Chapitre 3 -Selena

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Une délicieuse odeur boisée me tira doucement de mon sommeil. C'était une fragrance chaude, apaisante, comme si quelqu'un qui portait cette odeur s'était tenu tout près de moi, imprégnant l'air de sa présence. Cette senteur me réconfortait étrangement, m'enveloppant d'une sensation de calme et de sécurité, un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis des semaines. Un instant, je restai immobile, les paupières mi-closes, savourant cette sensation avant de me rappeler où j'étais.
Nous étions sur le point d'atterrir. La voix du commandant résonna dans la cabine, annonçant que nous allions amorcer notre descente vers Portland, Maine. Je redressai légèrement mon siège et jetai un coup d'œil par le hublot. Le ciel était clair, et la lumière dorée du soleil couchant baignait les rues de reflets chaleureux. Une nouvelle vie m'attendait ici.
Le trajet de l'aéroport au complexe immobilier fut rapide. À travers la fenêtre du taxi, j'observais la ville de Portland s'animer autour de moi. Et puis, il apparut : l'immeuble de standing que ma grand-mère possédait. Il se dressait fièrement dans le paysage, moderne et imposant, avec ses grandes baies vitrées réfléchissant les derniers rayons du soleil.
L'immeuble était une véritable perle de luxe, avec tous les services imaginables. Une piscine intérieure, une salle de sport dernier cri, un spa, et même une conciergerie ouverte 24h/24. Un havre de tranquillité au cœur de la ville. Chaque détail respirait le raffinement et l'élégance. Désormais, tout cet immeuble m'appartenait.
Ma grand-mère Anne avait déjà loué des appartements , assurant une gestion impeccable. "Merci, grand-mère Anne, grâce à toi j'ai un revenu passif solide." Cette pensée me fit sourire, même si une pointe de mélancolie subsistait. Elle n'était plus là, mais elle continuait à prendre soin de moi d'une certaine manière.
Je tirai ma valise jusqu'à l'entrée et saluai brièvement le concierge avant de m'engouffrer dans l'ascenseur. Il y avait un panneau en acier poli avec une seule ligne claire : Penthouse. En appuyant sur le bouton, je remarquai qu'il n'y avait que deux penthouses dans tout l'immeuble. Je me fis une petite note mentale : aller me présenter à mon voisin ou ma voisine dès que j'en aurais l'occasion.
Le trajet en ascenseur fut rapide. Lorsque les portes s'ouvrirent, je découvris l'étage qui menait à mon nouvel appartement. Je pris une grande inspiration avant d'ouvrir la porte .
L'intérieur du penthouse était somptueux, comme je m'y attendais. De grandes fenêtres offraient une vue panoramique sur la ville et l'océan. Le sol en marbre luisait sous la lumière douce des suspensions modernes, et le mobilier élégant ajoutait une touche de sophistication sans jamais être excessif. Le salon était spacieux, avec un grand canapé blanc crème qui semblait m'inviter à m'y laisser tomber. Tout était impeccablement entretenu, comme si ma grand-mère l'avait quitté la veille.





Je posai mes affaires près de la porte et m'affalai sur le canapé, épuisée. Le silence de l'appartement était à la fois apaisant et oppressant. Je pris mon téléphone, curieuse de savoir si j'avais reçu des messages. Plusieurs appels manqués s'affichaient sur l'écran.

Kai.

Je sentis un mélange d'agacement et de tristesse monter en moi. Pas maintenant. Je n'avais pas envie de lui parler. Chaque appel manqué de lui était un rappel douloureux de ce que j'avais découvert. Je décidais de l'ignorer pour l'instant. Marianne aussi m'avait appelée plusieurs fois. Elle, au moins, méritait une réponse.
Je fis défiler l'écran et appuyai sur son numéro. Elle décrocha presque immédiatement.

— Selena ! Enfin, je commençais à m'inquiéter !

— Je suis bien arrivée, Marianne, dis-je en essayant de sonner rassurante.

— Dieu merci ! Comment ça va ? Tu es installée ?

Je soupirai et lançai un regard autour de moi.

— Je viens juste d'entrer. L'appartement est magnifique, mais... ça fait bizarre.

— Bizarre comment ? demanda-t-elle doucement.

— Comme si je devais me réjouir d'être ici, mais je n'y arrive pas encore. Ça me rappelle trop qu'elle n'est plus là.

Marianne fit une pause, laissant un silence respectueux s'installer avant de parler doucement :

— C'est normal, ma belle. Prends le temps qu'il te faut. C'est une nouvelle étape pour toi, mais ça va aller. Je suis là, quoi qu'il arrive.

Je fermai les yeux un instant, reconnaissante de sa présence constante.

— Merci, Marianne.

— Ne me remercie pas. Tu sais que je suis là pour toi. Toujours. Et... si jamais tu as besoin de parler de Kai, je suis là aussi.

Je crispai légèrement les doigts autour de mon téléphone.

— Je n'ai pas envie d'en parler pour l'instant.

— D'accord, répondit-elle simplement, sans insister. Laisse-moi juste te dire une chose : tu mérites mieux. Ne l'oublie jamais.

Je hochai la tête, bien que je sache qu'elle ne pouvait pas me voir.

— Je sais... Je vais juste essayer de prendre les choses une étape à la fois.

— C'est tout ce que tu peux faire pour le moment.

Un silence s'installa entre nous, mais ce n'était pas un silence pesant. C'était le genre de silence qui apaisait, celui qui disait tout sans avoir besoin de mots.

— Je te laisse te reposer, reprit-elle doucement. Mais n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de quoi que ce soit. D'accord ?

— D'accord. Merci encore, ma jolie.

— Prends soin de toi, ma belle.

Je raccrochai et posai le téléphone sur la table basse. Un sentiment de fatigue intense s'abattit sur moi, mais aussi une étrange sensation de soulagement. J'étais ici maintenant.

Sombre attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant