Le soleil couchant - Aranea

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(Si vous souhaitez une analyse d'un de vos écrits semblable à celle ci, contactez moi ici ou sur mon Babillard !)   

Ce chapitre correspond à l'analyse du début du roman de fantasy écrit par @Aryavallis intitulé ARANEA  et sous titré les Aventuriers. Lisez le ! 

Le début me semble se situer dans une fantasy classique (et rien à voir mais j'apprécie la cover violette qui fait un peu grimoire). Le premier chapitre se nomme "les espoirs d'un roi" : la figure royale est à la fois politique (une incarnation du pouvoir) et humaine, voire, en fantasy, mortelle, humaine par opposition à d'autres créatures, mythiques. Si le roi est en position d'espérer, c'est bien qu'il est vulnérable en dépit de son haut statut, et tout roi qu'il est, il est des choses qui le dépassent. A commencer par la salle du trône et les portes bien plus hautes (ok, elle est facile, mais c'est vrai : les portes racontent chacune une histoire plus vieille que "notre cher souverain"). 

Une galerie de figures, ou un groupe d'individus ? 

L'arrivée des Aventuriers se fait soudainement. L'attente est maîtrisée, ils savent se faire annoncer (dit familièrement) : héritiers d'une histoire voire d'un mythe, légitimé par les dieux (soi dit en passant, historiquement les sphères du pouvoir aiment se raconter des ascendances divines, on peut penser aux Pharaons, aux empereurs romains, ou aux premiers rois de France (ex. le grand père de Clovis, Mérovée (Mérovingiens) serait né d'un monstre marin d'après les textes de l'époque)), ils sont attendus par le roi. Ce dernier tremble jusqu'aux ongles, ce qui rend le texte plus proche de nous, plus crédible, et démystifie un peu la figure royale (qui reste respectable, mais en devient humaine). 

Les figures arrivent "comme un seul homme". Ce sont quatre aventuriers, qui arrivent par les quatre portes. La porte du Temple peut être un symbole en franc maçonnerie par exemple, c'est une imagerie solennelle (rencontre de l'humain et du divin). (Mes connaissances en franc maçonnerie se résument à la Flute Enchantée, je le précise). Mais la galerie de portraits les distingue entre eux, et la scène fait même apparaître des hostilités, ils sont "comme" un seul homme mais incarnent bien une pluralité. 

Raphaello, connu du Roi, est l'archétype du chevalier, "martial", "voué à de grandes choses". "Jeune homme", "garçon" : le regard du roi, son sourire, ont quelque chose d'un peu paternaliste, d'attendri (sans qu'ici "paternaliste" soit péjoratif). Après d'autres descriptions physiques (prosopographies :) ), la dernière des Aventuriers (dans l'ordre où le roi les remarque) met le personnage mal à l'aise. De son attitude en retrait, le roi déduit "une méfiance naturelle et une vigilance constante". Le roi lui-même a une attitude protectrice, un sens du devoir, comme il devrait incomber à tout bon souverain. 

Un vif conflit apparaît : la jeune femme vient d'une "famille d'assassin" (que le lecteur ne connaît pas), ce que Raphaello ne tolère pas, mais d'un autre côté, elle a bien été choisie par les déesses, c'est cette élection qui la rend légitime. En attendant, outre ce débat "théologique", on a aussi un horizon d'attente : une rivalité entre ces deux personnages va se développer, ce qui est scénaristiquement intéressant. 

La dernière phrase est grammaticalement incorrecte de manière volontaire : "vos destins n'est désormais qu'un." Les jeunes gens, arrivés comme un seul homme, repartiront comme un seul homme, comme une fusion (plus prosaïquement, ils ont la même quête et les mêmes intérêts). 

Confiance et gravité 

Des explications sur le monde imaginé par l'autrice, sur le world-building, sont dispensées en filigrane. La magie (appelée Originelle), énumération ternaire, est : "ancienne, puissante, catalysatrice" . L'énumération est brisée et renforcée par le terme "indispensable".  La mission des Aventuriers, dans un contexte de désespoir, est d'importance : le texte ne cesse de le rappeler. Les aventuriers constituent une "jeune génération" : si le couple royal est vénérable par son âge, sur les jeunes aventuriers repose l'espoir du titre. Les attentes de la génération aînée sur la génération cadette rappellent notre monde, un peu comme si c'était à leur tour de faire leur preuve. (même si, attention, on n'est pas dans une quête d'egos comme dans certains mythes grecs, ou comme dans les tournois médiévaux : l'idée est bien de sauver le royaume). 

La confiance du roi en les déesses (qui ne les ont pas élus pour rien), et par extension aux aventuriers (élus des déesses) montre que l'issue est désespérée. Le roi "remet" sa confiance aux divins, peut être parce que c'est la "mentalité" de ce monde créé par l'autrice. Le Conseil des Lumières naît ainsi "du désespoir" et réunit de "grands archimages", comme si l'autorité, les hauts rangs avaient quelque chose de rassurant en cas de crise : ex. le "dictateur" romain; au sens premier, détient un pouvoir provisoire le temps d'une crise. 

La Reine clôt par une annonce, celle du Conseil qui se tiendra le lendemain de la rencontre. Son amour pour le roi contribue à humaniser le couple royal. 

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Une chose me fait un peu tilter : le terme "stress", qui semble un peu contemporain. "Nerveux" me paraît davantage "ancien" ou compatible avec de l'ancien, je ne vois pas du tout un roi "médiéval" se dire "stressé".  Même si le terme stress a bien une étymologie, il vient de l'anglais "distress" (détresse). 

Le texte est agréable à lire, prend son temps dans l'exposition, l'introduction. J'ai apprécié le style assez raffiné de l'autrice, et je remercie @Aryavallis pour ce moment de lecture. 

Au débutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant