The Crimson Crown

Chapitre 8

Je me retrouve enfin chez moi. À peine ai-je refermé la porte derrière moi que je me précipite vers l'évier, mes doigts tremblant en essayant de me faire vomir, d'arracher ce poison de mon corps. Je pousse mes doigts au fond de ma gorge, espérant que mon estomac me trahisse, mais rien. Absolument rien. Comme si même mon corps m'abandonnait à mon sort, me forçant à accepter ce poison qui circule maintenant dans mes veines.

Je me redresse, essoufflée, les larmes me montant aux yeux. Quelle cruauté... Je déteste Liam. Je déteste Damian. Je les déteste tous, ces maudits Bennett. Le Crimson Crown, cette ville... Birmingham est devenue un piège infernal. Venir ici, espérer une nouvelle vie, c'était la pire décision que j'ai jamais prise.

Mais je vais tout faire pour obtenir cet antidote. Je vais me plier à lui, faire tout ce qu'il attend de moi, même si chaque fibre de mon être hurle contre ça. Je ne veux pas mourir, pas maintenant, pas sans avoir vraiment vécu. Liam n'a rien dit de plus après m'avoir empoisonnée. Je suis sortie de son bureau avec une seule certitude : je dois me plier à ses règles, rester en vie à tout prix.

Demain, j'imagine que je devrai me présenter au Crimson Crown comme si de rien n'était. Retourner là-bas, sourire aux clients, tout en sachant que je suis condamnée. Et cette fois, je ne pourrai plus courir à la police, même si un meurtre se déroule devant moi. C'est absurde, hallucinant, et pourtant, c'est la réalité à laquelle je suis confrontée.

Je pense aux hommes qui sont morts hier soir. Ils n'auront jamais justice. Ils ne seront que des corps oubliés, des victimes d'un monde où la loi n'a plus d'emprise. Et moi, je suis là, forcée de continuer à vivre au milieu de tout ça, comme si rien ne s'était passé.

Je m'allonge finalement sur le canapé, enveloppée par la froideur glaciale de mon petit appartement. Je ne peux m'empêcher de penser à demain, à ce qui m'attend. La peur grandit en moi, mais l'épuisement finit par m'emporter, malgré les frissons qui secouent mon corps.

Je m'endors, en proie à des rêves sombres, le poids de la journée à venir étouffant mes dernières pensées.

——

Je me réveille en sursaut, le corps engourdi et les pensées encore embrouillées par la fatigue. Je tente de bouger, mais chaque mouvement est un rappel de ce qui m'attend. Mon estomac se tord, à moitié par la faim, à moitié par l'angoisse.

Je reste un long moment allongée, fixant le plafond grisâtre. L'air est lourd et immobile, comme si même le monde extérieur était figé dans une attente silencieuse. Je repense à la veille, à ce verre empoisonné que j'ai bu sous la pression de Liam, et à son visage impassible alors qu'il me racontait calmement la lenteur cruelle du poison qui se répandait en moi. Je me sens prisonnière, condamnée à jouer son jeu si je veux obtenir l'antidote.

Je me lève finalement, titubant jusqu'à la petite cuisine. J'ouvre un placard, et mes yeux se posent sur les quelques provisions que j'ai laissées là. Du pain rassis, du café bon marché. Rien ne semble appétissant. Mais je me force à avaler un morceau de pain avec un café noir. Chaque gorgée est un effort, mais je sais que je dois manger, garder des forces pour affronter la journée.

Je passe le reste de la matinée à errer dans mon studio. Mon esprit est envahi de pensées sombres, d'angoisses. Je me demande ce qui se passera ce soir, quand je retournerai au Crimson Crown. Je dois y aller. Je dois faire comme si de rien n'était. C'est ma seule option, ma seule chance de survie. Les heures défilent lentement, et je me sens de plus en plus étrangère à ma propre vie. Comme si le monde continuait de tourner alors que je suis coincée dans cette bulle oppressante.

Vers midi, je décide de sortir, simplement pour m'aérer l'esprit. L'air glacé de Birmingham me gifle le visage dès que je mets le pied dehors. Les rues sont animées, mais tout me semble si lointain. Je marche sans but, sans vraiment savoir où je vais. Les rires des passants, les klaxons des voitures, tout semble hors de portée. Je suis dans mon propre monde, un monde où la peur règne en maître.