Une décision difficile.

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Tout le reste de la semaine, Juan laissa à Anne, le loisir de réfléchir, sans tenter de forcer sa décision. Comme auparavant, il l'ignora et cessa même de la défendre devant les autres, bref il était redevenu lui-même. Sauf quand, pour le travail, ils étaient obligés de collaborer. Là, au lieu de la mépriser et de lui donner des consignes agrémentées de pics, de blagues salaces et de frustrations, il lui parlait comme à n'importe lequel de ses collaborateurs. Elle savait que ce n'était qu'une trêve, mais elle appréciait. Car, quelle que soit sa décision, cette trêve ne durerait pas. Si elle décidait de ne pas donner suite à la proposition de Juan, il en serait certainement frustré et re-deviendrait, le connard, prétentieux, aimant l'amour plus que ses partenaires. Dans l'autre cas de figure, Anne savait qu'il disparaîtrait.

 Dans les deux cas, elle resterait seule. 

Le vendredi, elle n'avait toujours pas prit de décision. Depuis le martin, Juan, la pressait du regard, en la fixant dés qu'il le pouvait, mais elle restait fuyante. Après le déjeuner, il remonta dans les bureaux et chercha Anne. Il la trouva dans les toilettes en train de se laver les mains. 

-Ecoutez, je ne veux pas vous presser mais, j'ai besoin d'une réponse. 

-Je ne sais pas si on doit....

-Moi j'en ai très envie, même si il ne se passe rien entre nous, je veux vous découvrir en dehors du travail, en dehors de cette ville.... Là où vous êtes vous-même.

-Vous en êtes sure? Même si vous risquez de me haïr?

-Faites-moi confiance! 

A ce moment là Sylvie entra dans les WC et l'air amusée elle dit:

-Salut, les tourtereaux!

Anne reprit son rôle habituel, Sylvie entra dans le WC, mais Juan ne prit même pas la peine de nier. Anne avant de sortir vers l'open-space, lui fit signe qu'ils finiraient plus tard. 

Le reste de l'après-midi, même s'il se terminait à seize heure trente le vendredi, lui parut très long. Le pour et le contre s'affrontaient dans sa tête et quand elle pensait avoir prit une décision elle en changeait, la minute suivante. Vers quinze heure, elle était dans la réserve, pour un rapide inventaire des fournitures, quand elle entendit des voix d'hommes à la photocopieuse. C'était Juan et Alain qui se parlaient.

-Alors, tic-toc, tic-toc. Tu n'as plus que jusqu'à lundi, il va falloir conclure et en apporter la preuve. 

-Ecoute, on considère que tu as gagné. J'abandonne.

-Hors de question, tu as jusqu'à Lundi matin, huit heure. 

-Ok, mais commence à choisir un restau....

Alain avait quitté la pièce, Juan était seul à la photocopieuse, mais elle ne bougea pas. Et si Juan avait vraiment changé? Mais l'idée qu'il ait pu organiser ce petit dialogue, juste pour elle, afin de  finir de la convaincre, germa dans sa tête, comme un virus qui se propage. Dés-lors elle prit sa décision. Elle griffonna un mot sur un bout de papier et le posa sur le bureau de Juan en regagnant le sien. "Attends-moi au bureau, on doit se parler."

Juan avait ramassé le papier, l'avait lu immédiatement, puis il l'avait jeté à la corbeille. A seize heure trente, l'étage se vida et Anne fut l'une des premières à le quitter, pour ne pas éveiller les soupçons. Puis elle était partie en direction de son bus, se noyant dans le flux des passants. Enfin elle était rentrée dans un centre commercial, pour en sortir par une autre issue. Elle retourna dans l'immeuble de bureau en entrant par le parking, et était remontée à l'étage par l'ascenseur, chose qu'elle ne faisait jamais. Elle entra avec prudence et trouva Juan assis à son bureau.

-On est seuls.

Elle s'approcha.

-Ok!  

-Mais c'est moi qui fixe les règles. On prend ma voiture et vous ne posez aucune question. Vous faites ce que je vous dis, sinon je fais demi-tour. 

-Je peux juste savoir où vous m'emmenez?

-Dans un lieux important pour moi. 

-Mais je dois emmener quoi?

-Vos affaires habituelles pour deux jours. Vous rentrez chez vous et vous faites votre sac. Moi je vais faire le mien et je vous récupère en bas de votre immeuble dans, elle regarda sa montre, un peu plus d'une heure.

Une heure plus tard, Anne se gara et Juan ne tarda pas à arriver. Sans le regarder, elle ouvrit son coffre à distance, Juan y jeta son sac et monta dans la voiture. Elle démarra.

Elle était inquiète car elle n'était toujours pas certaine d'avoir prit la bonne décision. Juan à coté d'elle, la dévisageait sans en perdre une miette. Son regard, allait de son visage jusqu'à ses pieds , ce qui l'énerva passablement.

-Vous avez attaché vos cheveux en arrière, ça vous va tellement mieux. Ça dégage votre visage. Vous ne devriez pas le cacher comme ça.

-Si vous ne la fermez pas, je fais demi-tour.

Le calme était revenu, Anne était contente de sortir de la ville et de son trafic dense, pour le calme de la campagne. 

-On en a encore pour longtemps?

Anne ne répondit pas, elle gara la voiture sur le bord de la route et se tourna vers Juan. Elle lut dans son regard, qu'il craignait que leur pacte ne soit rompu. 

-Une dernière fois, vous êtes sure de vous?

-On ne peut plus sure.

Anne sortit de la poche de sa veste, un bandeau de satin noir. 

-Mettez ça.

Juan fit une moue qui ressemblait à "vous voulez rire?" Mais elle ne changea pas d'attitude, pour lui rappeler sa promesse de jouer selon ses règles, alors il s'exécutât.

Anne reprit la route, en vérifiant de temps en temps que le bandeau soit toujours en place. En arrivant prés de la vielle maison, que lui avait légué sa grand-mère, elle fit plusieurs détours, passa plusieurs fois devant la maison et finit par s'adresser à lui. 

-Nous sommes bientôt arrivés. N'enlevez pas le bandeau. Une fois la voiture arrêtée, je vous guiderai jusqu'à l'intérieur. Je vous enlèverai le bandeau moi-même quand ce sera possible. 

Juan fit un signe de la tête pour signaler qu'il acceptait, alors la voiture s'arrêta.  






Donjuan contre peau d'AnneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant