(Si vous souhaitez une analyse d'un de vos écrits semblable à celle ci, contactez moi ici ou sur mon Babillard !)
La musique qui accompagne ce chapitre provient d'un compositeur grec que j'apprécie beaucoup, Vangelis.
J'analyserai le prologue de Réincarnation maudite : Rétorsion, dont l'idée de départ figure dans le résumé : "Dans un monde où les Dieux se réincarnent parmi les Humains et permettant à une minorité d'accéder aux portes de l'Olympe, d'autres y voient une injustice privant des humains de leur vie pour des créatures divines ayant trépassé depuis des siècles." (Si je puis me permettre, c'est ayant trépassé, sans -ées). Avec, donc, une question quelque peu "uchronique" : qu'adviendra t il des Dieux de l'Olympe une fois leur culte obsolète ? (J'en profite pour recommander le bon livre "Les grecs ont-ils cru à leurs mythes ?" de Paul Veyne).
(Si je puis me permettre un conseil, je me rends compte que la plupart des erreurs grammaticales, toutes en fait, concernent le participe passé. C'est donc sur ce point qu'il faut être vigilent. Le reste est bien écrit).
@Meibisuuw en est l'auteure, et cela m'a l'air d'un roman fantastique. (Question pour elle : es tu helléniste ?) Je vous recommande de lire le prologue !
De la cosmogonie à la découverte scientifique
Le début, comme en attestent les premiers mots, est une cosmogonie : mythe de la "création", des dieux s'engendrant. La matière primitive est Chaos, ce qui n'est pas le vide mais plus exactement la confusion. Gaïa, et les générations se succèdent, puis l'Antiquité est décrite comme le temps où l'on adorait les dieux. Jusqu'ici, l'autrice reprend le mythe comme un canevas, une toile de départ. A la fin de l'Antiquité, les dieux ne sont plus vénérés. L'autrice commence alors à imaginer, donc à se faire sa version du mythe. A noter qu'en mythologie, un même mythe peut être raconté de différentes manières. Exemple très simple : le nombre de tête de l'Hydre, monstre qui en a plusieurs, varie selon les auteurs. Un exercice d'imagination autour de mythe est chose assez courante, à mon sens l'originalité tient à la suite, à savoir l'inscription de l'humanité (et de l'an 1992) dans le mythe. Parler de Cosmogonie et de 1992 en même temps (en tout cas, dans le même prologue) me semble détonner, et c'est ça qui me plaît.
Le schéma suivi est au fond très simple, je dirais même que mal utilisé il peut nourrir des discours politiques peu recommandables : l'âge d'or, la "décadence" et le "renouveau". Cela dit, avant d'être un élément politique, c'est un élément de narration et de littérature, et d'ailleurs les âges de l'humanité font partie de la mythologie (âge d'or, de bronze, de fer, et d'airain, il me semble). Sauf que la partie renouveau provient d'un élément scientifique, non l'existence des dieux mais les traces matérielles du culte. Le choix du messager des dieux semble assez logique. On comprend alors que l'humanité retrouve sa propre histoire. Les fouilles ont lieu en Grèce, à la fin du siècle dernier, et la nouvelle des dieux semble ébranler le monde entier, peut être parce qu'on a à nouveau des éléments du passé. Attention cependant : je ne pense pas qu'une découverte archéologique, même importante, ait ce type d'influence dans notre monde. Sauf si l'humanité a oublié l'Histoire du passé et cherche à le redécouvrir, et se soit posé la question, mais je pense qu'il faudrait préciser.
Si j'ai demandé à l'autrice si elle était helléniste, c'est parce que la ville grecque (fictive, il me semble) d'Ananéosi a un nom signifiant "renouveau". Quoi qu'il en soit, l'ancrage dans le monde contemporain fait à mon sens l'intérêt du prologue.
Uchronie : les dieux oubliés
Nous sommes dans notre monde, mais son "historiographie" est différente. C'est une forme de : "et si... nous avions oublié les dieux ?" ce qui paraît pas grand chose, mais les mythes ont une telle influence, en art par exemple, ou même en politique (les rois sont souvent représentés en Jupiter... et un président aussi x) )qu'imaginer un monde sans est une "vérité parallèle/alternative". Ici, la religion gréco-romaine s'est donc totalement perdue.
Le prologue se fonde sur l'idée que l'oubli est une seconde mort, que j'ai déjà eu l'occasion d'explorer : c'est une idée qui incite à la mémoire, et qui ici jouera un rôle narratif. Dans le cas de divinités, on a en plus : les dieux existent parce qu'on croit en eux/parce qu'on les connaît/parce qu'on les vénère. C'est une forme de retournement, les dieux ont du "sens" si un être humain est là pour les vénérer. Une chose me fait tiquer : l'autrice commence par la création des dieux. Or, lorsque l'Antiquité vint, ils devinrent vénérés. Mais entre la création et l'Antiquité, les dieux existaient déjà, ils guerroyaient entre eux (Titans, Géants) et batifolaient en s'ennuyant (d'où, parait il, la création de l'être humain). Qu'ils aient par la suite besoin d'être vénérés, et par besoin j'entends qu'ils en dépendent au point de "mourir" (à l'exception de l'âme) faute de vénération me semble assez incohérent. Cela dit, c'est le pendant négatif de l'idée, originale, de mêler mythologie et histoire de l'humanité, en faisant jouer aux fouilles un rôle et en leur donnant une influence sur les dieux.
Ainsi, le savoir sur les dieux contribue à façonner la vérité, l'incarnation des dieux. Avec le corps et l'âme, l'autrice ne tranche pas fermement : l'âme, vérité éternelle, est indépendante des vénérations. En revanche, l'enveloppe, l'incarnation, dépend de ces dernières. A la question : "les dieux ont ils besoin des hommes pour survivre ?", l'autrice répond : "oui et non". Ce n'est pas un reproche, c'est au contraire assez astucieux, mais c'est aussi un élément clef de l'intrigue.
Sauf qu'ici, les dieux ne sont plus vénérés : ils sont simplement connus. Et je pense que c'est cette tension qui sera à l'origine de l'histoire. Par ailleurs, la réincarnation me semble puiser dans une imagerie davantage asiatique (bouddhiste ? Hindoue ?).
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C'est un beau prologue, à la fois sur le savoir, sur l'oubli et la mémoire, et sur le rôle de l'humanité et sur les dieux qui ont besoin de nous, ou dépendent de nous (malgré leur âme).
Je remercie @Meibisuuw pour ce moment de lecture.
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Au début
Non-Fiction[OUVERT] Par où commencer ? Soumettez moi vos histoires et j'en analyse le début ! Ceci est un projet qui se veut un florilège, en quête de perles Wattpad. Un peu à l'image du prix de la Page 111, je n'analyserai que le début, appelé "incipit" par...