(Si vous souhaitez une analyse d'un de vos écrits semblable à celle ci, contactez moi ici ou sur mon Babillard !)
Analyse du Prologue de la Bataille des Anges écrite par @Romantic_moon_21 (prologue entier)- Fantasy
Il vous est vivement conseillé de lire le prologue mentionné pour pouvoir comprendre ! D'autant qu'il est extrêmement court (quatre phrases), comme une annonce. En peu de mots, efficacement, il dresse sur un ton épique la trame : une guerre entre anges et démons qui résulte d'une "histoire d'amour" : le roi des démons, le "diable en personne", a obtenu l'accès au paradis par le biais d'une histoire d'amour avec Aude (une ange, mentionnée comme la "princesse des anges" dans le résumé, que je n'analyse pas) qui n'était que tromperie. Ce qui est le prologue d'une bataille sanglante. Les démons sont bien plus nombreux, et donc l'issue en "sembl[e] déjà scellée".
D'un point de vue purement journalistique, qui n'est pas suffisant en analyse littéraire, c'est un prologue efficace sur le plan des "cinq W" : who, why, ect. Le lecteur comprend en quatre phrases, longues et belles, mais efficaces, les enjeux de l'histoire. J'ai parlé d'"annonce", et c'est un peu l'effet : en littérature épique (j'expliquerai en quoi ce livre, selon moi, relève de ce registre), on commence souvent (ex. Chrétien de Troyes quand il commence le Chevalier au Lion) par dire que l'on racontera. Oyez, oyez ! Le style, lui aussi, relève de l'épique, une bataille qui fait rage... De façon peut être un peu simple, ce qui n'est pas forcément rédhibitoire et ne gâte ni le plaisir, ni la réflexion induites par la lecture. (Au niveau grammatical et orthographique, rien à dire, c'est parfait). Le mot "rage" est répété, la première fois pour parler d'Aude, un personnage, la deuxième pour désigner la bataille inégale.
Deux amants et deux univers
Ce qui commence comme une banale histoire de trahison amoureuse, avec la phrase rageuse prononcée par l'amante trompée, concerne à la fois le couple et deux peuples de "créatures". L'idée d'incarner un peuple par une personne, puissante (Aude est princesse même si je le sais grâce au résumé, Lucifer est roi) est classique : je pense aux tragédies, ou aux Horace et aux Curiace, désignés pour se battre afin que ce soit trois contre trois, et non deux armées. C'est aussi, je pense, un moyen de montrer que la guerre se déclare par un évènement, simple (mais pas anodin !) : Lucifer a eu l'accès au paradis, en usant d'une histoire d'amour dont il se sert comme un moyen d'accéder à ses fins. (Chez Kant c'est le contraire de la dignité : pas étonnant qu'elle soit en colère !). Le tout, parce qu'Aude a commis une erreur : accorder sa "confiance" au roi des Enfers. La confiance est une thématique qui m'intéresse (j'ai écrit un chapitre de mes "bonbons philosophiques" à ce sujet, et pour moi, elle s'oppose à l'esprit critique). D'ailleurs, si l'on est espiègle, on peut distinguer une légère ironie : elle a cru que Lucifer était gentil ? Comment a t elle fait ? On se demande donc ce qu'a pu faire Lucifer, car soit Aude est candide (hypothèse plausible), soit Lucifer l'a comme ensorcelée.
De l'autre côté, la bataille des anges, qui constitue le titre du livre, n'est pas une banale histoire d'amour dans le sens humain. L'aspect surhumain (et épique) est donné dans la périphrase "ô Lucifer, roi des enfers" (et apostrophe) et "avec une telle rage que le ciel en trembla". Ce qui est presque étiologique (explication d'un phénomène par une histoire, un mythe) : la météo (;) ) change du fait de la colère d'Aude, qui a une explication. La temporalité (Lucifer attend depuis des siècles) relève de ce registre : ainsi, dans les mythes grecs, les batailles contre les Titans (titanomachie) et les Géants durent dix années divines qui équivalent à cent années humaines. Or, je suppose que Romantic Moon, l'auteur.e, est Homo Sapiens, et raconte donc un évènement divin, en imaginant la psyché d'êtres dont la conception du temps est différente de la nôtre.
Le contraste, mais surtout le rapprochement entre deux "amants" et deux "mondes" constitue une matrice d'histoires.
Manichéisme (vive la théologie antique)
Attention : cette histoire du peu que j'en est lu est manichéenne, et je le dis dans le sens de "religion antique fondée par le théologien perse Mani". C'est une antonomase : Mani, le nom du monsieur, a donné le nom commun. C'est le sens original de manichéen, le sens figuré, aujourd'hui beaucoup plus connu, désigne quant à lui une histoire avec des gentils très gentils (ex. Bisounours) et des méchants très méchants (ex. Nazis). Ou des anges et des démons. Par exemple, Disney, c'est souvent manichéen. De même pour les contes. A mon sens, si l'on cherche à écrire de manière allégorique, ce n'est pas nécessairement à bannir. Le fait que les personnages soient surhumains permet d'accepter que leur disposition d'esprit soit différente, peu subtile : en clair, ce sont des entités.
Les histoires d'amour, d'ange et de démons, m'évoquent un ouvrage Wattpad dont je suis à la moitié : le Crépuscule des Anges de Quentin Touillon. Je vous laisse découvrir cette fantastique histoire qui nous est narrée par une jeune mortelle.
En théologie perse du troisième siècle de notre ère dont je suis évidemment une éminente spécialiste (non.), le Manichéisme est fondé par Mani, de langue sanskrite. C'est une religion assez hiérarchisée, issue d'un syncrétisme entre plusieurs systèmes de croyances, occidentales et orientales. La "lumière" et les "ténèbres", deux termes employés dans le prologue, vivent ainsi séparés, mais se sont mêlés, et la fin est une nouvelle séparation, d'après ce que j'en ai compris. Ici, lumière et ténèbres se sont mêlés, (élément déclencheur) : mis en couple, même, ce qui permet d'écrire une histoire d'amour, et Lucifer a dérobé une clef (non mentionnée dans le prologue, mais dessinée sur la cover). La bataille, de même, indique une hostilité, mais également un brouillage, un mélange, une rencontre (mais pas du tout une rencontre amicale).
Sauf que le fait de mêler lumière et ténèbres fait naître une chose absente du prologue. J'ai nommé : l'humain. Dans le roman de Quentin, la résolution, c'est l'humain, c'est lui qui fait tout basculer. Ici, on n'en parle pas, on le devine : une bataille entre anges et démons, il s'en déroule sans cesse en nous. Une façon "indirecte" de parler de la condition humaine.
Pour finir, la notion de suspense est ici compromise : même si Aude a été trahie (et ne s'y attendait pas), et même si la victoire démoniaque "semble" déjà écrite. En fait, si tout est écrit, comment peut il y avoir de l'attente ? C'est un autre aspect du "surhumain". Et pourtant... Les Perses étaient plus nombreux que les Grecs lors des Guerres médiques (même si l'archéologie montre que le surnombre des Perses a été beaucoup exagéré par les Grecs vainqueurs). La bataille inégale qui semble gagnée par le méchant, face à une lueur d'espoir, c'est au fond un thème classique, et tout sera question de dosage.
Un début classique, mais prometteur. On s'attend à revenir sur la romance entre les personnages, et à un récit de guerre.
Merci à @Romantic_moon_21 pour ce moment de lecture. (Haha mon analyse est environ cinq fois plus longue que ton prologue : en analyse littéraire (commentaire de texte) , c'est TOUJOURS comme ça.)
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Non-Fiction[OUVERT] Par où commencer ? Soumettez moi vos histoires et j'en analyse le début ! Ceci est un projet qui se veut un florilège, en quête de perles Wattpad. Un peu à l'image du prix de la Page 111, je n'analyserai que le début, appelé "incipit" par...