Épilogue

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Allyson:

Je me réveille en sursaut, mon cœur battant la chamade, comme si chaque battement frappait contre ma poitrine avec une force dévastatrice. Mes yeux s'ouvrent dans un éclat de panique, mes respirations sont erratiques et désordonnées, et une sueur froide se répand sur mon front, glissant le long de mes tempes avant de se laisser tomber en gouttes sur mon oreiller. Le voile de l'horreur du rêve reste accrochée à ma peau, mes pensées tourbillonnent sans pouvoir trouver de réponse.

C'était juste un cauchemar, me répète-je intérieurement. C'était seulement un rêve. La réalité me rattrape doucement. Je suis toujours ici. Je suis toujours vivante. Mais cette vérité n'efface pas la brûlure du souvenir de la scène, ni la douleur persistante au fond de mon âme. Mon cœur reste accéléré, un rythme qui refuse de se calmer, malgré l'évidence de la réalité.

Respire, Allyson, respire, je me dis encore et encore comme un mantra, en espérant que ces mots m'apportent un peu de paix. Un peu de sérénité. Mais même après deux semaines, rien n'a changé. Le cauchemar continue de me hanter à chaque instant de ma journée.

Je tend la main, mon téléphone est là, sur la table de nuit, brillant dans l'obscurité de ma chambre. Je l'attrape d'un geste un peu trop brusque, le temps de lire l'heure : 12h57. Le 5 novembre. Deux semaines. Deux longues semaines après ce fameux repas. Le temps a filé à une vitesse presque trop rapide, comme si ces deux semaines étaient passées dans un brouillard épais. Le souvenir du repas de famille est comme un fantôme qui ne cesse de m'effleurer. Les regards échangés, les silences, et cette vérité qui m'a frappée de plein fouet. J'ai cru que je pourrais m'en débarrasser avec le temps, mais ça ne fait qu'empirer.

Je ferme les yeux un instant, tentant de chasser l'angoisse qui me serre la gorge. Il faut que je me lève. Il faut que je me reprenne. Je secoue la tête, comme si ce geste pourrait chasser mes pensées noires. Mais je sais que cela ne suffira pas. Pas tant que tout ça n'a pas trouvé sa place dans ma vie.

Je me lève enfin, mes jambes un peu tremblantes, mes pensées en désordre. Un pas après l'autre, je m'habille rapidement, enfilant des vêtements trop larges, comme si je pouvais me fondre dans le tissu, m'effacer, disparaître un instant. Je me regarde dans le miroir. Mes yeux sont cernés, mais je n'ai ni la force ni la volonté de les camoufler. Peu importe. Ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est que je sois là, que je respire.

Je me dirige vers la chambre de mon frère, mes pieds glissant presque sur le sol. L'atmosphère est lourde, comme si le poids des dernières semaines s'était accumulé sur mes épaules. Je frappe à la porte. Il y a une brève hésitation de l'autre côté, avant que la porte ne s'ouvre.

Et là, dans la pièce, je vois Ayden et Ewen, comme à leur habitude. Ayden, toujours calme, son regard sérieux mais empli de bienveillance, et Ewen, son sourire habituel, un peu timide mais toujours réconfortant. Ils sont là, ensemble. Dans ce moment précis, rien n'a changé. Et pourtant, tout a changé.

Ils me voient. Leurs visages se transforment instantanément, remplis d'inquiétude. Ils m'observent, attendent ma réaction. Ewen me fixe, et je sais que derrière son regard se cache une question silencieuse, un doute sur moi, sur la façon dont je vais.

– Comment ça va ? me demande-t-il, sa voix emplie de douceur, comme s'il craignait que chaque mot qu'il prononce ne me fasse m'effondrer à nouveau.

Je le fixe, incapable de répondre immédiatement. Je suis encore dans l'ombre de ce cauchemar, et la réalité me semble déformée, presque irréelle. Puis tout à coup, une vague d'émotion me submerge. Je m'élance vers eux, sans réfléchir, mes bras s'enroulant autour d'eux dans une étreinte sincère, presque désespérée.

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