Lana | Colorado, septembre 2022
L'alarme de mon téléphone sonne depuis cinq minutes et ni Noa ni moi n'avons le courage de l'éteindre. Je lui donne un coup dans le bras quand la sonnerie devient vraiment agaçante.
- Éteins-moi ce truc, Noa, s'il te plaît !
Comme elle ne bouge pas d'un centimètre, je la secoue plus fort, jusqu'à ce qu'elle se réveille d'un coup et appuie sur le téléphone. Elle souffle avant de se rallonger à mes côtés. Vu le grognement qu'elle pousse, je pense qu'elle a une bonne gueule de bois.
Péniblement, je me lève pour rejoindre la cuisine, lui sers sur un petit plateau un jus d'orange avec un médicament pour lutter contre les lendemains de cuite, et le dépose sur la table de nuit. Elle me remercie d'un geste de la tête et prend immédiatement le médicament. Je pouffe de rire tant la situation est comique. On dirait qu'elle regrette ses excès.
J'ai envie de courir ce matin. Je préviens Noa que je sors sans mon téléphone, puisque j'ai oublié de le mettre à charger la veille. J'enfile ma tenue et mes chaussures et ferme doucement la porte derrière moi pour ne pas réveiller Ariane.
J'ai aperçu une petite forêt pas trop loin, lors de mon dernier footing, ce sera l'occasion de voir à quoi elle ressemble. Quand j'atteins enfin l'entrée, je m'y engouffre. L'air est plus frais ici, moins toxique. Il est à peine 8 heures, mais je suis certaine que c'est plus agréable de courir à l'abri des rayons quand le soleil tape trop fort.
Depuis l'incendie, j'ai pris l'habitude de me défouler avec un footing certains matins. Je me souviens que quand nous étions petits, avec Lucas, nous courions beaucoup. Et puis, en grandissant, je ne sais pas pourquoi nous nous sommes arrêtés. Aujourd'hui, je donnerais cher pour courir avec lui, comme avant.
Je suis tellement dans mes pensées que je ne fais pas attention à une racine au milieu du sentier. Mon pied s'y accroche et, avant de pouvoir réagir, je trébuche au sol. Je m'assois tout en m'attrapant la cheville, qui me lance terriblement.
Je jure entre mes dents et tente d'apaiser la douleur en massant mon articulation. Quand j'estime que ça va mieux, j'essaye de me relever, mais me rassois aussitôt. Impossible de poser le pied par terre sans hurler. Le retour à la maison s'annonce compliqué.
Je réalise que je suis seule dans une forêt, sans portable. Dans l'espoir que quelqu'un coure à proximité, j'appelle à l'aide, mais sans succès.
Concentre-toi, Lana, tu sais bien qu'on ne compte sur personne. Réfléchis.
Ma cheville a doublé de volume. Il va falloir que je trouve une solution rapidement. Mes yeux survolent les alentours et s'arrêtent sur un gros bout de bois non loin de moi qui pourrait me servir de béquille.
Au moment où je me motive à aller le chercher, j'entends des branches craquer.
- Il y a quelqu'un ? Par ici, s'il vous plaît, j'ai besoin d'aide ! crié-je en agitant les bras au-dessus de ma tête.
Lorsque je vois une grande silhouette s'approcher, les battements de mon cœur s'accélèrent. Je m'attends à tomber nez à nez avec un inconnu, mais c'est le visage d'Éros qui apparaît.
- Eh bien, que fait une fille, toute seule ici, à une heure aussi matinale ? me demande-t-il très sérieusement en s'arrêtant à mon niveau.
Je pousse un soupir, rassurée de tomber sur un visage familier. Je remarque qu'il ne m'a pas appelée Princesse, peut-être qu'il ne m'a pas reconnue.
- Je courais, mais je me suis pris les pieds dans une racine. Depuis, je n'arrive plus à marcher.
- Je peux jeter un œil à ta cheville ?

VOUS LISEZ
Sidéris T1
RomanceLana voit sa vie basculer le jour où un incendie tragique détruit sa maison et emporte sa mère. Poussée par le désir de commencer une nouvelle vie, elle s'installe dans le Colorado pour ses études, où elle fait la connaissance de Noa, Jace et Éros...