Le dernier enfant d'Alma

Chapitre n°4 : Geste impulsif

Ethan se tenait devant son casier, observant les livres empilés à l'intérieur. La première semaine au lycée avait été une série de montagnes russes émotionnelles, et la deuxième semaine s'annonçait tout aussi difficile. Les matières devenaient de plus en plus complexes, et Ethan se sentait souvent dépassé par les attentes académiques. Les souvenirs de ses années de guerre refaisaient surface à des moments inopportuns, la plongeant dans des états de stress et de confusion.

Le soleil de l'après-midi jetait des rayons lumineux à travers les fenêtres du lycée créant des motifs dansants sur le sol, tandis qu'Ethan rejoignait sa salle de classe. Assis au fond de la salle, Ethan essayait de se concentrer sur les paroles de son professeur d'histoire, Monsieur Davis, qui parlait de la Guerre Muhan, cette même guerre pour laquelle Ethan avait combattu depuis sa plus tendre enfance. Les détails des batailles et des horreurs commises résonnaient dans la pièce, mais pour Ethan, c'était une lutte constante de rester ancré dans le présent.

Monsieur Davis, un homme passionné par son sujet, animait la classe avec des anecdotes et des faits historiques, pourtant encore récents. Les autres élèves semblaient fascinés, mais Ethan sentait une lourdeur s'abattre sur lui. Chaque mot du professeur semblait faire écho à ses propres souvenirs sombres et douloureux. Le bruit des bombes, les cris, les odeurs de la guerre... Tout revenait à la surface, incontrôlable, inévitable.

Il sentit une sueur froide perler sur son front. Son cœur accéléra, battant comme un tambour effréné dans sa poitrine. La respiration d'Ethan devint rapide et saccadée. Les murs de la salle de classe semblaient se rapprocher, l'enfermant dans une cage invisible. Ses mains tremblaient sous le bureau, ses doigts agrippant désespérément le bord du bois comme si cela pouvait l'ancrer à la réalité.

« — Monsieur Gray, est-ce que tout va bien ? » Demanda Monsieur Davis, interrompant son discours en voyant l'agitation de son élève.

Les regards de la classe se tournèrent vers lui, augmentant son malaise. Les visages flous et inquiets semblaient se fondre dans une masse oppressante. Léa observait son nouvel ami avec une profonde inquiétude. Elle ne l'avait jamais vu ainsi... Ethan se leva précipitamment, renversant sa chaise dans un fracas sonore. Il recula, trébucha et s'appuya contre le mur, tentant désespérément de trouver de l'air. Les visages familiers de ses camarades se transformaient en figures menaçantes de son passé.

« — Je... Je dois sortir... » Balbutia Ethan, sa voix tremblante.

Sans attendre une réponse, il se précipita hors de la salle, bousculant des élèves au passage. Il courut dans le couloir, cherchant une issue, une évasion. Ses jambes la conduisirent dehors, dans la cour de l'école, où il se laissa tomber sur l'herbe. Il ferma les yeux, essayant de se concentrer sur sa respiration, mais les souvenirs de la guerre étaient trop puissants, trop envahissants.

Il revoyait ses camarades d'infortune, des enfants comme lui, forcés de combattre, de tuer. Les cris de douleur, les pleurs, les ordres hurlés par les commandants résonnaient dans sa tête. Il avait tout fait pour enfouir ces souvenirs, pour les enfermer dans une partie de son esprit où ils ne pourraient plus la hanter, mais aujourd'hui, tout refaisait surface.

Après ce qui lui sembla une éternité, Ethan sentit une présence à ses côtés. C'était Tanya. Elle s'accroupit doucement près de lui, respectant son espace.

« — Ethan, je suis là. Tu es en sécurité ici », dit-elle doucement.

Ces mots simples, mais emplis de sincérité, trouvèrent un chemin à travers le chaos de son esprit. Ethan ouvrit les yeux et croisa le regard bienveillant de cette fille au regard émeraude qu'il connaissait depuis peu. Petit à petit, sa respiration se calma, et il sentit le sol sous lui, réel et solide. Ethan ne se demanda pas un instant pour quelle raison Tanya se trouvait à cet instant précis à ses côtés, alors qu'elle devait avoir cours. Et de son côté, la jeune brunette ne posa pas de questions sur son état. Elle resta simplement là, offrant un soutien silencieux. Ethan comprit alors qu'il n'était pas seul, qu'il pouvait trouver du soutien et de la compréhension, même dans cet endroit où il ne s'attendait pas à en trouver.