VITO
Après trois heures de vol, je pose enfin les pieds sur le tarmac. Je respire l'air rafraîchit par la nuit tombée et sort mon téléphone pour désactiver le mode avion. Deux messages.
Ivana : Ravie d'avoir fait ta connaissance. À la prochaine :)
Je ne réponds pas au message. Je n'ai aucune envie de me taper la fille du chef de gang croate. Elle m'a pourtant fait du rentre dedans pendant ces deux jours, mais je ne vais pas risquer de compromettre l'accord signé avec lui pour le cul de sa fille. Toutefois, je me suis senti obligé de lui donner mon numéro puisqu'elle me l'a demandé devant son paternel. Je ne pouvais pas refuser. C'est une femme très charmante, certes, toutefois, je ne ressens pas de désir à partager un moment intime avec elle.
J'ouvre le second message.Camila : Excellente journée pour Louisa et moi. Je suis allée lui acheter des fringues cet après-midi. Léandro m'a dit qu'elle n'avait pas cherché à quitter la maison. Soirée Netflix ce soir. On a fait des crêpes et on vous en a laissé. Nous serons sûrement couchées quand vous rentrerez. Bisous frérot !
Je n'ai pas pu m'empêcher de demander des nouvelles à ma sœur. À chaque moment où je me retrouvais seul dans ma chambre d'hôtel en Croatie, mon esprit voyageait jusqu'en Andalousie. J'imaginais Camila et Louisa faire des trucs de filles, et j'aurais bien aimé être une petite souris. Je voulais savoir ce qu'elles faisaient. Je voulais savoir ce qu'elle faisait.
J'ai hésité à envoyer un message à ma sœur. Ne lui en ayant jamais envoyé pour savoir si tout allait bien lorsque je partais pendant plusieurs jours, je me suis retenu de ne pas le faire.
Pourquoi te retenir de lui en envoyer un ? Tu as quelque chose à cacher ? Tu ne veux pas qu'elle comprenne ce que toi même tu ne comprends pas ? Non car il n'y a rien à comprendre. Je veux juste savoir si notre prisonnière ne lui fait pas vivre un enfer.
Se fût un échec total. Je n'ai pas su me retenir. Mes doigts ont tapé le message et l'ont envoyé avant même que je ne m'en rende compte.
Et, à cet instant, sur ce tarmac, je réalise une nouvelle fois que je viens d'en taper un nouveau que j'aurai dû me garder de lui envoyer.
Vito : On vient d'atterrir, on arrive. Vous dormez ?
Camila : Ne fais pas semblant que mon sommeil t'intéresse s'il te plaît.
Pourquoi elle me dit ça ?
Mon téléphone vibre une nouvelle fois.Camila : Voilà l'information que tu veux ; elle dort.
Tu es grillé !
Bon, OK, j'ai la réponse que j'attendais sans même lui avoir posé la question. Je ne peux rien lui cacher. Elle me connaît par cœur.
Sans m'en avoir clairement parlé, je me suis douté que Camila avait remarqué mes regards insistants envers Louisa. En présence de femmes, elle m'a toujours connu totalement détaché et ignorant. Et là, face à la fille d'Alarico, je ne peux pas faire semblant. C'est plus fort que moi, je n'y arrive pas. Malgré ses nombreux clins d'œil lorsqu'elle s'aperçoit que je regarde Louisa, ma sœur n'a jamais engagé cette discussion. Et tant mieux.
Des sentiments contradictoires, partagés entre la déception et le soulagement qu'elle sera endormie à mon retour, m'envahissent. D'un côté, j'aurai aimé voir sa petite tête blonde avant d'aller me coucher. D'un autre, c'est mieux comme ça. Garde bien en tête la promesse faite à ton père.
Je range mon téléphone dans ma poche et suit Tobias, qui monte dans la voiture. Direction la maison.
Arrivé chez moi, je dépose la valise sur mon lit et saisis mes vêtements pour les mettre dans le panier à linge sale. J'enlève ma Rolex, la range délicatement dans son étui, et me déshabille pour prendre une douche relaxante avant d'aller me coucher.
Enveloppé dans mes draps, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je ne peux pas mettre mon insomnie sur le compte du décalage horaire puisqu'il n'y en a pas entre la Croatie et l'Andalousie.
Je descends dans la cuisine pour me remplir un verre d'eau. En remontant, j'entends la voix de Louisa.
– Non, pitié, je suis désolée.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
– S'il te plaît, épargne-moi.
À qui parle-t-elle ? Elle semble terrorisée.
Je me précipite dans sa chambre et, grâce à la lumière du lampadaire extérieur, distingue la silhouette de Louisa se tortiller dans son lit. Elle fait un cauchemar.
– Je... attention... prochaine fois... promis.
Je l'entends renifler. Pleure-t-elle ? Je m'approche silencieusement. Je ne sais pas comment réagir, quoi faire. Dois-je la secouer pour la réveiller ? Dois-je la rassurer ? Je ne suis pas un habitué de gestes affectueux envers la gente féminine.
– Aïe... mal, gémit-elle.
Elle se recroqueville en position fœtale dans ses draps. La voir dans cet état de détresse, aussi vulnérable et apeurée, me retourne le ventre. Aucun homme, aussi mauvais soit il, ne peut laisser une femme dans un tel état sans ne rien faire.
Dans un instinct de protection, je prends l'initiative de me glisser dans son lit et de la coller contre moi tout en la serrant dans mes bras. Elle tremble. À travers son tee-shirt en coton, je sens son corps gelé qui me refroidit le torse. Je tente de la réchauffer en remontant la couverture et en frottant mes mains sur ses bras. Je lui susurre des mots réconfortants.
– C'est tout, tu es en sécurité, tenté-je de la rassurer. Tu fais juste un cauchemar.
Elle se retourne et se blottit davantage contre moi. Dans son mouvement, son odeur corporelle emplit mes narines. Elle sent divinement bon. Sa tête est calée contre mon torse, j'entends sa respiration ralentir, signe qu'elle se calme à mon contact. Je la serre davantage dans mes bras et pose mon menton sur son crâne.
– Alvarez... pas comme toi.
Même si elle semble toujours submergée dans son cauchemar, un soulagement est perceptible dans sa voix. À qui parle-t-elle ? Quelle personne la met dans cet état ? Dans un geste tendre, j'entreprends des caresses dans ses cheveux soyeux.
– Père... pas comme toi.
Alarico. Dans son cauchemar, elle est face à lui. Elle l'a supplié de l'épargner, elle lui a promis de ne pas recommencer, elle a senti une douleur infligée.
Qu'a-t-elle pu bien vivre chez son père ? Qu'est-ce que cet hijo de puta a-t-il bien pu lui faire ?
J'en étais convaincu, maintenant, j'en ai la certitude. Ma première idée était la bonne. Louisa n'a rien à voir avec son père.

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Oxygène
RomanceDepuis sa naissance, Louisa subit les violences de son père, un mafieux en quête de pouvoir. Séquestrée dans sa maison située en Andalousie, elle garde espoir de pouvoir réaliser son rêve le plus cher : quitter cette vie misérable. Toutefois, Louis...