Chapitre 5 -Christian

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Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je la vis, la femme de l'avion, assise juste en face de moi dans la salle de réunion. Elle était encore plus belle que dans mes souvenirs, et pendant un instant, le sol sembla se dérober sous mes pieds. Je n'aurais jamais cru la revoir. Quand j'avais quitté ce vol ce jour-là, cette rencontre m'avait hanté. Il y avait dans cette femme une attraction irrationnelle, quelque chose que je ne pouvais expliquer, quelque chose de rare. Je m'étais dit que je ne la reverrais jamais, que ce n'était qu'un moment suspendu dans le temps. Une anomalie, un caprice de l'univers.
Et pourtant, la voilà ici, face à moi. Mon cœur battit plus vite, et je sentis une chaleur désagréable monter en moi. C'était absurde. Je n'étais pas ce genre d'homme. Les émotions et les connexions profondes n'avaient jamais eu de place dans ma vie.

Je n'avais jamais eu de relation longue. Je ne m'étais jamais attaché à une femme. Juste des aventures furtives, des visages oubliés au petit matin, des nuits passionnées sans lendemain. Le plaisir sans attache. C'était simple, c'était efficace. Je brisais les cœurs avant qu'on ne puisse me blesser. Je n'avais jamais laissé aucune femme s'approcher suffisamment pour compter. Et pourtant, avec Selena, c'était différent. Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose chez elle brisait cette règle invisible que je m'étais imposée.
Je la regardai du coin de l'œil. Je sentais cette même tension inexplicable, ce tiraillement en moi qui refusait de s'éteindre. J'essayais de me raisonner. Je n'étais pas ici pour des distractions. Je devais rester concentré.
Puis les mots de mon père résonnèrent dans mon esprit, froids et menaçants. La mission. Voler Nexus. Sentinel Technologies travaillait sur un projet révolutionnaire : un système capable de détourner tous les accès sécurisés en temps réel. Ce programme représentait le futur du contrôle. Avec Nexus, nous pourrions infiltrer n'importe quel serveur ou réseau, neutraliser les systèmes bancaires ou gouvernementaux, sans laisser de traces. Si ce projet tombait entre les mains de ma famille, leur influence serait absolue.

Une mission comme celle-ci n'admettait aucune distraction.

Quand la réunion prit fin, je récupérai mon badge et quittai le bâtiment. Une envie viscérale de fuir cette attraction naissante envers Selena me rongeait, mais je devais garder le contrôle. Elle ne pouvait être qu'une complication.
Je glissai derrière le volant de ma berline noire, la laissant m'entourer de son habitacle luxueux et feutré. Le moteur ronronna doucement alors que je prenais la route vers l'immeuble où j'allais résider. La nuit tombait, et les lumières de Portland scintillaient autour de moi, rappelant à chaque instant que je n'étais pas ici par choix.
L'immeuble était un joyau de modernité, avec ses vitres teintées et ses lignes épurées. J'habitais l'un des penthouses du 20e étage, un appartement spacieux avec une vue imprenable sur la ville. En traversant le corridor qui menait à mon appartement , j'aperçus brièvement que l'autre penthouse semblait lui aussi occupé.
Je laissai tomber ma veste sur le canapé et me dirigeai vers la chambre, épuisé mais agité. Le poids de la mission, les menaces de mon père, et cette attraction inexplicable envers Selena tournaient en boucle dans mon esprit, me laissant sans répit.Je savais ce dont j'avais besoin : me défouler. Libérer cette tension grandissante avant qu'elle ne me consume. Ce soir, je n'allais pas me contenter de réfléchir ou de me morfondre. Ce soir, j'allais chasser.
Je me levai et enfilai une tenue sombre, fonctionnelle. Un blouson de cuir, des gants noirs ,une lame bien aiguisée glissée et mon arme dans ma poche intérieure. Mon esprit se vida progressivement, chaque pensée se dissipant alors que l'excitation froide de la chasse s'emparait de moi. Il ne restait que le silence, l'instinct et la cible.Je savais exactement qui traquer. Un homme qui avait échappé à la justice trop longtemps, un prédateur que personne n'avait jamais pu arrêter. Mais ce soir, il rencontrerait enfin quelqu'un de pire que lui. Ce serait moi.
Lorsque je quittai l'appartement, la nuit m'accueillit comme une vieille amie. Les rues sombres devenaient mon terrain de jeu. Ici, je n'étais plus le fils de mon père ni l'employé de Sentinel. Ici, j'étais simplement le chasseur.Et il n'y avait rien de plus apaisant que la certitude de savoir que, ce soir, une vie de trop allait s'éteindre sous mes mains.

Sombre attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant