Un excellent WE

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Anne avait bien repéré, dés la sortie de son parking, que l'Audi noire la prenait en chasse. Elle l'avait suivie sur l'autoroute, mais au bout de deux heures, elle l'avait perdue totalement de vue. Juan était-t'il devenu plus discret ou plus malin, elle en doutait. Peut-être avait-t'il abandonné. Vers vingt et une heure, elle était enfin arrivée à l'hôtel à Beauvais. Avait récupéré sa chambre et était ressortie immédiatement pour refaire le plein et manger un morceau, sans cesser de guetter les mouvements de voiture autour d'elle. A dix heure, elle s'était couchée. Quand elle s'était relevée vers minuit pour aller aux toilettes, elle avait encore contrôlé les véhicules garés sur le parking, pour voir s'il y en avait un qui lui était familier, mais rien. Le lendemain, elle avait pris son petit déjeuner à sept heure et avait quitté l'hôtel à huit, pour reprendre la route. Moins de deux heures plus tard, elle commençait à longer la cote d'opale, en remontant vers Boulogne. Les paysages étaient splendides, les nuages bleu acier couvraient l'horizon, laissant passer ça et là des rayons de soleil timides qui venaient éclairer une mer grise. Sur les coups de dix heure, elle s'arrêta dans une boulangerie pour s'acheter des sandwichs et une boisson. Dans la file d'attente, elle regardait à travers la vitrine, tentant de détecter la présence de Juan, mais rien. Elle était presque déçue par son manque d'opiniâtreté, car cette nuit elle avait encore rêvé de lui. Il lui faisait l'amour dans la douche de l'hôtel, puis dans le lit pendant des heures avant de remettre ça, dans les dunes du Touquet. La serveuse avec un fort accent du nord, la sortit de ses songes:

-Vous voulez quoi?

Anne, songeuse, son bas-ventre encore palpitant, avait réglé sa commande et avait reprit sa route vers les falaises du cap Gris-nez. Elle en avait lu un descriptif sur internet. Une balade de douze kilomètres entre le cap Gris-nez et le cap Blanc-nez. Sur un chemin longeant les falaises au milieu de la verdure, descendant de temps en temps sur la plage pour remonter plus loin sur les falaises. Anne avait prévu un pic-pic pour le milieu de son parcours, car étant seule et n'ayant aucune envie de prendre les transports en commun, elle effectuerait l'aller et le retours dans la même journée. Cela ne lui faisait pas peur. Elle était entrainée et équipée pour tous les cas de figures. Elle se gara, sur le parking. Une pente herbeuse, descendait en direction d'une cassure et en dessous on entendait les vagues se briser sur les rochers. La vue n'était arrêtée par rien, à part un obélisque, planté dans la partie la plus haute de la falaise. Anne admira un instant la vue puis elle commença à s'engager sur le chemin. Le temps était incertain mais pour le moment la température était agréable. Un fort vent venu du large animait la végétation autour d'elle. En tout cas il ne pleuvait pas et on était loin des tempêtes automnales. La mer était formée mais la houle était assez calme. Un peu déçue que les éléments soient si cléments elle marcha d'un bon pas emplissant ses poumons de l'iode, profitant des cris des oiseaux jouant avec le vent. Sur le chemin elle avait croisé peu de gens. En revanche, le Cap blanc-nez et son phare attiraient beaucoup de monde. A cette période de l'année ce n'était que des locaux se baladant en famille ou des touristes en retraite. Ils venaient prendre l'air, prenaient quelques photos, puis remontaient en voiture ou dans leurs bus. Anne mangea au pied du phare à l'abris du vent qui semblait avoir forci. Puis après une pose de plus de trente minutes, elle reprit le chemin inverse. Le descriptif annonçait un temps de ballade de trois heures, qu'elle avait effectué en un peu plus de deux, sans se presser particulièrement. Le chemin du retours lui prit un peu plus. La fatigue en était sans doute la première raison, la seconde en était les conditions climatiques qui s'étaient largement dégradées. Le vent avait forci et surtout la pluie sous la forme d'averses, s'était invitée. En arrivant à sa voiture Anne était aux anges. Bien a l'abris dans ses vêtement elle était restée au sec. Seuls ses mains, son visage et ses pieds dans une moindre mesure, étaient trempés. Anne avait encore profité du spectacle, qu'offraient  la pluie et le vent sur la mer et avait reprit la route en direction de Boulogne. Elle avait choisit un hôtel de la vielle ville, pour séjourner. Pas de première jeunesse, il n'en était pas moins confortable et propre. Il offrait l'énorme avantage de ne pas faire partie de ses grandes chaines impersonnelles et fades où les chambres et le mobilier se répétaient à l'infinie. La pension était tenue par une femme, qui l'avait sans doute reçue de ses parents. Elle avait été assez clairvoyante pour faire prospérer son affaire, en un savant dosage d'investissements, tout en gardant le charme du lieu. Anne avait réservé deux nuits. En effet, elle prendrait le chemin  du retours, le Lundi matin et ferait la route d'une seule traite. Pour cela, elle rendait grâce aux trente-cinq heures, qui rendaient ses longs Week-ends possibles. Le Samedi soir, elle sortit en ville pour manger un splendide plateau de fruits de mer, tout en errant dans les rues de la vielle ville. Les restaurants s'animaient dès vingt heure, d'où provenaient des chants et des éclats de voix, perceptibles jusque dans la rue. Le dimanche matin, elle profita un peu de la chambre. Elle avait encore rêvé de Juan, mais cette fois, il ne s'agissait plus de sexe, mais plutôt de harcèlement. Juan lui avait arraché ses vêtements en plein milieu de l'open-space et se moquait d'elle devant tout ses collègues, qui riaient. Elle savait pourquoi il apparaissait sans cesse dans ses rêves. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre qu'il lui plaisait et la dégoutait à la fois. D'abord, il l'attirait pour son charisme, sa voix grave et ses grandes mains. Ses beaux yeux verts, sa larges poitrine, ses épaules de déménageur, y étaient aussi pour quelque chose. Il lui était plus difficile de l'admettre, mais sa notoriété de coureur et de mauvais garçon, l'excitait énormément. En effet, un homme comme lui, devait avoir une certaine expérience, dans le contentement d'une femme. D'ailleurs ses collègues, même après tout le mal qu'il leur avait fait en les quittant, ne rêvaient que de connaitre à nouveau, le bien qu'il leur avait fait, en les aimant. Et puis, Anne ne croyait pas beaucoup en l'amour. Elle-même dans sa manière de consommer le sexe en général, était assez distante avec ses partenaires. Donc cette partie de lui, ne la choquait pas particulièrement. En revanche, ce qui la révoltait, était qu'il laisse croire à toutes ces femmes, qu'il les aimait. c'est cette partie de lui qu'elle haïssait. Son coté insatiable, son coté "Don-Juan Kleenex", qui ne se souciait pas beaucoup de ses victimes, et n'était jamais là pour ramasser les morceaux. Il passait simplement à une autre. 

Anne eut soudain, très envie de le faire passer, entre ses mains expertes, lors d'une de ses séances de "son petit passe-temps favori". Il y perdrait sans doute un peu de sa superbe. Mais cela était trop dangereux et attirerait, inévitablement l'attention sur elle. Même si elle était prudente et brouillait les pistes, comme elle avait appris à le faire, cette "séance" risquait de la compromettre à jamais. En effet depuis cinq ans, elle n'avait fait aucun faux-pas. Elle opérait dans le plus grand secret, trouvant ses "victimes", dans des départements différents chaque fois, les attirant dans la maison isolée de sa grand-mère, dont elle avait hérité. Le temps d'une soirée et même quelque fois, le temps d'un Week-end, si elle avait de la chance. Et puis, elle aussi, passait à autre chose, calmée pour un temps. Elle n'avait pas de type idéale: Blond, brun, grand, petit, homme, femme, tout était bon pour assouvir son besoin.

Anne passa son Dimanche après-midi à marcher sur les plages et dans les dunes. Le temps et le paysage, étaient propices à l'introspection. Juan y prit une place importante. Anne se demanda ce qu'elle devrait faire quand, car c'était certain, il ne tarderait pas à  l'aborder pour lui faire son numéro de grand séducteur. Anne n'y avait jamais eut droit, d'habitude c'était elle qui choisissait ses "partenaires", sur les multiples sites spécialisés, qu'elle utilisait sous différents pseudos. Jamais ils ou elles n'avaient fait machine arrière. Quand elle jouait son rôle de femme introvertie, elle n'avait jamais reçu aucune proposition. Juan serait sans doute le premie. En défense, elle pourrait toujours jouer son rôle jusqu'au bout en poussant sur le coté larmoyant que les hommes, même les plus acharnés, fuyaient. Mais, était-ce son béguin pour Juan, ou le fait que son week-end ait été bouleversé, elle avait presque envie de lui laisser sa chance. 

C'était donc décidé, elle le laisserait s'approcher et selon sa capacité à l'intéresser, elle lui offrirait une chance ou pas.            


Donjuan contre peau d'AnneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant