Sidéris T1

Chapitre 10.

Lana | Colorado, novembre 2022

Cela fait maintenant trois semaines que je suis au courant pour la mafia d'Éros. Les choses ont pas mal changé depuis sa révélation. Mes blessures ont guéri, ma jambe ne me fait plus du tout mal et elle a bien cicatrisé. Par contre, j'ai toujours un bandage à la main.

À ma demande, Liam a tout révélé à Noa et à Ariane, et elles ont plutôt bien réagi.

Forcément, elles ne se sont pas fait torturer pour ça, elles, au moins.

Ariane a trouvé ça stylé et Noa s'est contentée de hausser les épaules, elle se concentre surtout sur ses cours. Même si je sais qu'elle trouve Liam d'autant plus attirant.

Quant à Jace, je lui en ai tenu rigueur de ne m'avoir rien dit. Il s'en voulait énormément de ce qui m'était arrivé. Finalement, après plusieurs jours à lutter, j'ai cédé et lui ai pardonné. J'ai bien compris qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres d'Éros.

Nous ne nous sommes pas vraiment parlé, avec Éros. Il n'était pas souvent présent à la maison, puis j'ai passé le plus clair de mon temps avec Jace, Liam et les filles. De ce que j'ai compris, il avait plusieurs rendez-vous d'affaires.

J'ai aussi repris les cours depuis une semaine. Être avec Jace et Noa m'avait manqué. Cependant, j'ai eu pas mal de retard à rattraper.

Aujourd'hui, Noa, Ariane et moi déjeunons ensemble. Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvées toutes seules.

- Alors, Lana, qu'est-ce que ça fait de devoir vivre avec Éros et Jace ? demande Ariane en piquant une frite dans mon assiette.

Je m'en suis un peu voulu, au début, de devoir quitter notre colocation, mais elle a vite compris les enjeux qu'il y avait derrière. Du coup, pour que Liam puisse garder un œil sur les filles, Noa a emménagé à ma place chez Ariane. Comme elles ne sont allées que deux fois chez Éros, elles sont moins susceptibles d'être en danger que moi.

- Je pensais que Jace était le plus dur à vivre, mais finalement, Éros bat tous les records, ricané-je.

- Mais il n'est pas souvent en déplacement ? m'interroge Noa.

- Si, si. Je ne le vois pas souvent, mais quand j'ai le malheur de le croiser, j'ai le droit à un regard noir. Finalement, je préfère être embêtée toute la journée par Jace que d'être ignorée. Au moins, je rigole et n'ai pas l'impression d'être un boulet.

- Vous ne vous êtes pas parlé depuis qu'il t'a dit pour sa mafia ? demande Ariane.

- Pas vraiment. Jace m'a dit qu'il était tendu en ce moment, à cause d'affaires, mais pour moi, il est comme ça quotidiennement.

En y réfléchissant, à part après mon enlèvement, lui et moi n'avons jamais eu de vraies discussions. Nos échanges se résument à quelques insultes de ma part, parfois des questions laissées sans réponses.

À la fin de la journée, comme toujours depuis mon enlèvement, ce sont les hommes d'Éros qui me récupèrent. Je lui ai déjà dit que ça ne servait plus à rien, mais il insiste à chaque fois. Aujourd'hui, j'ai le droit à un SUV noir. Les gens de la fac me regardent maintenant de travers. Je les comprends, je passe de la fille invisible à celle qui se fait escorter tous les jours en grosse berline.

Nous arrivons à la maison. Je sors et remercie le chauffeur qui se retrouve à me chaperonner alors que ses fonctions ne sont pas celles-ci de base. J'ai eu du mal à m'y habituer, c'est étrange de se retrouver entourée de tout ce monde au quotidien.

J'ai fait la connaissance de Miranda, la gouvernante. C'est elle qui m'a donné mes médicaments pendant mon traitement. J'ai pris l'habitude de l'aider à faire le repas du soir. Comme je suis pratiquement tout le temps seule, c'est un moment réconfortant pour moi. J'ai appris beaucoup de choses sur elle. Miranda n'a pas d'enfant, elle n'a jamais réussi à en avoir avec son ancien époux. Celui-ci est décédé d'une maladie, il y a plusieurs années maintenant. Elle a connu Éros quand il était plus jeune, elle était une amie d'enfance de son père.