Chapitre 15 -Selena

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Le trajet en Uber est rapide. J'avais laissé les filles au club avec leurs nouvelles proies, et même si la soirée avait été amusante un moment, j'avais besoin d'être seule. L'euphorie de la fête m'avait quittée soudainement, et tout ce que je voulais, c'était rentrer chez moi. L'agitation des lumières de la ville défilait derrière la fenêtre, mais je n'y prêtais plus attention. Mon esprit était ailleurs, un peu perdu.Lorsque j'arrive enfin à l'appartement, je retire mes talons avec un soupir de soulagement. Une douche chaude m'attendait, et je comptais bien m'offrir ce petit moment de répit.L'eau chaude glisse sur ma peau, emportant la fatigue et les restes de la soirée. Chaque goutte apaise un peu mon corps, mais pas mon esprit. Après ma douche, je prends soin de m'appliquer ma crème hydratante et de faire ma routine skincare avec précision, comme un rituel apaisant. Puis, je me glisse dans un pyjama léger, prête à me coucher et à oublier cette nuit.

Mais le sommeil ne vient pas. Allongée dans le noir, je saisis mon téléphone et commence à faire défiler Instagram.
Et là, il apparaît. Kai.

Il avait enfin cessé de me harceler au téléphone. Mais le voir refaire sa vie si rapidement me brise plus que je ne l'aurais imaginé. Chaque nouvelle story est un coup dans le ventre.Je défile sans m'arrêter, et mon cœur se serre davantage à chaque image. Il est rayonnant, heureux.Puis je tombe sur une photo d'eux. Kai et Emmy. Et ce qui me frappe le plus, c'est qu'elle me ressemble. Comme deux gouttes d'eau.Mon souffle se bloque. Une douleur sourde s'empare de moi. Il m'a trompée avec une version de moi. Cela rendait tout encore plus dérangeant, presque irréel. Pourquoi elle ? Les larmes montent sans prévenir, chaudes et amères. Je lutte pour les contenir, mais elles débordent, ravageant mon visage.Pourquoi n'a-t-il pas assez persévéré pour me reconquérir ? murmuré-je entre deux sanglots.S'il m'avait aimée, vraiment aimée, il aurait fait quelque chose. Il n'aurait pas refait sa vie si vite, avec une autre version de moi.Les larmes coulent sans fin, et je m'effondre sous le poids de cette douleur. Mes yeux sont rouges et gonflés, mon souffle saccadé.
Je me redresse, les joues brûlantes de larmes, et me dirige vers la salle de bain pour me rincer le visage. Mais un bruit sourd me fige sur place.
Quelqu'un frappe à la porte.
Mon cœur s'emballe immédiatement, battant si fort que je le sens résonner jusque dans mes tempes. Il est presque 3 heures du matin. Qui peut bien frapper à cette heure-là ?

— Marianne ? murmurais-je à moi-même. Non, elle passe la nuit avec le type du club.

L'inquiétude monte en moi. Je jette un coup d'œil rapide autour de l'appartement et saisis l'objet le plus proche que je tiens fermement dans ma main, comme si c'était une arme.

Je m'avance doucement vers la porte, le cœur battant à tout rompre. Chaque pas est une épreuve.

— Qui est là ? demandé-je d'une voix tremblante.

Silence.

Je reste immobile un moment, indécise. Puis, lentement, je déverrouille la porte et l'ouvre à moitié.

C'est Christian.

Il se tient là, appuyé contre l'encadrement de la porte, l'air calme et un peu amusé. Son regard descend vers le déodorant que je tiens fermement. Il laisse échapper un rire léger.

— Qu'est-ce que tu comptais faire avec ça ? demande-t-il, son sourire moqueur illuminant brièvement son visage.

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, malgré la gêne.

— Il est tard, qu'est-ce que tu fais là ? je demande en le dévisageant.

— Je t'ai entendu rentrer. Il hausse les épaules. Je voulais m'assurer que tout allait bien.

Puis, son regard accroche mes yeux rougis. Son expression change aussitôt, se durcissant légèrement.

— Selena... Qu'est-ce qui s'est passé ? Sa voix est plus douce, presque inquiète. Quelqu'un t'a fait du mal au bar ?




Sa question brise quelque chose en moi. Toute la douleur que je retenais éclate d'un coup. Les larmes reviennent, incontrôlables. Avant que je ne puisse dire un mot, Christian m'attire doucement à lui.

— Viens ici, murmure-t-il en m'entraînant vers le canapé.

Je m'effondre contre lui, la tête posée sur son torse. Ses bras m'enveloppent, et ses doigts glissent lentement dans mes cheveux, m'apaisant par leurs caresses légères.

— Je n'en peux plus, Christian... dis-je d'une voix étouffée par les sanglots.

Je lui raconte tout, la mort de ma grand-mère, la trahison de Kai, l'humiliation de voir qu'il m'a remplacée si facilement.

Christian m'écoute en silence, son regard sombre et attentif. Ses bras ne me lâchent pas.

— Je suis désolée, murmuré-je. Tout ça doit te sembler tellement insignifiant.

— Non, dit-il doucement, en caressant toujours mes cheveux. Rien de ce que tu ressens n'est insignifiant.

Ses mots, prononcés avec une sincérité désarmante, percent lentement la carapace de douleur autour de mon cœur.

— Je suis là maintenant, Selena. Sa voix est douce mais assurée. Je te promets que tu n'es plus seule.

Je ferme les yeux un instant, apaisée par ses paroles.

— Tu es à moi, Selena. Il murmure ces mots avec une douceur ferme, comme une promesse gravée dans l'air.
— Je serai toujours là pour toi. Personne ne te blessera tant que je suis là.

Sa voix devient plus basse, presque un souffle au creux de mon oreille.

— Je veillerai sur toi, peu importe ce qu'il en coûte.

Ces paroles glissent en moi, apaisant chaque fragment brisé. Je sens la chaleur de sa présence me réconforter, dissipant l'obscurité qui pesait sur mon cœur.

— Merci, Christian, murmuré-je d'une voix à peine audible, mes paupières s'alourdissant.

Il continue de caresser doucement mes cheveux, ses doigts glissant avec tendresse, comme une promesse silencieuse de protection. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens en sécurité, enveloppée dans sa présence apaisante.
Je m'endors doucement contre lui, bercée par sa chaleur et ses promesses, certaine qu'en cet instant, je ne suis plus seule.
Je me réveille lentement, les premiers rayons de lumière filtrant à travers les rideaux. Une odeur boisée flotte dans l'air, familière et rassurante, comme une trace laissée derrière lui.
Je me redresse doucement, clignant des yeux encore lourds de sommeil. L'appartement est silencieux, et le canapé à mes côtés est vide.
Je reste immobile un instant, laissant cette odeur m'envelopper.Un léger sourire naît sur mes lèvres, je me sens différente ce matin.

Sombre attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant