Chapitre 18

7 1 0
                                    


Le manque de mon dragon commençait à se faire ressentir. Tirant un peu sur notre lien, je fus tirée de mon exploration mentale par Jérémiah.

_ La grossesse rend toute les femelles aussi étrange ? semblât-il s'interroger tout haut.

Un sourire amer déforma ma bouche. La grossesse avait bon dos.

_ L'amour est plus à blâmer que ses hormones, arguais-je avec une mimique dégoûtée.

Étant donné qu'il ne s'adressait pas vraiment à moi, il se retourna en me dévisageant d'un air surpris. Il ne releva pas. Pourquoi faire après tout ?

_ Le surnat chez toi, il t'aime ?

Le changement de sujet me fit buguer. Il en avait d'autres des comme ça, sérieusement ?!

Mon absence de réponse n'eut pour effet que de le voir se renfrogner. Super, un loup de mauvais poil !

_ Son comportement était équivoque. Pas la peine de me ménager, poursuivit-il en grognant à moitié.

_ C'est compliqué, tentais-je d'expliquer, en me souvenant que Jérémiah n'était au courant de rien.

Son visage passa de mécontent, à en colère. Je pouvais comprendre, mais ce n'était pas comme si je pouvais tout lui balancer.

_ Je pense être suffisamment intelligent pour comprendre.

Sa voix glaciale était un indicateur assez clair de son état d'esprit. L'amour était une plaie.

_ Je ne doute pas de ta capacité à comprendre, essayais-je de l'apaiser. Il s'est passé beaucoup de choses quand j'ai du suivre les deux surnats il y a cinq mois. Des choses dont je n'ai pas encore envie de te parler. Pas parce que tu ne comprendrais pas, ou parce que je n'ai pas confiance en toi. C'est juste que ça changerait les choses entre nous, forcément, et je ne suis pas prête à ça. Les deux surnats que tu as vu chez moi sont des dragons, ça au moins je peux te le dire sans problème. L'un d'eux est lié à moi. Quant à celui qui à voulu jouer au cowboy, c'est compliqué...

Je le laissais avaler ces informations en jouant nerveusement avec mes mains. Je n'avais pas envie de perdre Jérémiah, cependant il avait des sentiments. Personne n'aimait avoir l'impression d'être pris pour un imbécile. Malgré tout, je n'avais pas la force de tout lui avouer. C'était sans doute égoïste. C'était sûr même, mais tant pis.

_ Je suppose que tu ne peux pas non plus me dire, comment tu t'es retrouvée liée avec un dragon ? me questionnât-il après un long silence.

_ Si je te le disais, ça me forcerais à t'expliquer ce que je n'ai pas encore envie de te dire. J'ai besoin de toi Jérémiah. Je ne dis pas ça pour te manipuler, ou pour noyer le poisson. Tu es important pour moi. Ton soutient ces derniers mois, a été une des seules choses qui m'a aidé à ne pas finir folle. Je t'expliquerais tout, un jour, je te promets de tout de dire, mais pas maintenant.

La fourberie des mages n'avait aucune limites. Je savais que mes mots le ferait céder. Que ce soit la vérité, n'enlevait rien à la mesquinerie de ma déclaration. Comme prévu il capitula, se laissant attendrir.

_ J'espère que ce jour ne tardera pas trop. Tu peux avoir confiance en moi Mia, déclarât-il avec une intensité, qui ne laissait aucun doute sur ses sentiments.

Comme la grosse lâche que j'étais, j'allais le prendre dans mes bras. Son contact me serrant le cœur. J'étais mauvaise pour cet homme, il méritait tellement mieux que ça en devenait presque pathétique.

Il me serra contre lui sans rien ajouter. Si l'enfer existait, j'étais certaine qu'il existait un endroit spécial pour les gens comme moi. Les remords cependant, ne pesaient pas bien lourd face au bien être que je ressentais avec lui. Il n'y avait plus qu'à espérer vivre le plus longtemps possible, pour éviter le purgatoire.

J'allais retrouver mon dragon, après avoir dit au-revoir au loup le plus compréhensif de l'univers. Son statut d'alpha de meute avait beau être mérité, si il se montrait aussi coulant avec tout le monde, il aurait tôt fait de se faire supplanter. J'en toucherais deux mots à Henry. Si je savais qu'il n'agirait pas, tant que les lois de meute étaient respectées, il se pouvait qu'un avertissement de sa part rende Jérémiah plus ferme.

Fière de ma résolution, je rentrais chez moi en essayant de me convaincre que j'avais fait ce qu'il fallait.

L'impression glacial chez moi était tellement inhabituelle, que je m'arrêtais à la porte, pas bien sûre de vouloir entrer finalement.

Les écailleux avaient rendu mon petit havre de paix, aussi inhospitalier qu'un nid de serpent. Ce qui, tout bien considéré, était assez logique. En voyant Maël venir vers moi, un sourire tranquille sur le visage, je haussais un sourcils interrogateur.

_ Tu m'as l'air beaucoup trop serein pour être à l'origine de cette ambiance immonde, dis-je à mon dragon, en refermant la porte après m'être fait violence pour entrer dans leur antre. C'était mon antre à moi après tout.

_ En effet, me confirmât-il en soupirant. J'ai du user d'une certaine dose de persuasion, pour retenir mon gardien ici. Je suppose qu'il n'apprécie que moyennement le confinement.

Passant une tête dans le salon, j'aperçus Joshua assis sur un fauteuil, immobile, une expression féroce sur le visage.

_ Contrainte physique ? interrogeais-je Maël en me débarrassant de ma veste.

_ Il ne m'a pas laissé le choix, soupirât-il en haussant les épaules.

_ Tu ne pourrais pas le laisser comme ça pour le reste de son séjour ? demandais-je en plaisantant à moitié.

Ma blague eut le déplorable effet d'énerver le vilain dragon, qui fit exploser un vase posé près de lui, par la simple puissance de son aura.

_ Ça c'était vache, le sermonnais-je. Je l'aimais bien ce vase.

Maël ricana en relâchant la pression magique sur son copain dragon. Il ne souffrait même pas de la contrainte, pas de quoi s'énerver ! La pratique m'ayant rendu prévoyante, je dressais un mur magique autour de moi. Bien m'en pris, car Joshua à peine relâché, fondit sur moi. Sentant ma protection, il ne se risqua pas à vouloir me toucher, mais il se tint le plus proche possible de moi.

_ Tu ne reverra plus ce loup, assénât-il comme si c'était une putain d'évidence.

Ce mec avait l'art de me donner envie de le rendre muet, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche.

Je lui rigolais au nez en allant me chercher une canette de soda.

_ La contrainte lui à griller le peu de neurones qu'il avait ? questionnais-je Maël.

Il ne me répondît pas, préférant se rapprocher de moi pour me prendre la main. Son contact m'apaisa instantanément, libérant les tensions de mon corps après cette journée éprouvante.

_ Tu ne le reverra plus, continua Joshua comme si je n'avais rien dit.

Je soupirais, son comportement m'usant plus que je ne saurais le dire.

_ Tu n'as rien à dire. Je vois qui je veux. Je fais ce que je veux. Personne ne me dit quoi faire, toi moins que quiconque. Alors si te ne veux pas rentrer dans ta prairie perdue, ferme la.

_ Tu es à moi.

Les foutus papillons qui volèrent dans mon ventre, suite à son allégation, étaient aussi mal venus qu'hors de propos. Je fit donc comme si je n'avais rien ressentis de plus que de la répulsion.

_ Je suis à moi. Et c'est déjà beaucoup de boulot. Essaie au moins de combattre ce putain de lien divin, m'énervais-je face à son air buté.

Sa réponse aurait sans doute été des plus agaçante, si un puissant éclair magique inondant ma maison, ne l'avait pas empêché de me répondre.

Nihil tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant