-là, je lève les yeux pour croiser les siens. Il a raison. Je n'ai jamais osé soutenir longtemps le regard des autres. Ce n'est pas par peur, mais parce que je trouve cela dérangeant.

— Je vais m'améliorer sur ce point. Promis, répondis-je avec un sourire.

Il me rend mon sourire, puis se lève et marche jusqu'à son bureau. Je l'observe griffonner quelque chose sur un bout de papier, intriguée. Lorsqu'il revient, il me tend le papier sans un mot.

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