Le corps de Selriel gisait sur le sol en un petit tas de cendre. Je n'éprouvait rien. J'avais déjà tué, torturé. Cette fois je n'avais pas participé. J'avais était le témoin silencieux, celui qui observe sans intervenir. Soutenant Nihil par ma simple présence. Il méritait de mourir. Elle avait agit pour elle avant tout, mais son instinct de protection quand elle m'avait sentie en danger avait été le déclencheur. Elle s'était arrachée du sort qui l'avait coupé de moi, elle m'avait cherché. Mes émotions face à l'agression du fae lui avait rendu ses souvenirs. Elle aussi avait vécu cette humiliation. Son corps avait été souillé, son âme emprisonnée, dépouillée de son identité.
Nous étions là, debout, face au petit tas de cendre, Nihil toujours aux commande, comme en transe, quand je sentis l'essence de Zihaa pénétrer la pièce.
Nihil se tourna vers elle, une bouffée d'amour emplissant son être, recouvrant tout ce qu'elle pouvait ressentir. Je ne sais pas ce que Zihaa vu en nous regardant. Ses yeux se posèrent brièvement sur ce qui avait été l'un des siens, avant de se poser sur nous. Qu'importe ce qu'elle vit, ses yeux débordèrent de larmes, sa bouche se tordit et elle fonça sur nous.
Nihil la réceptionna dans ses bras en laissant échappé un rire semblable à un sanglot. Je pleurais, tant dans mon âme que dans mon corps, partageant ses émotions. Zihaa sanglotait dans nos bras, s'accrochant à nous comme une naufragée.
_ Je suis désolée de t'avoir abandonnée ma fille, murmura Nihil le visage contre ses cheveux, la gorge nouée.
Les pleurs de Zihaa redoublèrent, l'émotion nous faisant tomber doucement sur le sol, toujours dans les bras l'une de l'autre.
Le temps semblait figé, nous restions là, sur le sol, enlacées. Je ne comprenais pas tout, mais les pièces du puzzle commençaient à prendre forme dans mon esprit.
Zihaa finit par se calmer après un moment, comme perdu dans le temps. Elle se redressa, s'asseyant gracieusement sur le sol face à nous.
_ Je n'ai jamais perdu espoir, confiât-elle. Tous te disait morte, mais je savais. J'ai toujours su que tu reviendrais.
_ Je n'ai jamais voulu t'abandonner, souffla Nihil en serrant les poings.
Zihaa ne répondit pas. Elle savait. Elle n'avait jamais doutée de l'affection que lui portait sa mère.
_ Tu es une Déesse, réalisais-je.
_ En effet, une Déesse déchue, ricanât-elle amèrement.
Vivre avec une arme millénaire en sois était une chose, mais une Déesse, en était une autre. J'aurais certainement due être impressionnée, décontenancée mais non. C'était Nihil. Même si je doutais que ce soit réellement son nom, maintenant que je savais qui elle était.
_ Quel est ton nom ? demandais-je, trop curieuse pour être délicate.
Son rire emplis mon esprit, réconfortant mon âme.
_ Au commencement, je n'en avais pas. Aucun de nous n'en avais. Les noms sont des choses inutiles pour ce qui est vraiment. J'étais, simplement. La mère de toute chose. La seule Déesse ayant vu le jour. Les enfants qui sont venus ont voulu m'en trouver un . J'en ai eu beaucoup avant d'être dépouillée de moi même.
_ Je suis désolée, répondis-je bêtement, secouée par l'émotion.
_ Tu es ma libération Mia. Je te rendrais cela un jour. De tout les noms qui m'ont étaient donné, celui que j'ai le plus aimé était Nyx, mère de toute chose.
J'abritais en moi, l'une des première divinité venue du néant. Mon cœur était serré de savoir que, malgré son statut, elle avait était réduite à l'état d'âme vagabonde, sans souvenir ni libre arbitre.
Zihaa fixait pensivement mon corps, semblant ne pas pouvoir détacher ses yeux du réceptacle de l'âme de Nyx.
_ Je n'ai plus aucuns souvenir de ton corps originel, confiât-elle avec regrets.
_ Chaque souvenir de moi à été minutieusement inspecté et transformé lors de mon emprisonnement. Si aucune naissance ne pouvait avoir lieu sans moi, je pouvais à l'inverse, me passer des Dieux pour donner la vie. J'ai aidé chaque espèce à naître, laissant ensuite leur créateur s'en occuper. Je n'avais aucune envie d'avoir des enfants. Je me contentais de porter la vie que d'autres voulaient donner. A cette époque, chaque créature savait que j'étais la Mère originelle. Mais un jour, un vœux de maternité immense m'a engloutit. La solitude rongeait mon âme, la jalousie aussi, quand je voyais les autres divinités partager leur infinité avec leurs enfants. C'est de cette envie profonde, que tu es née ma fille.
Je ressentais la vérité de ses paroles dans mon âme. Je voyais Zihaa frissonner, de part l'intensité des révélations contenues dans ce récit. Nihil parlait posément, nous racontant son histoire comme si c'était celle d'une autre. En dépit de cela, n'importe qui aurait ressentis l'émotion retenue dans ses mots.
_ Les Dieux n'ont jamais fait grand cas du sexe, la féminité ou la masculinité étaient des choses abstraites. Nous étions, tout simplement. Nous avions compris qu'il fallait un tout pour donner naissance, étant la seule Déesse, les aider à concevoir était une évidence. Je n'ai jamais refusé, pas une fois, jusqu'au jour ou j'ai pu donner naissance sans le concours d'un autre Dieu. Quand ma fille est née, chaque Dieu est venu me demander comment j'avais fait. Je ne pouvais leur répondre que la vérité, que je l'avais souhaité du plus profond de mon être. Ils ont essayé à leur tour, sans succès. Le temps passant, certains sont partit, laissant leurs enfants, s'en étant lassé. D'autres en revanche en voulurent plus. Leur créations ne les contentait pas, ils voulaient de nouveaux enfants. Je refusais de les aider, ayant déjà fait plus que ma part. J'aspirais simplement à vivre entouré de mes enfants, ne refusant jamais d'aider une seule créature vivante. Les Dieux ne l'ont pas entendu ainsi. Mon corps Divin fût souillé. Ils tentèrent par tout les moyens possible de me forcer à leur donner ce qu'Ils voulaient. Mon statut de divinité ne me fut d'aucune aide, je ne pouvais pas plus les tuer, qu'Ils ne le pouvaient vis à vis de moi. Mes défenses n'étaient pas suffisantes face à leur puissance combinée, ma seule victoire fut de ne pas leur donner ce qu'Ils essayaient de gagner par la force ...
Les souvenirs affluaient dans mon esprit, brûlant mon âme, faisant suffoquer mon cœur. Jamais je n'avais eu aussi mal sans être directement touchée. Les larmes que Nihil refusait de verser, je les laissais couler, noyant mes yeux de tout ce qui ne pourrait jamais être réparé. Zihaa pleurait avec moi, serrant rageusement les poings sur son pantalon en lin, jusqu'à presque le déchirer. La pause dans le récit de Nihil était comme une inspiration désespéré, un appel à l'aide silencieux.
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Nihil tome 2
FantasyVivre avec une arme de destruction massive en moi ?Fait. Contrecarrer les plans d'un Dieu psychotique ? Fait. Mettre de l'ordre dans ma vie, avant de me retrouver chez les Dieux, pour leur prouver que je ne serais jamais une menace ? En cours. Entr...