Chapitre 5 : Plongée dans l'ombre

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La lumière du matin perçait à travers les rideaux de la chambre où Alice s'était endormie la veille, le corps encore tendu par les événements de la nuit précédente. Elle ouvrit les yeux, désorientée. Pendant un instant, elle avait presque espéré que tout cela ne soit qu'un rêve. Mais les souvenirs de sa conversation avec Liam lui revinrent en flashs soudains, la ramenant à la réalité.

Elle se redressa, cherchant des signes de sa présence, mais la pièce était vide. Une légère angoisse s'insinua en elle. Où était-il ? Était-il parti sans rien dire ? Une part d'elle en était presque soulagée. Peut-être qu'il avait changé d'avis. Peut-être qu'il s'était rendu compte que ce qu'il lui demandait était trop dangereux. Mais l'autre part, plus sombre, ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de déception.

Elle repoussa les couvertures, pieds nus sur le parquet froid, et s'approcha de la fenêtre pour regarder dehors. La ville s'étendait sous ses yeux, immense et intimidante, un rappel constant que dans cet endroit, elle était une étrangère.

Elle pensait à ce que Liam lui avait dit. À propos de ce monde où tout n'était qu'alliances et trahisons, pouvoir et manipulation. Elle s'était retrouvée au cœur d'une toile complexe, et elle ignorait encore à quel point les fils qui la reliaient à Liam allaient être difficiles à briser.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la chambre, elle entendit des pas dans le couloir. La porte s'ouvrit, et Liam entra, vêtu d'un simple t-shirt noir et d'un pantalon de sport. Il portait avec lui deux tasses de café fumant. Un sourire fin se dessina sur ses lèvres en la voyant.

— Je pensais que tu dormirais encore un moment, dit-il d'un ton calme en lui tendant une tasse.

Alice le regarda, encore surprise par son attitude si détendue après tout ce qu'il lui avait révélé. Il semblait maître de chaque situation, comme si rien ne l'atteignait vraiment.

— Je me suis réveillée tôt, répondit-elle en prenant la tasse. Je suppose que j'ai encore du mal à m'habituer à tout ça.

— C'est compréhensible, murmura-t-il en s'asseyant sur le canapé, l'invitant à faire de même.

Alice le rejoignit, s'asseyant à une distance respectable, mais le poids de ses paroles de la veille ne pouvait être ignoré. Elle ne savait pas comment aborder le sujet, mais elle sentait qu'elle devait obtenir des réponses, des explications plus claires.

— Liam, je... commença-t-elle en cherchant les bons mots. Tu m'as dit hier soir que si je restais à tes côtés, j'allais être entraînée dans ton monde. Je veux comprendre. À quel point est-ce dangereux ? Que se passera-t-il réellement si je reste ?

Liam posa sa tasse sur la table basse et la fixa avec une intensité à laquelle elle s'était presque habituée, mais qui lui donnait encore des frissons.

— Ce n'est pas une menace immédiate, Alice, dit-il lentement, pesant chacun de ses mots. Mais le fait que tu sois avec moi te met inévitablement sous les projecteurs. Mes ennemis, ceux de ma famille, ne reculeront devant rien pour me faire tomber. Cela inclut s'attaquer à ceux qui me sont proches.

Alice sentit un frisson glacé parcourir sa colonne vertébrale. Il ne plaisantait pas. Ses paroles étaient sérieuses, et la menace qu'elles contenaient était bien réelle.

— Mais... pourquoi ne pas les affronter directement ? Pourquoi accepter ce jeu si tu sais qu'il te met constamment en danger ? demanda-t-elle, troublée.

Liam esquissa un sourire, sans joie cette fois.

— Parce que parfois, ce n'est pas aussi simple. Il y a des forces en jeu que tu ne peux pas combattre de front. Mon père a construit cet empire avec des règles bien précises. S'y opposer frontalement reviendrait à déclarer une guerre que je ne suis pas certain de pouvoir gagner... pas encore.

— Alors tu joues ? fit-elle, incapable de cacher son désarroi.

Il hocha lentement la tête.

— Oui, Alice. C'est un jeu. Un jeu où chaque coup doit être calculé, chaque mouvement doit avoir un but. Mais ce n'est pas un jeu que je souhaite te faire jouer, toi.

Alice fronça les sourcils, confuse.

— Mais je suis déjà dedans, non ? Tu m'as dit qu'il n'y avait pas de retour en arrière.

Il la regarda avec une intensité presque douloureuse.

— C'est vrai. Mais cela ne signifie pas que tu dois te perdre dans tout ça. Je te demande de rester parce que je crois que tu es plus forte que tu ne le penses. Mais je ne te demande pas de devenir comme moi.

Ces mots résonnèrent en elle. Elle ne savait pas si elle devait les prendre comme une marque de respect ou un avertissement. Mais dans tous les cas, elle comprenait que la situation était bien plus complexe qu'elle ne l'avait imaginé.

Elle prit une gorgée de son café, essayant de trouver un semblant de normalité dans cette conversation.

— Et ton père... il sait que je suis ici ? demanda-t-elle finalement, craignant la réponse.

Liam eut un petit rire, presque amer.

— Mon père sait tout, Alice. Il ne laisse rien au hasard. Mais ne t'inquiète pas. Pour l'instant, il ne te considère pas comme une menace. Du moins, pas encore.

Cette phrase, bien qu'elle se veuille rassurante, la fit frissonner à nouveau. Elle se demandait quelle sorte d'homme pouvait bien être le père de Liam, cet homme dont l'ombre semblait planer sur tout ce qui l'entourait.

— Et ta famille... ils sont tous comme toi ? comme ton père ?

Liam soupira, un éclat de tristesse passant brièvement dans ses yeux.

— Ma sœur, **Isla**, est différente. Elle est plus rebelle, moins encline à suivre les règles imposées par notre père. Mais même elle est piégée dans cette toile familiale. Nous le sommes tous.

Alice hocha la tête, essayant de comprendre l'ampleur du poids que portait Liam sur ses épaules. Elle le voyait comme un homme puissant, inébranlable, mais il était évident que ce pouvoir avait un coût. Un coût qu'il payait chaque jour.

— Alors, qu'est-ce que je suis censée faire maintenant ? demanda-t-elle, se sentant de plus en plus perdue dans ce tourbillon d'intrigues.

Liam se tourna vers elle, son regard devenant plus doux.

— Tu n'as pas à faire quoi que ce soit, Alice. Reste toi-même. Ne laisse pas ce monde te changer. Je m'occuperai du reste.

Elle le fixa, cherchant à déchiffrer les véritables intentions derrière ces mots. Elle savait que rester elle-même dans un univers aussi corrompu serait difficile. Peut-être même impossible. Mais quelque chose dans la manière dont Liam la regardait lui fit comprendre qu'il croyait sincèrement en elle. Peut-être plus qu'elle ne croyait en elle-même.

Un silence s'installa entre eux, lourd de non-dits, de secrets, et de cette tension indéfinissable qui les attirait l'un vers l'autre.

Puis, sans prévenir, Liam se leva et tendit la main vers elle.

— Viens. Il y a quelque chose que je veux te montrer.

Surprise, elle hésita un instant avant de saisir sa main. Il l'entraîna hors de la pièce, descendant rapidement les escaliers du manoir. Ils sortirent par une porte dérobée, laissant derrière eux l'opulence étouffante des Blackwood.

Dehors, la ville semblait les attendre, avec ses promesses et ses dangers. Liam se dirigea vers une voiture de luxe garée devant l'entrée, et sans un mot, il ouvrit la portière pour qu'elle monte. Alice prit place, le cœur battant à tout rompre.

Elle ignorait où il l'emmenait, mais une chose était certaine : elle était prête à affronter ce qui l'attendait. Peu importe ce que cela signifiait, elle ne reculerait plus.

Blackwood : Jeux interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant