Retour à la réalité

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Pourquoi avait-il fallut qu'il s'intéresse à elle? Depuis six ans, maintenant qu'il la côtoyait sans la voir, pourquoi avait-il fallut qu'il s'arrête, pour la regarder? Et surtout pourquoi avait-il fallut qu'elle le laisse entrer dans sa maison? Ses "fièvres" nocturnes lui avaient suffit pendant toutes ces années. Au moins, dans ses rêves, il n'avait aucune chance de la décevoir. Alors que maintenant qu'elle l'avait laissé pénétrer dans sa vie, dans son intimité, dans son coeur, elle était devenue vulnérable. Un énorme trou dans sa carapace venait de s'ouvrir, laissant son coeur à la merci du plus grand séducteur que la terre ait porté. Mais en avait-il seulement conscience de sa vulnérabilité? Il faut dire qu'il ne la connaissait pas vraiment et ne pouvait qu'imaginer quelle avait été, durant ces années, sa manière de consommer ses amants. Car ce week-end, elle n'avait été que l'ombre d'elle-même. Incapable, d'être dure, incapable de lui faire mal, incapable de se venger de toutes ces années de maltraitance. 

Pourtant tout avait bien commencé. Comme prévu il était tombé dans son piège, incapable de résister à l'attrait de la mystérieuse Anne. C'est lui qui l'avait même supplié de lui montrer son vrai visage. C'est comme ça qu'elle l'avait attiré dans son antre. Il faut bien dire qu'elle avait tant fantasmé ce moment, qu'elle était particulièrement excitée de pouvoir prendre le meilleur de Juan, c'est à dire son sexe tendu, et d'humilier le reste du personnage. C'est pourquoi, le premier soir, pour assouvir son besoin de sexe, elle avait prit rapidement son plaisir. Laissant libre-court à sa haine des hommes, tout en prenant des photos de Juan,  pensant déjà à leur retour dans l'entreprise et au chantage qu'elle pourrait opérer sur lui pour qu'il se taise. Mais rapidement, elle avait eu pitié de lui. Son air de petit garçon perdu, la sensualité de son corps, la force de son torse, la douceur de ses yeux, la chaleur de sa voix et le sucre de ses baisers.....

Au matin, elle n'avait pas résisté au plaisir de le surprendre dans son lit. La seule perspective de ce coït à l'eau de rose, aurait fait vomir la Mante qu'elle était, une semaine en arrière. Elle s'était jurée après cela de se reprendre. Mais le Samedi s'était écoulé comme dans un rêve. Juan s'intéressait à elle sans la juger et se livrait lui-même. Il rentrait dans sa vie sans s'étonner de rien, et pour elle, c'était comme si il avait toujours fait partie du décor. Il faisait des efforts pour lui plaire. Il était là pour elle. Il la respectait, sans tenter de la changer ou d'accélérer les choses entre eux et essayait de la comprendre. Etait-ce cela le secret de ce "serial séducteur"? Avait-elle succombé, comme les autres? A vouloir trop s'approcher de la flamme, elle s'était brulé les ailes. Avait-elle encore la possibilité d'inverser la tendance pour éviter de se consumer, et de perdre son âme et sa liberté?

La nuit du Dimanche, elle n'avait pas beaucoup dormi. Elle craignait plus que tout le dure retour à la réalité des choses. Elle redoutait, de retrouver le Juan triomphant qu'elle avait connu. Elle savait maintenant, que si il décidait de parler de ses secrets avec ses copains, elle n'aurait de choix que de fuir vers une autre ville, un autre travail, pour tout recommencer ailleurs. Les quolibets des uns et des autres, elle pourrait encore s'en accommoder, mais la trahison de Juan ça, elle ne pourrait pas la supporter.

Ce Lundi matin, elle n'avait gout à rien, la peur au ventre, elle n'avançait pas dans ses préparations pour se rendre à son travail. Mais tant bien que mal, elle finit son sac, rangea son petit-déjeuner et sortit pour prendre son bus. Il lui échappa à une seconde prés, mais elle attendit le suivant, plongée dans ses pensées les plus noires. Quelques minutes plus tard, elle arriva dans le hall de l'open-space, le coeur battant. Elle savait qu'à cette heure, tout le monde était déjà arrivé et que pendant une minute, le temps de rejoindre son bureau, elle serait le point de mire de tous les regards. Elle entra, et commença à avancer parmi les bureaux occupés par ses collègues. Personne ne leva les yeux sur elle, sauf Juan qui la gratifia d'un sourire bien-veillant. Aucun, rire, aucune remarque. Juan n'avait pas parlé ou pas encore. Soulagée, elle entama sa petite routine rassurante, en se plongeant corps et âme dans son travail, sans se soucier des autres. Après le déjeuner, elle s'attendait au pire, mais encore une fois, tout le monde revint sans se soucier d'elle.

Donjuan contre peau d'AnneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant