Oxygène

Chapitre 5

LOUISA

Une voix grave, inconnue et très sensuelle, résonne dans mon dos, ce qui me sort de mes pensées.
Curieuse, je me retourne pour connaître son propriétaire.

C'est lui, l'homme au nœud papillon.

Il se tient à un mètre de moi, sur le seuil du balcon.

Grâce à cette proximité, je remarque une légère cicatrice au-dessus de son arcade sourcilière droite. Ça le rend encore plus viril qu'il ne l'est déjà.

– Pardon ? dis-je en le fixant.

L'intonation que j'adopte est froide. Malgré mon intimidation, j'ai choisi de ne rien laisser transparaître.

– Ne jouez pas la fille prude avec moi. J'ai bien remarqué que vous me matiez depuis le début de la soirée. Soyez honnête, reconnaissez que vous avez envie d'arracher mes vêtements, lance-t-il en s'approchant dangereusement jusqu'à arriver à quelques centimètres de moi.

Une odeur boisée avec une tonalité épicée réveille ma sensibilité olfactive. Il sent bon.
Divinement bon tu veux dire !

Il me toise de toute sa hauteur, il doit mesurer une vingtaine de centimètres de plus que moi.
Je lève la tête pour soutenir son regard. Une lueur de défi transperce ses iris.

Je recule d'un pas pour instaurer de nouveau une distance entre nous.
Je ne suis pas habituée à autant de proximité, la vague de chaleur qui traverse mon corps me déstabilise. Cette sensation m'est inconnue, je n'ai jamais ressenti cela. Pas même avec Esteban.

L'espace que j'instaure entre nos deux corps me permet de reprendre mes esprits.
D'après le ton qu'il a utilisé pour me dire que j'avais envie de lui arracher ses vêtements, il a l'air d'être un homme ayant confiance en lui. Un peu trop même.

– Vous m'avez l'air bien sûre de vous. Ce n'est pas parce qu'une femme regarde un homme qu'elle a forcément envie de le mettre dans son lit.

– Pourquoi uniquement dans un lit ?

J'avale ma salive, son sous-entendu me fait rougir. Je reste muette, ne sachant pas comment rebondir à ses propos.

« Parce que je n'ai connu qu'une relation sexuelle et qu'elle a eu lieu dans un lit » aurait été une réponse trop personnelle.
Je me garde donc de le lui dire.

Mon unique expérience n'avait pas été aussi inoubliable que je le pensais. Je n'ai ressenti aucun plaisir. Esteban avait pourtant attendu que je sois prête et avait été doux avec moi ce jour-là. Mais la douleur ressentie causée par la déchirure de mon hymen, ajoutée à la peur de nous faire prendre en plein acte, n'a pas rendu ce moment magique.

Les films ne reflètent pas vraiment la réalité. Les acteurs sont forts pour nous faire croire qu'un acte sexuel procure un plaisir grandiose. Mensonge.

Toutefois, ce qui a rendu ce jour inoubliable, c'est plutôt ce qui c'est passé après.

– Les lieux insolites sont assez excitants pour s'envoyer en l'air, ajoute-il.

– Comme quoi ?

Pourquoi tu rentres dans son jeu ?

Submergée par la curiosité, je n'ai pas réfléchi avant de lui répondre. La tension qui plane à cet instant électrise l'entièreté de mon corps.

– Une plage, une voiture, une salle de cinéma, un jet privé, énumère-t-il en s'approchant à pas de loup jusqu'à se placer à nouveau juste devant moi.

On dirait un mâle alpha chassant sa proie.

– Un balcon, conclut-il.

– Je ne suis pas intéressée. Allez donc faire cette proposition à une autre femme.