Sidéris T1

Chapitre 32.

Lana | Colorado, janvier 2023

Nous sommes tous réveillés depuis le lever du soleil. Il fait froid et je suis épuisée. Je n'ai clairement pas assez dormi. Le petit-déjeuner est un peu tendu, car je refuse d'adresser la parole à Éros ou à Ariane.

Sur internet, Noa a repéré un parc animalier pas très loin d'ici, et nous avons décidé d'y aller ce matin.

Une fois les tentes pliées et le matériel rangé, nous reprenons la route et, après une trentaine de minutes, nous garons les voitures sur un grand parking.

J'ai l'esprit parasité par les différents événements de la veille. Le baiser entre Ariane et Éros et le couteau enfoncé dans le crâne de cet homme se rejouent inlassablement dans ma tête. Mais j'essaye de me détendre en profitant des animaux. Finalement, la nature sauvage est bien plus intéressante que les travers de l'Homme.

Alors que nous observons les lions paresser sur un gros rocher, je sens un regard pesant sur moi. Quand je me tourne, je surprends Éros en train de me fixer. Mais il remarque que je l'ai cramé, et dévie le regard vers l'enclos.

Quel idiot...

Nous avançons vers les girafes. Noa et Liam sont dans leur bulle. Ils rigolent, se chuchotent des mots doux à l'oreille, se caressent les mains, le visage. Je les observe en souriant, mais une voix à proximité me fait sursauter.

- Tu me fais la gueule ?

- Quoi ?

- Je te demandais si tu me faisais la gueule.

- Je ne sais pas à quoi tu veux jouer, Éros, mais je ne suis pas de la partie. Va faire mumuse tout seul.

Je continue d'avancer en l'ignorant.

- Je me suis vengé de ce que tu m'as fait dans la forêt. C'est toi qui as commencé ce jeu.

Je m'arrête net et enfonce mon doigt dans sa poitrine.

- Tu as dit qu'il n'y avait rien entre nous. Mais tu mens. Comme toujours. Il y a bien quelque chose, tu n'es juste pas capable de te l'avouer.

- Tu penses vraiment que tu me fais de l'effet ? répond-il en levant un sourcil.

Un rire involontaire sort de ma bouche, alors je prends Éros par le bras et l'embarque dans un coin plus discret. Je m'arrête derrière une petite cabane et le pousse contre le mur.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Sans lui répondre, je colle mon corps au sien et approche mes lèvres de son cou. Je n'ai pas le temps de continuer qu'il inverse la donne et me plaque à son tour contre le mur. Il attrape mes mains et les bloque au-dessus de ma tête tout en plaçant un genou entre mes jambes.

Sa bouche frôle mon cou et je peux sentir son souffle chaud caresser ma chair. Je ne peux pas m'empêcher de basculer la tête en arrière. Ses doigts m'effleurent et je devine la chaleur de ses lèvres contre ma peau.

Mon cœur bat la chamade. J'ai soudainement chaud. La situation se retourne contre moi et je suis piégée à mon propre jeu.

- Ne joue pas à ça avec moi, Princesse, tu vas perdre, me chuchote-t-il en mordant le lobe de mon oreille.

Si sa jambe ne me retenait pas, je me serais déjà écroulée au sol. Éros se recule subitement et un vide se forme dans ma poitrine. Il me rend folle, je suis dingue de lui et mon corps en demande toujours plus. Il lâche mes mains avant de prendre mon visage en coupe. Ses lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des miennes.

- Tu vas voir à quel point c'est frustrant.

Nos lèvres s'effleurent et je ne saurais décrire ce que je ressens. Je veux qu'elles se rejoignent, mais il recule et la frustration m'envahit instantanément.