LOUISA
Je m'approche discrètement de l'endroit où j'ai entendu les rires et analyse, cachée derrière la porte laissée entrouverte, la pièce pour prendre connaissance des lieux. L'immense canapé d'angle en cuir noir placé au fond du salon et la télévision incurvée suspendue me permettent de déduire qu'il s'agit du salon, endroit où m'a donné rendez-vous Camila tout à l'heure. Allez Louisa, courage !
Je visualise Vito, appuyé d'une main sur la table de billard en train d'observer Alessio viser sa prochaine boule. Même si je n'ai jamais eu l'occasion de faire une partie, je connais les règles du jeu que j'ai apprises lors d'une émission télévisée. Quand on reste à longueur de journée dans sa chambre et que l'on s'ennuie, il faut bien trouver des activités pour passer le temps.
De là où je me situe, la vision qui s'offre à moi n'est pas désagréable. Vito est dos à moi, habillé dans une tenue décontractée. Son tee-shirt blanc près du corps laisse imaginer ses trapèzes dessinés par-dessous et le jean qu'il porte moule ses fesses bombées. Et quelle paire de fesses !
Je repère Alessio de l'autre côté de la table. Il se penche pour taper dans la boule blanche. Il réussit son coup, prend un air malicieux pour narguer son ami, puis se déplace pour jouer à nouveau.
– Pas de sentiment, Vito. Je ne te laisserai pas gagner, le charrie-t-il.
C'est le moment que je choisis pour ouvrir la porte et m'introduire dans la pièce. Dès qu'Alessio m'aperçoit dans l'encadrement de la porte, il se relève et fait un signe de tête à Vito pour qu'il se retourne. Les deux hommes me regardent, ce qui me rend extrêmement mal à l'aise. Je trépigne sur place et frotte nerveusement mes mains. J'inspire profondément avant de prendre la parole.
– Bonsoir. Camila m'a dit que je pouvais descendre donc ...
– PAPA, CAMILA, VENEZ ! crie Vito en m'interrompant. ELLE EST LÀ !
– Je m'appelle Louisa. Pas besoin d'utiliser le pronom elle, lui lancé-je, agacée par son dédain.
– Je t'appelle comme je veux.Vito m'ignore ensuite, dépose lourdement sa queue de billard dans un pot puis saisit son verre posé sur le bar qu'il remplit en soufflant assez fort pour que je l'entende. Imbécile ! Imbécile, d'accord, mais canon aussi. C'est un imbécile canon.
– Installe-toi dans le canapé, je vais les chercher, me propose Alessio.
Leur réaction face à ma présence est pour le peu différente. Pendant que Vito adopte un air méprisant, son ami, lui, paraît adouci comparativement à la dernière fois qu'il est venu dans ma chambre.
Timidement, je prends place sur un fauteuil. Le dos redressé, les mains jointes et posées délicatement sur mes genoux, j'attends avec impatience l'arrivée de Camila et Tobias.
Vito s'installe dans un autre fauteuil, face à moi, et pose sa cheville sur le genou opposé. Il me fixe, je le fixe. Nous ne prononçons aucun mot. Notre combat s'effectue avec pour unique arme : notre regard. Pourquoi les autres n'arrivent-ils pas ? Dépêchez-vous !
Les secondes qui passent durant lesquelles nous nous dévisageons me paraissent des heures.
À mon plus grand soulagement, puisque je n'aurai pas réussi à tenir ce combat visuel plus longtemps, Tobias entre dans le salon, vêtu de son éternel costume.
– Bonsoir Louisa. Je ne pensais pas que tu serais descendue dès ce soir, même si nous espérions que tu le fasses, me dit-il en s'approchant de moi. Mais sache que nous sommes ravis que tu sois parmi nous.

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Oxygène
RomanceDepuis sa naissance, Louisa subit les violences de son père, un mafieux en quête de pouvoir. Séquestrée dans sa maison située en Andalousie, elle garde espoir de pouvoir réaliser son rêve le plus cher : quitter cette vie misérable. Toutefois, Louis...