Le dernier enfant d'Alma

Chapitre n° 22 : V, le dernier enfant d'Alma

L'heure de l'affrontement final entre Kael et Ethan approchait. Après des mois à affaiblir les rebelles de l'intérieur, à semer la discorde et à briser leur soutien populaire, Ethan savait qu'il ne restait plus qu'une étape pour mettre un terme définitif à cette guerre. Kael, le fils charismatique de l'ancien leader des rebelles, était la dernière pièce maîtresse du puzzle. Tant qu'il vivait, la rébellion pouvait encore renaître de ses cendres, mais Ethan Gray était déterminé à faire en sorte que cela n'arrive jamais.

Ethan avait longuement étudié les déplacements de Kael, ses habitudes et ses faiblesses. Il savait que le leader rebelle avait pris position dans une ancienne forteresse en ruine, isolée dans les montagnes du Nord. C'était un endroit stratégiquement défensif, mais aussi un piège pour Kael. Il pensait être en sécurité derrière ses murs imposants et ses soldats bien armés, mais c'était exactement là qu'Ethan allait frapper. Au lieu de lancer une attaque de front qui aurait mené à une confrontation inutilement sanglante, Ethan opta pour la subtilité et la furtivité. Il n'avait pas besoin d'une armée pour battre Kael. Il avait son entraînement, sa patience, et une détermination que rien ne pouvait ébranler.

Il attendit la tombée de la nuit, lorsque la forteresse serait à son plus faible niveau de vigilance. Il se fondit dans les ombres, se glissant silencieusement entre les patrouilles des gardes. Il connaissait la topographie du lieu, savait où les défenses étaient les plus faibles. Ses pas ne faisaient aucun bruit sur les pierres froides alors qu'il progressait vers son objectif : la salle principale où Kael organisait une réunion stratégique avec ses lieutenants les plus proches. Il élimina discrètement deux gardes postés à l'entrée de la forteresse, utilisant la furtivité et ses compétences d'assassin pour passer inaperçu. Chaque mouvement était calculé, chaque respiration mesurée. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Le plus grand danger ne venait pas des soldats, mais de Kael lui-même, un adversaire redoutable qui, comme lui, avait grandi dans la violence et la guerre.

Ethan atteint enfin la salle centrale. De l'extérieur, il pouvait entendre les voix étouffées des hommes à l'intérieur. Kael discutait avec ses généraux de la situation précaire des rebelles. Ils savaient que la guerre tournait en leur défaveur, que les soutiens du peuple commençaient à s'effondrer, mais Kael, fidèle à sa réputation, refusait d'abandonner. Il était prêt à tout pour poursuivre son rêve de « paix ». Ethan attendit le moment parfait. Lorsque la réunion prit fin et que Kael renvoya ses hommes, Ethan frappa. Il ouvrit brutalement les portes de la salle, attirant immédiatement l'attention du leader rebelle. Kael se retourna, surpris, mais rapidement, un sourire froid s'étira sur son visage.

« — Je savais que tu viendrais, V, déclara-t-il d'une voix calme. Depuis le début, je savais que cette guerre ne se terminerait que si l'un de nous tombait. La paix ne pourra s'établir qu'une fois les enfants d'Alma détruit jusqu'au dernier. »

Ethan, immobile, fixa son adversaire. Il voyait dans les yeux de Kael un mélange de folie et de détermination. Cet homme ne reculerait jamais, il ne se rendrait jamais. Il ne restait qu'une solution : le détruire.

« — Tu as déjà perdu, Kael, dit Ethan, son ton calme masquant l'intensité de ses émotions. Tes hommes t'abandonnent, ton peuple ne te soutient plus. Tu ne mènes plus une guerre, seulement une vendetta personnelle.

— Je n'ai jamais eu besoin de leur soutien, clama Kael dans un éclat de rire. La guerre est tout ce qui compte. Elle m'a fait, elle t'a fait. Nous sommes les mêmes, toi et moi.

— Non, dénia Ethan en secouant la tête. Je ne suis pas comme toi. J'ai vu la vérité derrière la guerre, et je sais ce qu'elle détruit.

— Ton sacrifice apportera la paix, V.

— Ne te fous pas de moi !

— La paix ne s'obtient pas par la soumission. Elle s'obtient par la destruction de ce qui vous menace, par l'anéantissement de ceux qui osent croire qu'ils peuvent vous dominer. Pour que nous, le Nord, puissions enfin connaître la paix, il faut que tu disparaisses, V, le dernier enfant d'Alma. Tu es devenu le symbole de la paix pour le Sud, leur espoir, leur légende vivante. Tant que tu vivras, nous serons condamnés à rester dans l'ombre de cette paix artificielle qu'ils imposent à notre terre, assura Kael en plantant son regard dans les yeux bleus polaires d'Ethan, cherchant à capturer son attention. Tu dois mourir. Il ne s'agit pas simplement d'une victoire militaire, il ne s'agit pas de conquérir un homme. C'est la destruction de l'illusion de paix que tu représentes. Une paix qui n'est qu'une farce pour maintenir notre peuple dans la misère. Ils célèbrent leur héros pendant que nous, ici, nous crevons de faim. »