Allyson
Je lève mon verre au-dessus de moi, comme un petit rituel, une célébration silencieuse, avant de me diriger vers Ayden. Mon Ayden. Je l'enlace avec tendresse, son odeur familière me réconforte aussitôt. Ses bras puissants s'enroulent autour de mon corps frêle, m'encerclant comme un bouclier invisible. C'est fou comme il sait me calmer, me contenir. Il n'est pas mon frère de sang, non, mais c'est tout comme. Il est mon roc, mon pilier, celui qui connaît chaque détail de mon passé, chaque fissure que je tente de masquer. Il sait tout de ma sœur. Il est cette lumière constante dans mon existence cabossée.
Je l'aime. D'un amour pur et viscéral, celui qu'on réserve aux rares âmes capables de nous comprendre sans parler.
— Je t'aime, je murmure contre son épaule.
— Moi aussi je t'aime, mon rayon de soleil, répond-il en déposant un baiser sur le haut de ma tête.
Je souris en m'éloignant doucement de lui, mes yeux brillants d'une chaleur fragile. La musique gronde dans les enceintes et je m'empresse d'augmenter le volume. D'un geste rapide, j'attrape la main d'Aria et l'entraîne dans une danse effrénée. Nos corps ondulent, nos cheveux volent, nos rires éclatent dans la pièce comme des bulles de champagne. C'est un moment suspendu, parfait.
Je m'arrête net en voyant Loris tenter quelques pas de danse maladroits avec Gabriel. La scène est tellement ridicule que j'en ris à en pleurer.
— Va lui demander de danser avec toi, dis-je à Aria en la poussant gentiment vers Ewen.
Elle rougit légèrement, hésite, puis s'éloigne avec un petit sourire gêné.
Je me dirige à mon tour vers Loris, attrape une bouteille de vodka posée sur le plan de travail et en bois une gorgée bien trop longue. L'alcool brûle ma gorge mais j'en ris presque.
— Puis-je vous accorder une danse ? me demande-t-il en s'inclinant avec ironie.
— C'est censé être moi qui demande, mais soit... je veux bien t'accorder cette danse, à condition que tu acceptes de te faire marcher sur les pieds.
Il éclate de rire en me prenant la main.
— J'avais déjà pris ce risque.
Je cale ma main dans la sienne, l'autre se pose naturellement sur son épaule tandis qu'il place la sienne sur ma taille. Nous commençons à danser, maladroitement au début, puis en rythme. J'ai dû lui écraser les pieds au moins cinq fois.
— Sauvez-moi ! s'écrie-t-il d'une voix dramatique, la main posée sur le front comme dans une scène de théâtre.
Je ris à m'en faire mal aux joues. L'alcool commence à se diffuser dans mes veines comme un poison doux. Gabriel s'approche de moi avec un sourire taquin, prêt à m'inviter à danser, mais Ayden intervient aussitôt.
— Doucement, c'est ma sœur.
Gabriel recule, amusé, mais je l'attrape par la main pour l'inviter à danser malgré tout. Cette fois, nous dansons la bachata. Une danse sensuelle, cadencée, que je maîtrise parfaitement. Pour une fois, mes pieds suivent la musique. Tous les regards sont braqués sur nous. Je termine la danse avec un sourire fier, mais Aria me tire soudainement en arrière, me traînant dans une autre pièce à l'abri des regards curieux.
— Il a dansé avec moi ! s'exclame-t-elle, surexcitée. Je parle d'Ewen, évidemment. Bon, il a arrêté de danser quand il t'a vue... mais quand même. Je crois qu'il te plaît.
— Arrête Aria, tu sais très bien que c'est faux. On se déteste, lui et moi.
Je retourne dans la cuisine, les rires se sont estompés, la musique est coupée. Toutes les chaises autour de l'îlot central sont occupées, alors je me penche sur la table pour m'y appuyer. Mon téléphone vibre, un appel inconnu. Je l'ignore, persuadée que c'est encore un numéro de pub. Quelques secondes plus tard, une notification m'informe qu'un message vocal a été laissé.

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Linked Fates
RomanceAllyson quitte l'Italie pour Southend-on-Sea, en Angleterre, emportant avec elle le poids d'un passé secret qui l'a lentement consumée. Dans cette nouvelle ville, elle s'enferme dans le silence, cherchant refuge dans des mondes imaginaires pour écha...