RAD ( SF, Romance )

Les ombres du passé

Le vent soufflait lourdement à travers la plaine de Tervaniss, soufflant des volutes de poussière dans l'air qui se teintait d'or sous les derniers rayons du soleil. Rad, ses pieds immergés dans la terre brûlée du champ, s'était retirée un instant de la scène de guerre. La bataille était terminée, mais la victoire ne lui apportait aucun soulagement. La guerre, l'effort, l'acier et le sang... elle était épuisée, mentalement et physiquement. Mais il y avait plus que ça : un poids qu'elle portait bien avant cette bataille. Ce poids était celui de son passé, du sacrifice et de la douleur qui avait forgé son caractère et sa destinée.

Elle s'assit à l'ombre d'un arbre, la respiration rauque, se laissant absorber par les bruits lointains de la victoire. La lumière dorée du coucher du soleil se mêlait aux ombres qui s'allongeaient, comme une scène d'une beauté poignante, douce mais tragique, tout comme sa propre existence.

Dans sa main droite, Rad serrait son épée Luxaria, l'épée lumineuse qu'elle avait héritée. La lumière qui émanait de la lame semblait pulsée comme une extension de son propre cœur, son reflet brillant dans ses yeux déterminés. Luxaria n'était pas simplement une arme, elle était un symbole — un symbole d'un lien plus fort que le métal, plus ancien que le temps, et plus complexe que la simple vengeance.

Pourquoi elle ? Pourquoi cette épée et cette armure ? Pourquoi elle avait été choisie, forgée dans les flammes du destin ? Elle se souvint de son maître, cet homme qui l'avait recueillie alors qu'elle n'était qu'une enfant perdue dans un monde de dévastation.

Il s'appelait Maître Ardyn. Un homme âgé, marqué par les années de guerre et de souffrance, mais aussi d'une sagesse immense. Il l'avait trouvée, abandonnée dans une ruelle après la destruction de son royaume. Elle n'avait rien à part ses blessures et ses pleurs, un reflet d'un monde brisé, sans espoir. Ardyn avait vu en elle plus que la simple souffrance d'une orpheline. Il avait vu une guerrière potentielle, un feu qui brûlait dans le fond de ses yeux. Elle avait vu dans ses bras ce qu'elle n'avait plus : l'amour paternel.

Ardyn l'avait élevée comme sa propre fille. Il lui avait enseigné les bases du combat, des stratégies d'attaque et de défense. Chaque jour, elle s'entraînait sans relâche sous sa tutelle. Il l'avait fait souffrir, parfois avec une cruauté apparente, mais toujours avec une profonde intention : faire d'elle une guerrière accomplie. Son passé de soldat et de stratège en guerre l'avait transformé en un maître impitoyable. Mais il avait aussi appris à Rad la philosophie du combat. Il lui disait souvent :

Maître Ardyn (avec un regard pensif) :
— "Le corps peut être brisé, Rad. Mais une véritable guerrière n'est pas définie par ses blessures physiques. Elle est celle qui peut résister dans son esprit, dans son âme. Une arme ne fait pas la force d'une guerrière, c'est l'esprit qui fait la différence."

Rad (tandis qu'elle s'entraînait sous sa direction, une épée en main) :
— "Mais qu'est-ce qui fait un vrai guerrier, Maître ?"

Maître Ardyn (se tournant vers elle avec un sourire faible mais affectueux) :
— "C'est la capacité à se sacrifier pour ceux qui en ont besoin. C'est aussi savoir quand utiliser la violence et quand faire preuve de sagesse. La vraie force, c'est dans l'âme, et tu as une âme de lionne, Rad."

Ardyn lui enseignait tout : les techniques de combat les plus complexes, les manœuvres de guérilla, l'art de lire le champ de bataille. Mais il lui enseignait aussi l'humanité au milieu de la brutalité. Il lui enseignait à penser par elle-même, à ne jamais se laisser enfermer dans un rôle de simple combattante.

C'est dans ces années d'apprentissage que l'armure en or prit forme. Ardyn, dans une dernière démonstration d'amour paternel, forgea pour Rad une armure entièrement en or. L'or symbolisait la lumière, l'espoir, et la rédemption, mais aussi l'immensité du sacrifice qu'il faisait pour elle, pour l'enfant qu'il n'avait jamais eu. Le métal précieux, sculpté à la main, était forgé dans le feu, aussi chaud et intense que l'amour qu'il avait pour elle.