Chapitre 5.

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Lana | Colorado, octobre 2022

J'ai étrangement bien dormi cette nuit. Je sors de mon lit de plutôt bonne humeur, enfile mes chaussons et un peignoir, puis je me dirige vers la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner.

Ariane est déjà en train d'engloutir une tartine. Je lui lance un sourire qui se veut chaleureux et me sors un bol, du lait et des céréales. Je la vois hésiter à dire quelque chose, alors je décide de briser la glace.

- Tu commences les cours à quelle heure ?

Elle me regarde avec un air interrogateur, sans doute surprise que je fasse le premier pas.

- Je rejoins Liam à 8 heures pour un devoir. Et toi, tu ne commences qu'à 10 heures si je me souviens bien. Qu'est-ce que tu fais levée aussi t...

Elle s'arrête comme si elle avait réalisé quelque chose. Je lui réponds avec un grand sourire, bien qu'elle me regarde avec stupéfaction.

- Je voulais aller courir, ma cheville va beaucoup mieux. Je voulais profiter du soleil de ce matin.

- Tu es sûre que ça va ? C'est normal de ne pas aller bien après...

- Ariane ! l'interromps-je. Je vais bien. Merci de t'inquiéter pour moi, mais ça va, ne t'en fais pas.

Comment suis-je censée passer à autre chose si on me le rappelle dès que j'essaye d'oublier ?

Après avoir mangé, je sors de l'appartement pour débuter mon exercice. Je décide de commencer la course d'un pas lent, car je ne veux pas me refaire mal. Je mets la musique Run Boy Run de Wookid dans mes oreilles. Rien de plus motivant pour courir. J'entre dans la forêt, voulant finir le parcours seule cette fois, et fais attention aux racines.

L'effort me rebooste, me permet de me vider l'esprit. Je ne pense à rien d'autre qu'au tiraillement qui s'installe peu à peu dans mes muscles. Pour une fois, je ne cherche pas à me dépasser ou à atteindre un nouveau temps de course. Je veux simplement sentir mon corps en mouvement, libéré de toute pensée parasite. Chaque pas que je fais sur le sol, chaque respiration qui s'engouffre dans mes poumons, m'apportent une sensation de légèreté et de liberté.

Je bifurque sur un nouveau sentier quand j'ai soudainement l'impression qu'il y a quelqu'un dans mon dos. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Après plusieurs secondes de réflexion, je prends mon courage à deux mains et me retourne brusquement. Rien.

Tu es vraiment parano, ma petite.

Je reprends ma course et décide de ne pas réactiver ma musique pour pouvoir entendre si quelqu'un me suit. Au bout d'une trentaine de mètres, je perçois un nouveau craquement derrière moi. Ma panique prend le dessus et je ne réfléchis pas longtemps avant de me mettre à courir aussi vite que possible.

Mon cœur est prêt à exploser dans ma poitrine, je ne sais pas si c'est à cause de la peur ou de la fatigue. Je sprinte sur deux cents mètres environ, puisant dans mes dernières réserves. Si je ne m'arrête pas maintenant, mon cœur et mes poumons vont me lâcher. Le souffle court, je décide de ralentir et de me cacher derrière un arbre pour observer qui me suit.

Après quelques secondes, je vois un papi courir, empruntant le même chemin que moi. Mon visage se décompose.

Un papi ? Je viens de courir deux cents mètres pour un papi ?

- Qu'est-ce que tu fais ?

Dans un cri d'effroi, je me retourne brusquement en entendant ces quelques mots prononcés juste à côté de mon oreille. Par chance, je reconnais le visage qui me fait face et reprends mon souffle tout en fronçant les sourcils.

Sidéris T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant