Chapitre 1

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LOUISA

La sonnerie retentit. Après trois heures de cours sur les maladies auto-immunes avec le Docteur Aguado, je suis exténuée. Je me lève de ma chaise et range mon bloc-notes ainsi que ma trousse dans mon sac. Paula, toujours assise à mes côtés, enregistre son fichier sur son  ordinateur avant de l'éteindre.

– Louisa, avant de rentrer chez nous et d'ingurgiter tout ce vocabulaire sur le dysfonctionnement du système immunitaire, ça te dit une petite pause au Starbucks ?

PAN !

Après les cours, Paula et moi avons instauré un rituel nous permettant de s'aérer l'esprit avant de passer notre soirée à réviser pour les prochains examens. Nous adorons parler de notre vie autour d'un milk-shake à la fraise pour elle et d'un café noisette supplément chantilly pour moi.

PAN, PAN !

– Avec grand plaisir parce que je sens que mon cerveau est incapable de retenir quoi que ce soit d'autre avant une bonne heure. Avant de partir, il faut que je passe au bâtiment D pour prévenir Esteban que je rentrerai plus tard à l'appartement.

PAN !

– Pas de souci Madame la romantique complètement mordue de son mec !

PAN, PAN, PAN !

J'ouvre les yeux en sursautant. Les battements de mon cœur sont si rapides que j'ai la sensation qu'il va sortir de ma poitrine. Je me concentre sur ma respiration pour retrouver un rythme plus calme. Apparemment, c'est ce qu'il faut faire pour contrôler un début de crise d'angoisse.

Après avoir repris mes esprits, je m'étire et grogne en réalisant que cette vie à l'université n'est qu'un rêve. Le Docteur Aguado et Paula n'existent pas. Esteban n'existe pas. Enfin, lui n'existe plus.

Le retour à la vie réelle est bien plus difficile quand je passe la nuit à imaginer celle que j'aimerais avoir. Je ne demande pas grand chose : juste une amie et des cours pour apprendre le métier d'infirmière. Le petit copain n'est que facultatif.

PAN !

Je regarde mon réveil qui affiche sept heures trente. Depuis quelque temps, mon frère prend un malin plaisir à s'entraîner au tir très tôt le matin. Par manque de chance, la pièce se situe au rez-de-chaussée, juste en-dessous de ma chambre. Le bruit des détonations résonnent dans la pièce et Rafael adore me réveiller de cette manière. Sadique ? Totalement. Je préférais quand il me réveillait en vidant une bouteille d'eau glacée sur moi, c'était moins... angoissant.

Je me lève et refais proprement mon lit. Tu as raison Louisa, ne déclenche pas une guerre inutilement. En secouant la couette, je fais tomber mon livre sur les maladies auto-immunes par terre. Je me suis probablement endormie en pleine séance de révisions. Je le ramasse rapidement et le cache dans sa boîte, en-dessous de mon lit. C'était totalement imprudent de ma part de ne pas l'avoir remis à sa place hier soir. Si mon père l'avait vu, j'aurais passé un sale quart d'heure.

En tant que trafiquant d'armes réputé en Andalousie, il n'est pas le genre d'homme à vouloir que ses enfants fassent des études. D'ailleurs, il préfère que mon frère et moi restons dans son monde dangereux et infesté de requins. Il nous a même fait arrêter l'école à seize ans parce que, d'après lui, « ça ne sert à rien ».

De ce fait, j'évite de crier sur tous les toits que je rêve de travailler dans un hôpital pour soigner quotidiennement des malades et, surtout, que j'étudie en cachette.

Je me dirige vers ma salle de bains, dont l'unique accès est celui de ma chambre, ce qui m'arrange car je ne la partage pas avec mon père ou Rafael. Ceci dit, avec les sept suites parentales qui constituent ma maison, le comble aurait été que je n'ai pas mon intimité.

OxygèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant