Chapitre 14

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Je me lève avec une étrange sensation de bien-être. Pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas été réveillée par des douleurs nocturnes. J'ai dormi d'une traite, une nuit complète, et même si la fatigue persiste, ce repos inattendu me fait un bien fou.

Je soupire doucement. Mes rêves avaient été agréables, empreints de douceur et de réconfort. Pourtant, dès que j'ouvre les yeux, la dure réalité de ma vie s'impose à nouveau. Mon existence actuelle est loin d'être un rêve, et chaque matin, ce rappel est une épreuve en soi.

Je me décide à m'habiller en suivant les conseils que Vivian m'avait donnés la veille. J'opte pour une jupe taille haute élégante et une blouse rouge vif, qui contraste parfaitement avec la froideur de la journée. Je mets les mêmes escarpins qu'hier, malgré leur inconfort. Marcher avec ces chaussures est presque une torture, mais je me force à les porter, espérant qu'avec le temps, cela deviendra plus naturel.

Enfilant mon manteau et une écharpe épaisse, je me prépare à affronter le froid mordant de Birmingham. Avant de sortir, je saisis la lettre que j'ai écrite à mes parents la veille. Il est temps de l'envoyer.

Je me rends à la poste, franchissant les rues glacées, les pavés sous mes talons hauts accentuant mon déséquilibre. Une fois arrivée au bureau de poste, j'affranchis la lettre et la confie au guichetier. Mon cœur se serre légèrement en la voyant disparaître de mes mains. J'espère que mes parents la recevront vite et que mes mots, bien que trompeurs, les rassureront.

De retour chez moi, je décide de m'entraîner avec les produits de maquillage que la visagiste m'avait recommandés. Avec patience et attention, je reproduis les gestes qu'elle m'avait montrés la veille, et à ma grande surprise, je ne m'en sors pas si mal. Je suis même satisfaite du résultat.

Pour mes cheveux, ne disposant pas de bigoudis comme ceux utilisés au salon, je me contente de les coiffer soigneusement. Ce n'est pas aussi raffiné qu'hier, mais cela reste tout à fait acceptable. Les cheveux courts, je le réalise maintenant, me vont bien mieux que ma longue crinière d'autrefois.

Je passe le reste de l'après-midi à ranger mon studio, à mettre de l'ordre dans mes pensées comme dans ma vie. Entre deux rangements, je prends le temps de lire quelques chapitres d'un roman que j'avais mis de côté depuis trop longtemps. Le temps semble filer plus vite que je ne l'avais prévu, et bientôt, le crépuscule annonce la fin de la journée.

En fin d'après-midi, je me prépare pour mon service au Crimson Crown. À ma grande surprise, la soirée se passe sans encombre. Aucun des frères Bennett n'est présent, et je ressens un immense soulagement. Izzy, comme à son habitude, m'ignore royalement, ce qui est peut-être pour le mieux. Harvey, de son côté, essaie de me parler à plusieurs reprises, mais je ne peux plus répondre avec l'enthousiasme que j'avais autrefois. Quelque chose s'est brisé en moi. Je n'arrive plus à feindre la complicité avec lui, pas après tout ce qu'il a laissé passer sous ses yeux.

Les clients, eux, sont agréables. Aimables, polis, et certains, comme Tom, le fameux habitué qui se plaint toujours de sa femme, se montrent même un peu plus bavards avec moi que d'habitude. Nous discutons un peu, et pour une fois, cela ne me pèse pas. Ce calme, cette routine, même si elle est éphémère, me fait du bien.

Les jours passent ainsi, dans une étrange normalité. Chacune de ces journées me rapproche du jour fatidique, celui où je devrais mettre en œuvre le plan de Bryan. Entre-temps, je le revois à son bureau, où il m'explique les derniers détails du plan, peaufinant les étapes et me préparant mentalement à ce qui m'attend.

La fatigue grandit, et les maux d'estomac également, il me faut se satané remède.

Puis, finalement, le jour tant redouté arrive. Mon cœur bat plus vite à mesure que l'échéance approche, mais je me force à rester calme. J'ai accepté ce plan, et maintenant, il n'y a plus de retour en arrière.

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