Sidéris T1

Chapitre 20.

Éros | Colorado, décembre 2022

Je ne peux pas faire ça, je n'en ai pas le droit.

J'ai bien vu dans son regard que je l'ai blessée. Mais si elle savait, elle comprendrait. Je récupère mes vêtements au sol et fuis à l'intérieur.

- Ton gage n'est pas encore fini, m'interpelle Jace.

Je lui balance mon majeur et il perd rapidement son sourire quand il comprend que ce n'est pas le bon moment pour me chercher. Je continue mon chemin jusqu'à mon bureau, dont je ferme violemment la porte. Je jette mes vêtements sur l'une des chaises avant de prendre ma tête entre mes mains.

Son visage passe en boucle dans ma tête. Elle me rend fou. Ses yeux perçants me rendent fou, sa façon de me répondre me rend fou. Jamais quelqu'un ne m'avait autant tenu tête. Elle n'a pas peur de moi et c'est bien la première fois que ça m'arrive.

Je dois l'éloigner, il ne faut surtout pas qu'elle s'attache à moi. Elle ne doit pas croire qu'il y a quelque chose entre nous, au risque d'être impliquée dans un monde qui ne lui correspond pas. Elle mérite d'avoir une vie paisible.

Elle a déjà trop souffert par ma faute.

Ma tête tourne, je ne sais plus quoi faire. Elle était à quelques centimètres de moi. Je pouvais sentir le parfum de son gel douche recouvrir l'ensemble de son corps, et sa peau frémir sous le contact de mes doigts. J'entendais son cœur battre à l'unisson avec le mien.

Elle était là, en sous-vêtements, si proche de moi. Cette pensée me fait vriller. Lorsque j'ai senti la peau douce de ses lèvres effleurer les miennes, j'ai été traversé d'une sensation nouvelle.

Ses yeux exprimaient tout le désir qu'elle éprouvait pour moi. J'aurais pu lui offrir le baiser qu'elle désirait, que je désirais aussi. J'aurais pu. Mais je ne peux pas.

Peut-être qu'elle me pardonnera.

Elle ne voudra pas de toi quand elle saura.

- Fait chier ! hurlé-je en donnant un violent coup sur le bureau.

Pourquoi a-t-il fallu que ce soit elle ?

J'ai rendez-vous avec un contact, aujourd'hui, et c'est Jace qui m'accompagne. J'ai besoin de trouver des informations rapidement si je ne veux pas rester bloqué ici éternellement.

Quand j'entre dans la cuisine pour me prendre un snack avant de partir, j'y croise Lana, assise, en train de manger son petit-déjeuner.

Je me surprends à la dévisager, ou plutôt, à la dévorer du regard. Elle est vraiment belle, même le matin.

Ressaisis-toi.

Je reprends mon air sérieux et passe devant elle en l'ignorant. Elle relève la tête dans ma direction quand je l'effleure, mais ne dit rien.

Un jour, elle l'apprendra.

Je récupère un paquet de biscuits et quitte la pièce sans plus attendre.

- On y va, ordonné-je froidement à Jace qui m'attend devant la porte.

- Tu t'es levé du pied gauche ou quoi ? réplique-t-il en rigolant.

Je l'ignore lui aussi et continue ma route.

Nous nous garons devant une vieille maison modeste. Une fois sur le perron, Jace donne deux coups à la porte.

- Qui est là ? demande une voix grave.

- C'est Éros.

La porte s'ouvre sur un vieil homme.