Chapitre n°12 : L'ombre silencieuse

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L'obscurité s'étendait sur la ville comme un voile de mystère. Les réverbères, disséminés le long des rues pavées, projetaient des ombres longues et vacillantes qui dansaient avec le vent. Le manoir des Ross, habituellement chaleureux et accueillant, semblait soudain plus froid, plus lointain. Ethan Gray se tenait dans l'encadrement de la porte, regardant le jardin faiblement éclairé. Ses yeux, jadis vifs et alertes, étaient maintenant hantés par une tension qu'il n'arrivait pas à évacuer. Depuis plusieurs semaines, il sentait cette présence. Discrète, presque imperceptible, mais suffisamment réelle, pour qu'il ne puisse l'ignorer. Elle s'insinuait dans ses pensées, dans ses rêves, toujours là, à la lisière de son champ de vision. Une ombre qui le suivait, l'observait, attendant le moment propice pour frapper. Ethan n'avait jamais été un homme à se laisser surprendre. Ses années, passées dans l'horreur de la guerre, lui avaient appris à être sur ses gardes, à anticiper le danger avant qu'il ne se matérialise. Mais cette fois-ci, quelque chose était différent.

Il se rappelait encore le jour où il avait remarqué pour la première fois cette ombre. C'était juste après le bal de la fête de l'école en automne, alors qu'il sortait de la salle de danse. Les feuilles mortes tourbillonnaient autour de lui, emportées par une brise légère. Il s'était retourné brusquement, certain d'avoir entendu un bruit derrière lui, un murmure étouffé, mais il n'avait jamais pu rattraper cette ombre fuyarde. Désormais, ce sentiment d'inquiétude persistait, il n'était pas seul.

Au début, il avait tenté de se convaincre qu'il s'agissait d'une simple paranoïa, une réminiscence de son passé, un réflexe de survie mal dirigé dans cette nouvelle vie de paix. Cependant plus les jours passaient, plus il se rendait compte que ce n'était pas le cas. Cette ombre était réelle, tout comme la menace qu'elle représentait. Et ce soir, alors que la maison des Ross baignait dans le silence de la nuit, il se décida à agir. Il referma la porte doucement derrière lui, prenant soin de ne pas faire de bruit. Ses pas sur le gravier du jardin étaient calculés, légers, presque imperceptibles. Chaque fibre de son être était tendue, prête à réagir à la moindre alerte. Ses yeux balayaient les environs, scrutant les buissons, les arbres, les recoins sombres où une présence pourrait se cacher.

Les souvenirs de son passé remontaient à la surface, implacables. Il se revoyait, enfant, au cœur du conflit, formé pour combattre, pour tuer. À cet âge où d'autres enfants jouent encore, il avait déjà les mains tachées de sang. Les entraînements, les missions nocturnes, les embuscades... Tout cela avait fait de lui un soldat redoutable, mais à quel prix ? Les cicatrices qui marquaient son corps n'étaient rien comparées à celles qui entachaient son âme. Il inspira profondément, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Cette vie, cette paix qu'il avait trouvée avec la famille Ross, était précieuses. Mais il savait que cette paix était fragile, qu'elle pouvait être brisée à tout moment. Et cette ombre, cette présence qui le traquait, menaçait de tout détruire.

Alors qu'il s'avançait dans le jardin, un bruit attira son attention. Un froissement léger, presque imperceptible, venant de l'autre côté de la haie. Ethan se figea, son corps se tendant instinctivement. Son regard se durcit, cherchant à percer les ténèbres, mais l'ombre ne se montra pas. Elle se déplaçait avec une fluidité et une discrétion que peu de personnes pouvaient maîtriser. Cela confirmait ce qu'il soupçonnait : l'ombre n'était pas un simple poursuivant. C'était un adversaire aguerri, formé, tout comme lui. Il poursuivit sa marche, ses sens en alerte maximale. Le vent soufflait doucement, faisant bruisser les feuilles des arbres, mais Ethan ne se laissait pas distraire. Chaque son, chaque mouvement autour de lui pouvait être un signe, un indice de la présence de son ennemi. Pourtant, il y avait quelque chose d'étrange ce soir-là. Quelque chose dans l'air, une tension palpable qui semblait s'épaissir à chaque pas qu'il faisait. L'ombre n'était pas seule. Il pouvait le sentir.

Le dernier enfant d'AlmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant