Le dernier enfant d'Alma

Chapitre n°6 : Plus fort que ce qu'elle avait imaginé

Ethan se réveilla comme à son habitude avant l'aube, aux alentours de cinq heures. Le souvenir du son strident du clairon résonnait toujours dans sa mémoire comme une empreinte génétique, brisant le silence de sa nuit. En un instant, Ethan fut sur pied, alerte et prêt à commencer sa journée. Il se dirigea rapidement vers sa salle de bain luxueuse, où il se lava le visage, se brossa les dents et se rasa méticuleusement. Puis il se dirigea vers son dressing pour revêtir sa tenue de sport, soigneusement pliée la veille. Chaque matin, il s'efforçait de faire son lit à la perfection, tirant les draps de manière impeccable et alignant les oreillers avec précision, même si dans cette maisonnée, il s'agissait de la tache des domestiques.

Ethan quitta la pièce pour rejoindre le jardin et entama son petit footing dans le froid mordant, son souffle formant des petits nuages de vapeur. La course fut suivie d'exercices de musculation et d'étirements. Pendant une heure, il poussa son corps à ses limites, renforçant son endurance et sa résilience. À la fin de son entraînement, il retourna dans sa chambre pour se doucher. Les cheveux à peine séchés, il se dirigea vers la salle à manger où les domestiques installaient encore les plats du petit-déjeuner de la famille Ross. Il leur accorda un salut presque inaudible puis opta pour des œufs brouillés, des fruits frais, des céréales et du pain. Il se servit également un grand verre de lait, léchant discrètement sa lèvre à l'idée de le boire.

Ethan quitta ses pensées en entendant des pas s'approcher. Il leva discrètement ses beaux yeux bleus et s'empressa de se lever en découvrant l'identité du nouvel arrivant.

« — Bonjour, Ethan, le salua-t-il à moitié réveillé.

— Bonjour, Benedict.

— C'est une belle matinée, n'est-ce pas ? Bien qu'il fasse tout de même un peu froid. T'es-tu couvert convenablement pour ton footing ?

— Benedict... Je tenais à vous présenter mes excuses pour mon exclusion.

— Pourquoi t'excuser ? Demanda-t-il, sincèrement étonné. Lisa m'a tout conté avec précision, dont les propos de ce sale garnement. Je te remercie d'avoir agi.

— Mais... Vous risquez d'avoir des problèmes à cause de moi.

— Si tu ne l'avais pas frappé, je l'aurais peut-être fait, chuchota-t-il comme s'il délivrait un secret. Parler ainsi de Tanya et de ses parents... Comment ose-t-il ? Il ne les a même pas connus ! Que peut-il bien savoir de ce qu'ils ressentiraient ? Moi, je le sais, Ethan. Et ils seraient fiers d'elle. Fiers de voir leur fille avancer. Fiers de voir leur fille devenir ton amie.

— Mais... ses parents sont morts à cause des enfants d'Alma.

— Non. Ses parents sont morts dans un accident. En quoi les enfants d'Alma étaient-ils concernés par la décision des ennemis d'envoyer une bombe à Kisan ? C'est une bénédiction que tu aies été épargné par cette attaque, tous comme tes frères d'armes. Et Tanya a l'âge de le comprendre maintenant », dit-il, avant de sourire.

Ethan écoutait ses mots tout en contemplant les nuages gris qui s'amoncelaient à l'horizon. Il était absorbé dans ses pensées, rongé par la culpabilité qui le tenait éveillé depuis des jours. Depuis que Tanya lui avait appris pour ce terrible bombardement qui avait coûté la vie de ses parents, il ne pouvait s'empêcher de se reprocher ce qui s'était passé. Benedict se pencha lentement vers Ethan, assis à ses côtés, et posa une main réconfortante sur son épaule.

« — Je sais ce que tu ressens, Ethan, commença-t-il. Je vois la douleur et la culpabilité dans tes yeux chaque fois que je te regarde, mais tu dois comprendre quelque chose d'important : tu n'es pas responsable de la mort des parents de Tanya. Ni même de toutes les victimes collatérales de cette guerre qui a duré plus de cent-trente deux ans. »