Chapitre 11 : Le fantôme d'Eva

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Les jours qui suivirent la découverte de l'existence d'Eva furent étranges pour Alice. Le manoir, qu'elle commençait à apprivoiser, lui semblait désormais rempli d'ombres. Chaque coin sombre, chaque recoin silencieux semblait porter les traces de cette sœur oubliée des Blackwood. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait conduit Eva à sa chute, et surtout, pourquoi personne ne parlait d'elle.

Assise dans sa chambre, Alice ne cessait de repenser à l'album qu'elle avait trouvé dans la bibliothèque. Il y avait là des réponses, mais elle savait que Magnus ne lui dirait rien de plus. Si elle voulait comprendre ce qui s'était passé, elle devrait le découvrir par elle-même.

Un soir, alors que la nuit était tombée et que le silence régnait dans le manoir, Alice se faufila hors de sa chambre. Elle n'avait aucune preuve concrète, mais elle sentait qu'il y avait quelque chose de plus derrière la mort d'Eva. Son instinct lui disait de chercher là où personne n'avait osé fouiller depuis longtemps.

Elle descendit les escaliers, ses pas légers sur le marbre froid, puis se dirigea vers une aile du manoir qu'elle n'avait encore jamais explorée. C'était une zone presque abandonnée, où les toiles d'araignées se mêlaient à la poussière, témoignant de l'oubli dans lequel ces lieux avaient été laissés.

Après plusieurs minutes à errer dans les couloirs sombres, elle tomba sur une porte en bois massif, plus vieille que les autres. Quelque chose dans cette porte semblait l'appeler. Alice hésita une seconde, puis tourna lentement la poignée.

Elle entra dans une pièce exiguë, semblant à moitié laissée à l'abandon, mais qui portait pourtant des traces de vie. Sur un bureau poussiéreux, des lettres étaient éparpillées, et au mur, des photos jaunies étaient accrochées sans ordre apparent. Ce n'était pas un simple débarras. C'était une pièce qui avait appartenu à quelqu'un.

Alice s'approcha du bureau et prit une des lettres. Elle était adressée à Eva.

« Eva,

Je t'en prie, écoute-moi. Ce jeu est dangereux. Tu crois que tu peux le manipuler à ta guise, mais tu ne sais pas encore dans quoi tu t'embarques. Les Blackwood ne laissent personne s'en sortir une fois qu'ils ont décidé que tu étais leur marionnette. Éloigne-toi d'eux avant qu'il ne soit trop tard. »

Le sang d'Alice se glaça. Qui avait écrit cette lettre ? Elle scruta la signature, mais elle était illisible, comme si la personne avait voulu rester anonyme. Cependant, ce message révélait une vérité effrayante : Eva n'avait pas seulement été une victime de ce monde... elle avait peut-être cherché à s'en échapper.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

La voix glaciale de Magnus la fit sursauter. Alice se retourna brusquement, la lettre toujours entre ses doigts tremblants. Il se tenait dans l'embrasure de la porte, son regard plus dur que jamais. Elle n'avait pas entendu ses pas dans les couloirs, et il se dégageait de lui une aura sombre, presque menaçante.

— Je... je cherchais des réponses, répondit Alice d'une voix faible.

Magnus s'avança dans la pièce, son regard passant des lettres éparpillées aux vieilles photos.

— Ce que tu cherches ici, tu ne le trouveras pas, dit-il d'un ton sec. Laisse le passé où il est, Alice. Eva n'était pas faite pour ce monde. Elle s'est brûlée les ailes en croyant qu'elle pouvait voler au-dessus des règles des Blackwood. Elle est morte parce qu'elle n'a pas su jouer le jeu correctement.

Alice fronça les sourcils, ses yeux rivés sur ceux de Magnus.

— Et si elle avait tenté de fuir ? Et si elle avait compris qu'il y avait un autre moyen ? demanda-t-elle, sa voix plus assurée.

Blackwood : Jeux interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant