LOUISA
À travers la fenêtre de la voiture, je suis émerveillée de voir le soleil se coucher derrière les montagnes. C'est un spectacle que j'ai rarement eu l'occasion de voir. Je dirais même qu'une seule fois, avant celle-ci.
C'était lors d'un rendez-vous en urgence chez le médecin suite à une douleur insupportable dans le ventre. Ce dernier avait proposé de m'ausculter après sa journée de travail. J'avais pu admirer ce beau paysage au retour du rendez-vous.
Je me rappelle de l'énervement de mon père quand je lui avais fait part de cette douleur. Il pensait que j'étais enceinte.
Quelle ironie ! C'était l'arrivée de mes premières menstruations.
Le médecin avait été témoin de la violence de ses mots et de ses gestes à mon égard. Il avait compris ce que j'endurais. J'avais espéré qu'il me sauverait des griffes de mon père mais les liasses de billets qu'il lui avait donné en échange de son silence étaient trop tentantes.
C'est ce que l'on appelle la non assistance à personne en danger.La voiture se positionne devant un grand portail noir dont chaque barre de fer se termine par une fleur de lys. Un garde sort de sa cabine, regarde qui se trouve dans le véhicule, à savoir Alarico, Rafael, le chauffeur et moi, puis nous autorise l'accès.
Nous longeons un chemin de graviers blancs délimité par de grands arbres alignés dans une symétrie parfaite. Au loin, je perçois une maison de maître recouverte de lierres. Elle est magnifique.
Notre véhicule arrive dans la cour, contourne la fontaine centrale et s'arrête devant les marches. Notre chauffeur met sa main sur la poignée pour ouvrir sa portière quand l'affreuse main rugueuse de mon père se pose sur son épaule dans le but de le stopper dans son élan. Alarico se retourne, me fixe et me pointe du doigt.
– Dernière fois que je te préviens, tu te comportes correctement ce soir sinon...
Il n'a pas besoin de terminer sa phrase. Je sais.
J'acquiesce d'un signe de tête. Sa main se détache de l'épaule du chauffeur, signe qu'il peut sortir du véhicule. Il le contourne, ouvre la portière de mon père qui en sort, puis en fait de même pour mon frère.
Pendant ce temps, j'attends sagement dans la voiture.
Je me concentre sur ma respiration pour ralentir les battements de mon cœur. Ce n'est pas le moment d'avoir une crise d'angoisse.Le chauffeur m'ouvre la portière arrière gauche et je sens la douceur de l'air sur mon visage en ce mois de mai.
La saison d'été va bientôt commencer. Le jour, le soleil rend l'atmosphère relativement chaude à Séville. En ce qui concerne la nuit, la présence d'une petite brise permet de rafraîchir l'air ambiant. C'est agréable.
Je descends du bolide en veillant à ne pas tomber. Les graviers et mes escarpins noirs ne forment pas un bon binôme. Prochain passe-temps à prévoir : apprendre à marcher en talons aiguilles.
J'avance doucement sur la pointe des pieds tout en relevant le tissu noir de ma robe, et rejoins Alarico et Rafael. Ils ouvrent la marche, je reste derrière eux. Un grand merci pour le bras tendu et l'aide apportée.
En haut des escaliers, un homme d'une cinquantaine d'années aux cheveux poivre et sel plaqués en arrière, vêtu d'un costume de la même couleur, fume une cigarette. Il ressemble à Brad Pitt en plus... mafieux. Mon paternel repère cet homme et je le sens se tendre. Nous montons les marches et nous nous arrêtons devant lui.
– Bonsoir Tobias.
– Alarico, répond-il nonchalamment en prenant une dose de nicotine.
– Les affaires se portent bien ?
– Tu es bien la dernière personne à qui j'ai envie de parler de mon business. Mais comme tu tiens à le savoir, tout va pour le mieux.
Mon père ne répond pas. Je sens une forte tension entre les deux hommes. Ils ont l'air de ne pas s'apprécier.

VOUS LISEZ
Oxygène
RomanceDepuis sa naissance, Louisa subit les violences de son père, un mafieux en quête de pouvoir. Séquestrée dans sa maison située en Andalousie, elle garde espoir de pouvoir réaliser son rêve le plus cher : quitter cette vie misérable. Toutefois, Louis...