Le silence - Forgiveness

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(Si vous souhaitez une analyse d'un de vos écrits semblable à celle ci, contactez moi ici ou sur mon Babillard !) 

Dans ce chapitre, à minuit passé (nuit insomniaque, que voulez-vous) j'analyse le prologue du roman Forgiveness (pardon) écrit par Païkéa, @Paikea_Seban. Après avoir analysé un assez long premier chapitre (Aranea), ce prologue est plutôt bref. J'ai assez peu d'éléments sur l'histoire, même si le résumé et la cover prennent les codes de la poésie. De fait, l'écriture est plutôt poétique. Elle est à la première personne, au féminin. 

L'autrice, qui se décrit comme "marchombre", puise son inspiration dans l'univers de Pierre Bottero, que pour ma part je ne connais que de nom. 

Son texte rend bien la peur que l'on peut ressentir lorsqu'on marche seule dans la rue, la nuit. Il me semble "impressionniste" : par touche, la narratrice évoque ce qu'elle ressent, et le cadre inquiétant, ou qui l'inquiète. Je trouve le texte bien écrit, c'est un texte d'"atmosphère", en quelque sorte. 

Une situation "minimaliste" mais  une atmosphère oppressante

Nous sommes le 9 janvier 2023 (date de naissance de mon frère, pas l'année, le jour... ah, quelqu'un lève le doigt. On s'en moque ? très bien.) et dès le début, le "décor" est posé : le premier paragraphe est introduit par une phrase non verbale (comme tous les paragraphes de ce prologue) : le silence. "De plomb", expression courante, qui traduit bien l'oppression, la lourdeur. "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle" (Spleen, Baudelaire). Mais ici, on est moins dans le spleen que dans la terreur. Deux visions d'horreur continuent le texte : la première, ce sont les murs proches l'un de l'autre (la rue est donc étroite) et la seconde, la rue infinie (elle est donc longue). Deux idées du personnage qui traduisent sa peur, alors que concrètement, on sait seulement qu'elle marche dans la rue la nuit, certes une rue longue et étroite.  

Le crescendo continue, avec l'obscurité, deuxième élément effrayant : "totale et profonde". Et puis, la lune et les étoiles sont personnifiées, même elles ont abandonné le personnage. Ou plutôt, le personnage se sent abandonné par la lune et les étoiles, et donc, seule au monde. De manière prosaïque, elle ne peut appeler à l'aide, au delà d'un sentiment d'abandon. 

La peur apparaît ensuite, mais on la sentait déjà au début. Ici, elle apparaît comme un élément se propageant dans l'esprit et le corps du personnage (elle lui mord le ventre, ce qui correspond à une sensation physique oppressante). "Les pas", nouvel élément, ici, il y a lieu de faire des scénarios, comme souvent lorsqu'on a peur. Est elle suivie ? (j'en profite pour écrire que la peur de sortir seule dans la rue est quelque chose de surtout féminin, en raison notamment du harcèlement ou des agressions). 

Je serais tentée de dire, au vu de la situation, que si l'on est immergé dans la peur de l'héroïne, on n'a concrètement que peu d'éléments de danger. On ignore ce qui arrive concrètement, pourquoi elle marche dans la rue... Une phrase, à ce stade, interpelle : lorsqu'elle se sent traquée, ce qu'elle exprime par une métaphore. Il s'agit d'un lion traquant sa proie. Comme si elle avait davantage d'éléments que le lecteur. Bien que la phrase émane d'elle, alors qu'elle a peur et donc "se fait des films", il est possible que ce soit un indice sur le fait qu'elle soit suivie, mais par qui et dans quel but ? 

Une héroïne lucide sur sa peur 

Un prologue bien mystérieux. Si, à ce stade, on ignore ce qui arrive concrètement (de façon prosaïque, on sait qu'une fille/femme marche dehors, dans une rue urbaine, longue et étroite, qu'il fait sombre et qu'elle entend des pas, et on a la date - je trouve d'ailleurs réussi le fait qu'avec si peu d'éléments on ait tout un prologue), on sait qu'elle a peur. Et comme elle même parle de peur, elle le sait aussi.

L'origine immédiate de la peur, ce sont "les pas", "ils". Le contraste entre le bruit des pas et le silence rend ce dernier plus effrayant encore, ce que la protagoniste parvient bien à expliquer. Le silence est donc "lourd" et l'obscurité "impénétrable". De "l'infime espoir de lui échapper", à "quelle naïveté", on se demande si c'est une ellipse, si elle s'est faite "attrapée". Elle parle de la "réalité" mais ne la décrit pas à ce moment là. 

C'est selon moi toute l'ambivalence du rapport à la réalité dans ce texte : l'héroïne est lucide sur sa peur, parle de "naïveté" et de "réalité", mais on ne sait pas ce qui la met dans cet état. 

Un prologue en littérature donne les premiers éléments et pose un cadre, ou parfois, comme c'est le cas ici, nous plonge dans une atmosphère. Ici, c'est un prologue qui donne très peu d'éléments, ce qui nous incite à lire la suite (pas encore en ligne). Mais, davantage que "ce qui se passe" concrètement, on est surtout happé par la peur de l'héroïne.

****

Je ne savais que peu à quoi m'attendre et à vrai dire, je ne le sais toujours pas beaucoup. En revanche, je trouve l'écriture belle, elle donne envie d'en lire davantage.

Merci à Païkéa pour ce moment de lecture. 

Au début [FERME]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant