Chapitre 2 -Christian

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Christian
J'ai toujours vu le monde de façon binaire : soit 1, soit 0. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'existe pour moi que le noir ou le blanc. Le bien ou le mal. Je ne fais pas dans la nuance. Pas de compromis, pas de zone grise. C'est ma manière de naviguer dans ce monde chaotique. C'est tout ou rien.
Je suis le dernier de la lignée des Payne, une famille redoutée et respectée dans l'ombre de New York. Mes parents dirigent le plus grand trafic d'armes du pays. Mon frère, Liam, est leur digne successeur : brutal, ambitieux, et prêt à faire n'importe quoi pour protéger le pouvoir familial. Moi, je me suis toujours tenu à l'écart de leurs affaires. J'avais choisi une autre voie, celle de l'informatique. Je rêvais d'une vie normale, d'un travail honnête, sans violence ni manigances.
Mais malgré tous mes efforts pour rester en dehors des affaires familiales, je savais que je ne pouvais jamais complètement fuir qui j'étais.
Il y avait une ombre en moi, une part de moi que je ne pouvais ignorer. Si je refusais de participer au commerce d'armes de la famille, j'avais quand même trouvé une manière tordue de canaliser ce besoin de contrôle. Je traquais les monstres que la justice laissait passer : des violeurs, des pédophiles, des criminels qui continuaient à vivre librement alors qu'ils méritaient la pire des fins. Je ne les tuais pas par plaisir, mais par nécessité. C'était ma façon à moi de rétablir l'ordre dans ce monde corrompu.
Les Payne étaient bien plus qu'une famille : c'était une institution dans le monde souterrain de New York. Tout avait commencé avec mon grand-père pendant la Prohibition. À force d'alliances et de coups de force, chaque génération avait consolidé la puissance de la famille. Mon père avait poussé cet empire au sommet, devenant un pilier du marché noir. Tout le monde savait que les Payne pouvaient fournir n'importe quelle arme, à n'importe quel prix. Et personne ne se mettait en travers de leur chemin.

Je m'étais toujours tenu à l'écart de ce monde, mais il n'était jamais loin. Peu importe où j'allais, je restais un Payne. Et aujourd'hui, j'allais en payer le prix.





Ce jour-là, mon père m'avait convoqué dans son bureau. C'était une pièce sombre et imposante, ornée de trophées, d'antiquités, et de souvenirs du passé criminel de la famille. Mon père m'attendait, assis derrière son immense bureau en bois. Il leva à peine les yeux quand j'entrai.

— Assieds-toi, Christian, ordonna-t-il d'une voix calme mais ferme.

Je pris place sans un mot, croisant les bras, prêt à en finir rapidement.

— J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi, annonça-t-il.

Je n'eus même pas besoin de réfléchir avant de répondre.

— Je ne suis pas intéressé.

Un sourire froid étira les lèvres de mon père, comme s'il trouvait ma réponse amusante, attendue.

— Écoute au moins ce que j'ai à dire, répliqua-t-il.

Il expliqua que Sentinel Technologies, une entreprise de cybersécurité mondialement réputée, développait un projet capable de détourner et de contrôler tous les systèmes de sécurité en temps réel. Serveurs, systèmes bancaires, infrastructures gouvernementales, tout. Avec cette technologie entre nos mains, nous pourrions accéder à n'importe quelle information, neutraliser n'importe quelle menace, et dominer un secteur qui, jusque-là, nous échappait.

— Je veux que tu t'infiltres là-bas, dit-il calmement. Avec tes compétences, ce sera facile. Tu seras embauché comme consultant en cybersécurité. Nous avons déjà arrangé ton intégration.

Je secouai la tête, agacé.

— Non. Je ne fais pas partie de tes sbires. Trouve quelqu'un d'autre.

Le sourire de mon père disparut, remplacé par une expression dure.

— Tu oublies une chose, Christian. Personne n'échappe à la famille.

Il fit une pause, plantant son regard glacé dans le mien.

— Ta mère, elle, pourrait échapper à beaucoup de choses... Un silence pesant s'installa avant qu'il n'ajoute : Mais pas à la colère de ceux que tu as laissés derrière toi.

Je sentis un frisson glacial parcourir mon échine. Il savait. Il savait tout de mes activités clandestines.

— Imagine un instant si certains détails de tes... initiatives personnelles étaient révélés. Crois-tu vraiment que les familles de ces hommes te laisseraient en paix ? Combien de temps avant qu'ils ne cherchent à faire payer quelqu'un ?

Je serrai les mâchoires. Il jouait avec mes émotions, avec ce que j'avais de plus précieux : ma mère. Elle avait toujours été mon point faible, la seule personne que je voulais à tout prix protéger. Et il le savait.

— Tu veux savoir pourquoi tu vas accepter cette mission ? Parce que tu es un Payne. Tu peux nier ton nom autant que tu veux, mais la famille reste la famille. Et si tu ne fais pas ce que je te demande, ce sont ceux que tu aimes qui en paieront le prix.

Je soutins son regard, le cœur battant de colère. Mais au fond, je savais que j'avais perdu avant même de commencer.

— Très bien, dis-je d'une voix froide. Je le ferai. Mais à ma manière.

Mon père retrouva son sourire satisfait.

— C'est tout ce que je demandais. Tu commences la semaine prochaine. Ton billet d'avion est pour ce soir à 20 heures. Louis t'attendra à l'aéroport.

Je me levai sans un mot, le cœur lourd. Encore une fois, j'étais pris au piège.



Je me rendis à l'aéroport, où Louis me déposa sans cérémonie. Après avoir passé la sécurité, je me dirigeai vers l'embarquement en business class. Mais juste avant le décollage, on m'informa d'un problème technique. On m'attribua un nouveau siège.
Agacé, je me rendis à ma nouvelle place. Et c'est alors que je la vis.
Elle était assise près du hublot, légèrement endormie, ses cheveux sombres tombant en cascade sur son épaule. La lumière tamisée de la cabine caressait doucement son visage, soulignant la courbe délicate de sa mâchoire, la douceur de sa peau. Elle était magnifique. Une beauté sereine et désarmante, du genre à troubler un homme en un instant.
Je pris place à côté d'elle, incapable de détourner le regard. Il y avait quelque chose dans sa présence qui m'attirait irrésistiblement. Une chaleur inattendue émanait d'elle, comme un rayon de soleil filtrant à travers un ciel orageux. Mon esprit, pourtant habitué au contrôle et à la froideur, vacilla un instant.
Son parfum flottait dans l'air, léger et envoûtant. Une envie soudaine et inexplicable naquit en moi : la toucher, sentir sa peau contre la mienne. Pas par simple désir charnel, mais par besoin. Comme si, d'une manière que je ne comprenais pas encore, elle pouvait combler le vide en moi.
Je la regardai respirer doucement, ses lèvres entrouvertes dans le sommeil. L'image de ces lèvres contre les miennes traversa mon esprit, fugace mais intense. Je fronçai les sourcils, essayant de repousser cette pensée. Mais plus je tentais de l'ignorer, plus je sentais un feu étrange s'allumer en moi.
Elle bougea légèrement, ajustant sa position dans son sommeil, et je sentis mon cœur manquer un battement. Sa jambe effleura la mienne, et même à travers le tissu de mon pantalon, je ressentis l'électricité du contact. C'était insensé. Je ne savais rien d'elle, mais elle exerçait déjà sur moi un pouvoir inexplicable et envoûtant.
Je détournais enfin les yeux, serrant les poings pour retrouver mon calme. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'étais pas ce genre d'homme. Je ne me laissais jamais distraire. Mais là, dans cet avion, à côté d'elle, je n'étais plus moi-même.

La cabine s'assombrit alors que l'avion se préparait à décoller. Je jetai un dernier coup d'œil vers elle. Elle dormait toujours, paisible, inconsciente du tumulte qu'elle avait déclenché en moi.
Je fermai les yeux, essayant de calmer le chaos qui régnait dans mon esprit et je tentai tant bien que mal de contrôler cette érection dont je n'arrivai pas à me débarrasser. Ce vol allait être bien plus long que prévu.

Sombre attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant