Chapitre 16

1.5K 55 12
                                        

LOUISA

Je m'ennuie tellement que j'en viens à fredonner les premières musiques qui me viennent à l'esprit, comme si j'avais cliqué sur une playlist aléatoire dans mon cerveau.

À défaut de massacrer les paroles des chansons espagnoles, ma langue natale, les italiens et les anglais me haïraient s'ils m'entendaient.

Néanmoins, ma culture musicale est assez développée car écouter des chansons faisait partie de mes rituels journaliers chez mon père. En passant par Enrico Iglesias, Shakira, Andrea Bocelli ou encore John Lennon, j'ai tenté de garder le moral.

La musique est mon échappatoire. Elle m'aide à m'évader, à m'apaiser et à rester positive peu importe la situation dans laquelle je suis, même la plus merdique. La musique me rend tellement heureuse que je suis capable de rire alors que je suis censée pleurer.

En fredonnant La Solitudine de Laura Pausini, inutile de préciser pourquoi, je longe les murs de la cave dans le but de me dégourdir les jambes.

Au moment du refrain, je commence à tourner sur moi-même, emballée par les paroles. C'est le moment où Vito décide d'ouvrir la porte qui m'enferme. J'étais tellement dans mes pensées que je ne l'ai même pas entendu descendre les escaliers.

Il s'appuie sur l'encadrement de la porte, croise les bras et un sourire niais se dessine sur ses lèvres.

– Continue, je t'en prie, tu as toute mon attention.

Sans lui répondre, je retourne m'asseoir sur le lit de camp. Je suis si gênée qu'il m'ait surprise dans ce moment d'évasion alors que je suis sa prisonnière. Ceci dit, il peut comprendre qu'il est tout à fait concevable de faire des choses complètement insensées lorsque l'on tourne en rond dans un petit espace depuis un certain temps.

– Moi qui pensais te retrouver dans un état lamentable suite à des jours d'enfermement, je n'imaginais pas une seule seconde te surprendre en train de chanter et danser. Tout compte fait, tu n'as pas l'air d'être malheureuse donc tu vas rester ici, ajoute-t-il en se retournant vers la sortie.

Rester ici ? Avait-il l'intention de me faire sortir de cette cave ?

– Vito attends ! m'écrié-je pour le retenir, toujours assise sur le lit.

Il se retourne lentement et ses iris noisette me scrutent.

– Comment connais-tu mon prénom Louisa ?

Je perçois de l'énervement dans ses yeux.

Pourquoi est-il énervé à l'idée que je connaisse son prénom ? C'est une information totalement dérisoire au regard de la situation actuelle. La réponse à sa question est que je l'ai entendue lorsque Camila s'est adressée à lui dans la cage d'escaliers. Mais je me garde de le lui dire.

– Vito rime bien avec bastardo* donc j'en ai déduis que ça pouvait être ton prénom, déclaré-je avec un air malicieux. Bingo, en plein dans le mille !

Non mais Louisa tu es complètement cinglée ! Pourquoi tu le cherches ? Tu veux mourir ou quoi ?

Il s'approche de moi en me pointant du doigt. Malgré qu'il ait gardé une certaine distance de sécurité entre nous, de la dangerosité émane de tout son corps.

– Écoute-moi bien princesa creída, Vito rime surtout avec loco**. Par conséquent, je te déconseille de me chercher, sinon tu pourrais le regretter.

De nouveau, il s'apprête à quitter la cave. De nouveau, je tente de le retenir. Cette fois, je ne l'interpelle pas. Toujours assise sur le lit de camp, je me penche en avant pour le saisir par le poignet.

OxygèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant