LOUISA
Allongée sur une chaise longue au bord de la piscine, je profite du soleil en ce début de mois de juin pour prendre des couleurs et poursuivre mes révisions en attendant le retour de Camila. La notion abordée de ce jour : la prise en charge des patients en soins palliatifs.
Je lève le nez de mon bouquin et admire le jardin magnifiquement entretenu tout en appréciant le chant des oiseaux. Qu'est-ce que ça me fait bizarre de passer du temps dehors, entourée de verdure ! Pouvoir respirer l'air extérieur, sentir ce léger vent sur ma peau et être en contact avec la nature me font un bien fou. Je me sens plus détendue, plus sereine. Ce sont des sentiments qu'il ne m'a jamais été possible de ressentir depuis ma naissance. Seuls l'anxiété, le stress et la tristesse m'ont bercée durant toutes ces années.
Les rayons UV du soleil tapent sur ma peau, je pose le livre que m'a offert Camila pour m'étaler de la crème solaire. Ma mélanine n'a jamais été sollicitée, il faut que je sois vigilante pour éviter d'attraper un coup de soleil, voire même une insolation. Je me laisse encore dix minutes avant de retourner à l'ombre.
La piscine creusée face à moi me fait de l'œil depuis tout à l'heure. La limpidité de l'eau me donne envie d'y entrer pour me rafraîchir.
D'après Camila, la piscine n'est pas aussi profonde que ça, j'ai donc pieds. Cette idée me rassure. Non pas que je ne sache pas nager, mon professeur d'Éducation Physique et Sportive de l'époque me l'a appris lorsque j'étais scolarisée. Mais, je ne me suis plus baignée depuis mes seize ans, il est donc normal que je ne sois pas très téméraire.
Vêtue d'un tee-shirt blanc et d'un short de la même couleur, j'utilise mon livre en guise d'éventail. Il fait quand même chaud ! Ma poitrine trop généreuse ne m'a pas permis d'emprunter un maillot de bain à Camila. Ceci dit, ce n'est pas plus mal. Aucun maillot lui appartenant n'aurait permis de couvrir l'intégralité de mon dos, partie de mon corps que je refuse d'exposer. Il m'en faudrait un couvrant, semblable à une combinaison de plongée. En attendant, je profiterai d'une fin de soirée, à l'abri des regards, pour me dénuder et me baigner.
Je positionne sur ma tête les lunettes de soleil que m'a prêtée Camila, qui sont d'ailleurs excentriques, en forme de cœur, en sirotant mon diabolo grenadine.
Je repère un garde à travers la baie vitrée en train de vérifier que je n'ai pas bougé depuis ces quinze dernières minutes. Je ne suis pas naïve à ce point, je me doute bien qu'il a pour mission de me surveiller en l'absence des Alvarez, et surtout en l'absence de Camila, partie depuis deux heures. Néanmoins, j'apprécie sa discrétion. Reconnais que tu savoures ce sentiment de liberté. C'est le cas. Pour la première fois de ma vie, je n'étouffe pas, je respire. Je me sens... vivante, libre. C'est le comble pour une prisonnière de penser ça.
Les dix minutes que je m'étais fixée étant écoulées, je me lève de la chaise longue pour me placer à l'ombre, sur la terrasse. Je me sens tellement bien dehors que je n'ai aucune envie de rentrer à l'intérieur. Je serais même capable de dormir dans le hamac accroché au fond du jardin.
– Purée, je n'en peux plus, j'ai trop chaud !
Chargée de sacs, Camila passe la baie vitrée en soufflant sur une mèche de cheveux tombée sur son visage. Elle dépose les sachets sur la petite table et s'écroule dans le fauteuil.
– Comment s'est passée ta session shopping ? lui demandé-je.
– J'ai adoré faire les magasins pour toi. Bon, par contre, tu me prêteras des vêtements parce qu'ils sont canons.
Camila a tenu à se rendre en ville cet après-midi pour remplir ma garde-robe. Initialement, j'ai refusé qu'elle dépense de l'argent pour moi. Il en était hors de question. Mais son pouvoir de persuasion a eu raison de moi, j'ai donc fini par me laisser convaincre. "Ce n'est pas l'argent qui nous manque Louisa. Pour ma famille, t'acheter une tonne de vêtements c'est comme si nous enlevions une brindille dans un ballot de paille" m'a-t-elle dit. Sacrée comparaison. Toutefois, quand je vois tous ces sacs, j'espère qu'elle a pris en compte ma demande.

VOUS LISEZ
Oxygène
RomanceDepuis sa naissance, Louisa subit les violences de son père, un mafieux en quête de pouvoir. Séquestrée dans sa maison située en Andalousie, elle garde espoir de pouvoir réaliser son rêve le plus cher : quitter cette vie misérable. Toutefois, Louis...